La pédagogie politique reste le fondement de la réussite !

Je suis de ceux qui se sont demandés à quoi pouvait rimer un Congrès du Parti socialiste en cette période durant laquelle les fondements même de la politique gouvernementale était chancelants. D’abord il était possible que la grand messe ait été conçue pour servir d’exutoire aux mécontentements éventuels de quelques penseurs d’autant plus sévères qu’on ne les a pas retenu comme pouvant être, dans leur spécialité, des « sauveurs » potentiels. En fait c’était sûrement pour permettre d’illustrer ce propos de Jules Claretie : « Tout homme qui dirige, qui fait quelque chose, a contre lui ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui font précisément le contraire et surtout la grande armée des gens d’autant plus sévère qu’ils ne font rien du tout ». Et c’est dans cette situation que permettre à ces gens là de discourir pouvait être salutaire… En fait il n’en a rien été car ils n’ont pas pris le risque de vanter leurs mérites devant le peuple des militants et des élus rassemblés et en dehors de Gérard Filoche, tout le monde a fait dans les sous-entendus ou la perfidie contenue. L’unité n’a reposé que sur des équilibres internes, des accords de couloirs et des consignes collectives. En fait le Congrès a servi d’alibi interne alors que tout se déroule à l’extérieur. On a cherché à se rassurer en se rassemblant dans une environnement connu sous le feu de l’ennemi

Ensuite il était envisageable que cet élan démocratique fasse remonter des idées neuves de la base mais comme aucune personne réellement en dehors du sérail s’exprime en pareilles circonstances on en est resté à des propos convenus d’avance et surtout destiné à mobiliser des clans personnels comme ce fut le cas dans nombre de sections. Le local, le quotidien, la proximité n’intéressent que rarement les rédacteurs des motions qui enfilent les théories comme le ferait une Tahitienne avec de superbes coquillages pour construire un collier pour touristes.

Enfin il restait pour moi un espoir que le congrès serve exclusivement à mobiliser l’appareil du parti pour justement passer à l’offensive sur le terrain, au plus près des gens, dans les villes, les communes, les quartiers pour ouvrir le débat sur les réalités du pays. D’autres appellent cette démarche depuis quelques heures une démarche « pédagogique ». Un gros mot dans la société actuelle car la « pédagogie » technique d’enseignement n’a plus l’heur de plaire. Les militants laissent le soin aux… médias de faire cette part de la citoyenneté, ce qu’ils ne font pas et qu’au contraire ils combattent farouchement en expliquant que ce n’est pas leur rôle !

Le Congrès fini, les langues se délient. Surtout celles des gens qui comptent et qui estiment que leur savoir-faire a été négligé. François Rebsamen, Gérard Collomb, André Vallini, Ségolène Royal, Jean-Christophe Cambadélis…ouvrent un débat de fond alors que dans les sections ont s’est souvent contenté de compter des bulletins de vote liés à des textes dont le taux de lecture avoisinait les 4 ou 5 % . Comme ils ne se sentent pas liés par le pacte « sauvons le soldat Ayrault ils s’autorisent à se lâcher quelques vérités dans les médias. Et bizarrement ils tiennent tous le même discours : accélérer le rythme des réformes et faire davantage de pédagogie. Rien n’est anticipé. Les coups pleuvent et on est incapable d’en rendre un seul au prétexte que l’agressivité est mal vue. On explique pas en amont et on ne réplique pas a postériori ! Autant dire que plus aucune crédibilité locale, au plus près n’est accordée à des décisions pourtant courageuses. Le Maire de Lyon estime à juste titre qu’il y a un « problème  de lisibilité », « de ligne et de pédagogie » (tiens donc il serait rétro cet homme là) et il demande au gouvernement d’être plus clair, plus simple, plus incisif ». Bien évidemment Ségolène Royal y est allé de ses conseils : « fixer un cap clair »,  de « donner du sens à son action », « engager « des réformes de structures » pour nourrir le « rêve » promis. Cambadélis n’est pas en reste en annonçant le lancement d’une pétition nationale sur le droit de vote des étrangers. Il n’a pas tort car c’est le meilleur moyen de contourner l’obstacle et d’arriver à légitimer la position. Encore faut-il que les militants se mouillent et agissent en ce sens ! Expliquer… expliquer à l’extérieur du PS et pas se contenter de pérorer à l’intérieur. Multiplier les « rencontres citoyennes », les « carrefours du partage citoyens », se considérer comme en campagne électorale et occuper le terrain plutôt que de se lamenter sur le fait qu’il est occupé par les autres.

