Lentement la récession gagne du terrain et le premier trimestre 2013 risque d’être extrêmement difficile. Ravagée durant une décennie par la réussite individuelle, le profit personnel, la privatisation génératrice d’inégalités flagrantes, la société française refuse obstinément de considérer que le salut passera exclusivement par une solidarité matérielle et morale active. La constitution de lobbies ou de corporations qui ont supplanté les partis et les syndicats accentuent cette disparition de l’intérêt général. On a instillé des poisons aux effets retard dévastateur dont le seul antidote reste l’éducation à la citoyenneté, c’est à dire une potion dont l’efficacité n’existe qu’après de longues années de travail et d maturation. Les 3° et 4° Républiques avaient au moins maintenu cette culture collective imparfaite mais moins dangereuse que ne l’est devenue la personnalisation de tous les efforts. Le « collectivisme » a été tué par les pratiques abusives et condamnables du « communisme » soviétique mais bien d’autres formes de partage solidaire des difficultés mériteraient d’être revalorisées.
L’impossibilité génétique d’engager de vrais débats politiques de fond à cause de la superficialité de la vie sociale axée sur les évolutions matérielles fait que nous continuons à avancer, poussés dans le dos, par une opinion dominante artificiellement créée, vers le précipice. Et justement la France qui fut le berceau des « Lumières » a accepté collectivement de subir plutôt qu’innover. Il n’y a aucun encouragement à modifier cette perte de dynamisme idéologique. On se contente de suivre les effets pervers de l’aseptisation culturelle au nom de l’efficacité et surtout sous la pression des « nécessités économiques ».
Dans absolument tous les domaines la seule référence est devenue financière au pays des inventeurs de l’Humanisme moderne ! Entre Bercy et La Sorbonne, entre la Bourse et le Parlement, entre l’obscurantisme des croyances et l’éclairage de la Raison les choix sont toujours dans le même sens avec chaque fois des considérations reposant sur la peur de contrarier, de déplaire, de soulever des oppositions reposant sur la préservations d’intérêts personnels. Inutile d’avoir une idée constructive puisqu’elle mourra étouffée par le jeu politicien ou par de pseudos conséquences financières à courte vue. On ne vit que dans la réaction mais absolument pas dans l’anticipation. On ne travaille que dans l’urgence mais jamais dans la prudence.
Toutes les études, toutes les prévisions concourent par exemple à démontrer que l’activité physique permettrait des économies considérables dans les dépenses de santé… Un trajet à vélo d’un quart d’heure matin et soir ou demi-heure de vélo ou de marche à pied par jour évitent 1 000 euros par an pour la personne qui s’y astreint à la sécurité sociale ! Moins d’énergie fossile, moins de pollution, moins de danger… mais refus catégorique de prendre en compte le vélo comme moyen de déplacement reconnu. Le club des villes et territoires cyclables a proposé des mesures simples, peu onéreuses, concrètes (déduction fiscale forfaitaire pour les entreprises mettant des flottes de vélos à disposition de leur personnel, indemnité kilométrique pour les salarié n’utilisant ni l’automobile, ni les transports collectifs pour le trajet domicile-travail, prise en charge des abonnements vélos en libre service comme c’est fait pour les cartes de transports collectifs…) mais en pure perte depuis trois ans. Rien n’y fait ! Rien n’avance ! L’innovation sociale fait peur quand elle ne suscite pas des quolibets ou des invectives !
La France accumule inexorablement du retard comme elle le fait dans le secteur de l’énergie ou dans celui des déchets, de l’eau ou de l’utilisation des pesticides… Chaque fois la même rengaine : on ne peut pas remettre en cause l’équilibre financier fragile des entreprises et on continue à reproduire les solutions que l’on sait pourtant catastrophiques à terme pour la collectivité. De temps à autres surgit dans le paysage social une poussée d’originalité souvent plus compliquée que celles qui sont sur le devant de la scène depuis très longtemps. On va donc financer sur le budget de la sécurité sociale… la pratique du vélo en salle alors que l’on vient à l’assemblée nationale de le refuser dans le projet de la loi des finances sur la sécurité sociale pour le vélo du trajet domicile-travail ! Ca c’est la France !
