La terrible insuffisance du logement en France!

Il ne se passe pas une seule journée sans qu’une sollicitation pour l’obtention d’un logement, d’abord social, arrive sur mon bureau. Une affreuse pénurie se prépare avec encore une fois, cet hiver, des milliers de gens en situation de précarité absolue. On s’entasse, dès que la famille se décompose, dans le logement des parents. On se fait héberger par des amis, par des proches, pour attendre une solution miracle qui n’arrive pas. Enfin, quand il n’existe aucune opportunité de solidarité, il n’y a plus que la rue. Toutes les situations sont dramatiques et franchement il faut avoir un moral d’acier pour encaisser les chocs successifs de ces demandes désespérées. Hier, une jeune femme qui dormait dans son automobile avant de coucher sous le porche de la Mairie, réclamait un logement… alors qu’elle n’a aucune ressource, aucun travail et qu’elle refuse d’aller dans une quelconque structure collective. Tous les efforts de l’adjoint chargé du CCAS ont été vains, et elle a quitté les lieux en claquant la porte… Que proposer ? Que faire ? Qui alerter ? Dans une ville de la taille de Créon, il est en effet impossible de remettre à flots des personnes dans une situation aussi désespérée.

Ce matin, j’ai reçu une ancienne élève ayant quitté sous la contrainte le domicile conjugal, avec un fils en recherche d’un contrat d’alternance. Logée chez ses parents, elle tente par tous les moyens de dénicher un T4 sur l’agglomération bordelaise. Sans ressources elle ne peut prétendre à une location privée tellement les propriétaires s’avèrent exigeants. Les déclarations, les décrets, les circulaires n’y peuvent rien. La fameuse loi DALO est inappliquée, car inapplicable dans le secteur marchand. Avant le 31 décembre, il lui faut pourtant trouver une solution ! Que puis-je faire ? Que dois-je faire ? Que lui répondre ? Terrible quand on connaît la personne qui mérite la confiance et la solidarité, mais que la société considère comme dangereuse financièrement et malhonnête ! Les courriers que je vais adresser rejoindront la pile des centaines adressés chaque mois aux organismes HLM. La pénurie est telle que les réponses automatisées de refus sont déjà prêtes !

Il y a quelques heures, un mail d’un vieil ami au grand cœur. Le voici, car il ressemble à un SOS qui sera aussi efficace que celui émis pas le Titanic. « Bonjour. Un petit mot pour demander un coup de main. Depuis le 22 octobre, nous hébergeons une famille russe d’origine arménienne (Arthur et Anna BALAYAN et leurs enfants Hélène 3 ans et David 9 mois). Ils vivaient dans un foyer du CADA à Villenave d’Ornon mais, le statut de réfugié politique leur ayant été refusé, ils ont dû le quitter. La petite Hélène est scolarisée dans l’ancienne école maternelle de Stéphanie et quand nous avons appris qu’ils dormaient dans leur voiture, nous leur avons proposé une chambre. Si j’ai bien compris, Arthur a une carte de séjour provisoire et ils sont en attente d’une adresse afin d’obtenir une carte de séjour définitive. Anna travaillait comme femme de ménage dans un hôtel mais elle a dû laisser cet emploi quand leur demande de réfugié politique a été refusée ; elle a refait une demande de régularisation par le travail et humanitaire. Ils ont la CMU. Ils sont à la recherche d’un logement ; ils ont peut-être une solution dans un squat mais c’est très aléatoire. Si vous avez connaissance d’un logement disponible ou d’une piste de recherche, merci de m’en informer afin qu’on puisse leur proposer (…) » Alors, que répondre à cet appel au secours ? Qui va se mouiller sur un dossier de ce type ? Qui va prendre en compte une telle situation ?

A cinq jours de la trêve hivernale, la ministre du Logement n’a pas exclu de mettre en œuvre la réquisition de logements vacants, après avoir reçu des associations défendant les sans logis, notamment le DAL (Droit au Logement). Elle effectue une annonce : « S’il est nécessaire, je ferai appel à l’ensemble des moyens disponibles, la réquisition fait partie de cette panoplie. Elle a déjà existé, elle a été mise en œuvre notamment lorsque Jacques Chirac était président de la République, parce que la crise était particulièrement difficile, chacun s’en souvient », a-t-elle déclaré. « Elle peut faire partie des dispositions à mettre en oeuvre », a-t-elle rappelé ! La possibilité de réquisition de logements vacants est prévue dans une ordonnance du 11 octobre 1945 promulguée pour lutter contre la crise du logement. Elle a été abondamment employée jusque dans les années 60, au cours desquelles plus de 100.000 arrêtés de réquisition ont été pris. Mais la dernière vague de réquisitions date de 1995/96, après l’occupation emblématique d’un immeuble rue du Dragon, dans le centre de Paris. Le gouvernement avait réquisitionné environ 1.000 logements dans la capitale, appartenant à des banques et des compagnies d’assurance.