Est arrivé sur la scène le Président du groupe socialiste au sénat François Rebsamen qui lui est explicite : de la pédagogie, de la pédagogie encore et toujours de la pédagogie ! Quel ringard cet homme là. Il n’a rien compris à la vie politique. « Mon cri d’alarme, c’est de dire à mes amis socialistes, à tous les ministres : faites de la pédagogie (…) Expliquez aux Français, sinon ils ne comprennent pas pourquoi, comme ça, d’un seul coup, ils sont obligés de subir tous ces impôts, même si ces impôts frappent d’abord les plus privilégiés » ; Et le premier des socialistes, celui qui occupe l4elysée doit donner l’exemple, sortir de son splendide isolement zen pour monter au créneau : « ça serait bien qu’il s’adresse directement aux Français pour leur dire pourquoi on leur demande ces efforts » explique Rebsamen. Faire de la pédagogie et expliquer l’action du gouvernement, c’est aussi l’une des principales missions du Parti socialiste, comme le rappelle régulièrement Harlem Désir. Tout le monde est donc d’accord… il n’y a plus qu’à créer des « écoles normales socialistes » pour réapprendre que la pédagogie est un acte militant ! Encore faut-il avoir le courage de le dire car ce n’est guère « tendance » ou « courant » !

Ce champ est nécessaire.

En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Cet article a 5 commentaires

  1. Gilbert SOULET

    Bonjour à tous et encore bravo cher Jean-Marie :
    … et en dehors de Gérard Filoche, tout le monde a fait dans les sous-entendus …
    Tout est résumé !

    Au Parti Socialiste, il ne doit pas y avoir que des adhérents disciplinés, mais avant tout des militants du socialisme qui le crieent haut et fort à ceux qui dirigent notre Pays, dans les deux hémicycles, à la tête des 20 Régions sur 22, à celle des Conseils Généraux et des Communes de France … et non l’inverse.
    Très fraternellement,

    Gilbert de Pertuis, Porte du Luberon

  2. Nadine Bompart

    Je ne pense pas que l’on apprenne la pédagogie à l’ENA. Et comme ils en viennent tous…. Une caste formée, formatée même, pour être une caste dirigeante ne voit pas l’intérêt de s’abaisser à expliquer son action…
    À quand des politiques profs de philo, et non plus ces économico-administratifs!!!!

  3. Bonjour,
    personnellement le doute m’assaille à la lecture de l’article du Point.
    Il n’y a pas qu’en France que les doutes s’accumulent sur la stratégie de François Hollande. Les Allemands commencent eux aussi à se demander s’il y a un pilote dans l’avion. Le très populaire quotidien Bild n’y va pas par quatre chemins. Le journal à plus gros tirage de la presse allemande se demandait mercredi : « La France sera-t-elle la nouvelle Grèce ? » L’article assène que la France est « en chute libre » et que « le président nouvellement élu, François Hollande, ne réagit pas ». C’est notamment l’ancien chancelier Gerhard Schröder qui a inspiré le journaliste Nikolaus Blome, auteur de l’article. »Les promesses de campagne du président français vont voler en éclats face à la situation économique », a lâché Gerhard Schröder, pourtant social-démocrate.
    c’est bien simple nous sommes dans la nasse et l’agence Moody’s est déterminée à refermer la trappe en remettant en cause la notation de notre pays. Le refinancement aux taux très bas que nous connaissons prendrait fin.
    La pédagogie consistera alors à convaincre les Français de faire encore de nouveaux sacrifices.
    Bonne journée

  4. Cubitus

    Un congrès politique, c’est comme les Victoires de la Musique: on se félicite même si on se déteste en privé, on s’autocongratule, on délivre des satisfecits, on attribue des blâmes, on réduit les francs tireurs au silence,on honnit l’ennemi (les pirates dans le cas de la musique), tout cela sous le haut patronage bienveillant du chef vénéré, le grand producteur.
    Bref, on amuse la galerie.

  5. Monnerie

    Pour moi la pédagogie n’est pas tout meme si je suis d’accord avec des écoles normales socialistes…
    Par contre je pense que pour aller plus avant il faut mixer le public et le privé
    pour aboutir à un statut de l’élu intelligent, en clair que une personne travaillant dans le privé puisse concilier activité politique à un niveau important
    et activité professionnelle.
    Eh oui le privé a bcp à apporter aux élus surtout pour l’économie et la macro économie c’est ce qu’il faut expliquer aux Français!!!!!

Laisser un commentaire