L’exercice physique, c’est bon pour la santé découvre-t-on. Et ce qui est bon pour la santé l’est aussi pour la Sécurité sociale. Aussi étonnant que cela puisse paraître, le sport pourrait donc bientôt être prescrit sur ordonnance médicale. Cette idée géniale vient de l’Académie de médecine et c’est autrement sérieux que le club des Villes et territoires cyclables portés par des élus… locaux sur la base des mêmes arguments ! Les bienfaits du sport sont nombreux : prévention du diabète, des maladies cardio-vasculaires, de la pression artérielle, augmentation de l’espérance de vie, amélioration de la santé mentale et du sommeil… mais pas dans le quotidien (chemin du bureau, de l’école, du collège ou du lycée par exemple) Alors que le ministère de la Santé doit établir dans les semaines à venir un plan en faveur de l’activité physique, le Dr Jacques Bazex de l’Académie de médecine propose que le sport fasse partie « des prescriptions au cabinet médical, au même titre que les antibiotiques, l’aspirine ou les antidépresseurs ». « En favorisant l’oxygénation des tissus, le sport améliore la fonction cardiovasculaire et pulmonaire, les muscles, le squelette, le système nerveux, le cerveau et les supports de l’immunité » commente-t-il. Le sport peut donc sauver des vies… en salle payante mais pas gratuitement sur les espaces dévolus à cet effet ! En France on achète du pétrole et on a des idées !
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Le sport, mais voyons, en allant au boulot, quel inconfort, quelle perte de temps, et le temps, c’est de l’argent. Le sport, le vélo, la marche, c’est bon pour les loisirs avec des installations adéquates. Court terme, c’est toujours le court terme qui l’emporte, comme si le salut de la société était dans « tout de suite et maintenant ». Il faudra beaucoup de souffle pour sortir de la récession, lentement. Nous attendons des orientations sur du long terme, même si ces orientations nécessitent quelques « sacrifices » . Un effort d’imagination de courage ! et fi des sondages et autres « faut plaire maintenant ».
bonjour,
aujourd’hui on ne trouve pas d’étude Française sur le coût des accidents liés à l’activité sportive. Seuls les Anglo-saxons se sont posés la question du coût caché derrière la bonne idée » tous aux sports ». En France cette question ne semble pas se poser, pourtant l’essentiel des sorties des pompiers le dimanche y est consacré. Votre suggestion concernant le trajet domicile/ travail en utilisant la force humaine ( vélo ou marche) est sans doute une meilleure solution, si le trajet représente moins de 15 minutes par trajet. De la même manière NOUS devrions passer à ce « tamis » TOUS nos déplacements qui ne nécessitent pas le transports d’objets lourds ou encombrants. De cette manière, les trente minutes par jour d’activités physiques seraient accomplis sans bourse déliée. De cette manière, les rues seraient moins encombrées de véhicules bruyants et polluants. De cette manière, des milliers de barils de pétrole ne seraient plus importés chaque année. De cette manière les enfants retrouveraient les joies du chemin de l’école. De cette manière…
Au fond ce n’est peut être pas une bonne idée, les « aubainopportunistes » ont plein de pognon à se faire sur le dos de la collectivité et l’état plein de taxes à encaisser.
Pour ma part je vous laisse, je vais essayer de faire mes 10 000 pas par jour…
bon dimanche
Si j’en juge à leur tour de taille et à leur allure grassoulliette, peu d’hommes politiques sont adeptes du sport sauf quand ils ont des places gratuites au stade.