« Nous appelons le gouvernement à sortir d’une certaine forme d’inertie et nous demandons à la ministre du Logement de lancer la réquisition des logements laissés vacants, très souvent pour des motifs de spéculation », avait déclaré à la presse le responsable du Dal qui a cité des chiffres désastreux de l’INSEE évaluant à 2,39 millions le nombre de logements et locaux vacants en 2011 en France. On attend patiemment qu’il fasse très froid pour enfin rechercher une solution. En mettant de la mauvaise volonté, on peut même espérer tenir jusqu’aux beaux jours de 2013 !

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Cet article a 2 commentaires

  1. Bonjour,
    En écho à votre billet, voici l’appel citoyen de la communauté Emmaus indignée par la situation dramatique de plus de 60 réfugiés Kosovar survivant dans des garages sans eau, sans chauffage et sans électricité.Des femmes et des enfants survivent dans ces conditions plus que précaires.

    Emmaüs Servas-Bourg En Bresse
    RENCONTRE CITOYENNE
    Demandeurs d’asile, citoyens français, étrangers,
    avec toit, sans toit,
    mais ensemble
    retrouvons-nous
    SAMEDI 27 OCTOBRE
    entre 17h et 19h
    place de l’hôtel de ville
    à Bourg-en-Bresse
    parce que la dignité, la fraternité et la solidarité ont un sens
    => Assiette chaude à-la-bonne-franquette, musique joyeuse et de récup, discussions et rencontres
    des dizaines d’adultes, d’enfants, de personnes agées, s’entassent dans des garages du centre-ville sans eau ni électricité, demandeurs d’asile, … êtres humains à la rue !
    Comment est-ce possible ?

    Emigration des kosovars quelques points de repère:
    Au 3 octobre 2012, 92 des 193 pays membres de l’ONU reconnaissent l’indépendance du Kosovo. Le Kosovo n’est reconnu ni par l’ONU (ce qui nécessiterait la reconnaissance de la majorité des États membres de l’ONU), ni par l’Union européenne en raison de l’opposition de plusieurs de ses membres.L’activité économique du Kosovo est faible avec un PIB par habitant proche des pays les plus pauvres de la planète ; en Europe il est comparable à celui de l’Albanie, de la Moldavie et de la Macédoine (nettement inférieur à 1 000 dollars). En 2012, 12 % de la population du Kosovo vit avec moins d’un euro par jour et officiellement 48 % de la population est au chômage.le Kosovo reste un foyer et un centre pour les activités du crime organisé, d’après un rapport de la Commission européenne de 2009.Depuis le début de la Grande Récession en 2008, dont le centre s’est déplacé vers l’Europe, l’État kosovar souffre lourdement de difficultés à trouver des financements, mais aussi à rentabiliser les investissements et dépôts réalisés auprès des banques étrangères et normalement utilisés pour garantir la solvabilité de ses emprunts. Il peine par ailleurs du fait du ralentissement mondial de l’activité (surtout avec les pays européens voisins eux aussi en difficulté, qui constituent pourtant son principal débouché commercial) et de sa forte dépendance énergétique qui se facture entièrement en devises étrangères. Enfin les apports de devises par les populations kosovar émigrées se sont raréfiés.
    En bref, la crise économique pousse vers notre Pays (qui a reconnu son l’indépendance) les Kosovars dans la misère. Ne pas les aider c’est un crime contre nos principes Républicains. Les aider c’est les encourager à émigrer vers la France… En reprenant les mots de votre billet « Alors, que répondre à cet appel au secours ? Qui va se mouiller sur un dossier de ce type ? Qui va prendre en compte une telle situation ? »
    Et la réponse c’est: les associations charitatives, à bout de souffle, qui portent à bout de bras toute cette misère inhumaine! Et la question suivante pour combien de temps encore?
    Avec mes excuses pour la longueur de mon commentaires,
    Salutations citoyennes

  2. Nadine Bompart

    Et pendant ce temps-là, mon pays meure faute d’habitants….

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