Mais le lancer de pavés et la course avec les CRS aux fesses, c’est aussi du sport…
« on ne travaille que dans la réaction mais absolument pas dans l’anticipation…on ne travaille que dans l’urgence mais jamais dans la prudence »….. voila une excéllente explication entre autre au désastre économique que nous subissons ….et cette explication est valable partout dans tous les domaines……..gouverner c’est prévoir….. malheureusement nos gouvernants n’ont pas fait grand chose dans ce sens….. pourtant le premier « choc pétrolier « de 1973 avait donné un signal pour peut-être comprendre qu’il faudrait consommer…vivre autrement……mais non tout a été organisé ..imposé aux populations…..surconsommation de tout et n’importe quoi le résultat de cela….misère et pollution….. les premiers » sdf » les restaurants du coeur sont apparus dans les années1980 et malheureusement sont toujours là……… ».mieux vaut prévenir que guérir » c’est peut-être un peu simplet de dire cela …mais ……….
je rectifie : « on ne vit que dans la réaction………..
@ Suzanne Marvin
Vous voulez certainement parler des sans-abris. Parce que les SDF existaient déjà bien avant les années 80. Mais on ne les désignait pas sous ce vocable, on les appelait des clochards. Et plus avant des vagabonds. Et encore plus avant, des chemineaux.
Les sans-abris existaient aussi bien avant 1980 : souvenez vous la croisade de l’abbé Pierre suite à l’hiver 1954.
@cubitus des clochards, des vagabonds , malheureusement il y en a toujours eu…. je connais aussi le terrible hiver1954 mais je me souviens aussi de persones qui n’étaient ni des vagabons ni des clochards et qui se sont retrouvés à la rue aprés la perte de leur emploi …et c’est dans ces années 80 que l’on a commencé à parler des « nouveaux pauvres »…..
Merci M. Darmian pour le rappel de ces évidences. Et un grand merci à l’élu que vous êtes de défendre vos points de vue qui sont les miens dans les différentes assemblées que vous fréquentez. Moi-même, depuis dix ans, j’ai tenté avec mes pauvres moyens de concourir à la promotion du vélo : je n’ai plus de voiture voilà plusieurs années consécutives. Quand je croyais que cette pratique sportive quotidienne m’apporterait aussi du mieux être, j’ai dû me rendre à l’évidence que ce que je croyais relever d’un choix prioritairement écologique s’était transformé en nécessité économique : le vélo c’est pour les pauvres, je peux le confirmer. Et de plus en plus, le sentiment d’en avoir ras le bol d’avoir froid et de me mouiller m’envahit surtout quand je croise grosses cylindrées ou semi-remorques.
J’ai adhéré à cette pratique quotidienne par envie et je me retrouve à l’utiliser par besoin. Ce qui ne remet pas en cause l’attrait spontané que je garde pour les ballades à vélo. Mais la question qui se pose alors est : comment nourrir l’expression de la responsabilité citoyenne si, comme vous le dîtes justement, seule « la superficialité de la vie sociale axée sur les évolutions matérielles » est valorisée ?
Et pour tenter d’être tout-à-fait comprise, je ne suis pas pour l’élimination totale de l’usage de la voiture. Cette invention technique nous rend toujours grandement service. Et j’aimerais beaucoup investir dans un véhicule qui fonctionne avec d’autres énergies que celles fossiles ou électriques. Mais le développement de la recherche et de ses applications civiles est malheureusement lent et peu soutenu en France. Je pense au véhicule à air comprimé notamment dont je vous communique ci-après le résultat d’une recherche sommaire d’informations à ce sujet.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Voiture_%C3%A0_air_comprim%C3%A9
http://www.google.fr/search?q=voiture+%C3%A0+air+comprim%C3%A9&hl=fr&client=firefox-a&hs=nDL&rls=org.mozilla:fr:official&prmd=imvns&tbm=isch&tbo=u&source=univ&sa=X&ei=zJSXULCpFuag0QWmq4CgCg&ved=0CD4QsAQ&biw=1131&bih=737&sei=75SXUOOwF-m90QXdrYGoBg
Bien cordialement
Noëlle SANZ