Désormais le mal est fait : la France doute des capacités de François Hollande à tenir le cap dans la tempête. Le plus extraordinaire, c’est qu’il n’en porte pas la responsabilité, mais il doit en assumer les conséquences. Ne pas l’admettre, c’est jouer aux trois singes et se contenter des apparences. Cinq mois après son entrée à l’Élysée, les Français ne sont plus que 41 % à approuver son action si l’on se fie aux sondages, contre 47 % il y a un mois, 56 % en juillet et 63 % en juin. La dégringolade est constante et elle reflète une altération de son image. Ils ne parviennent pas à croire qu’il soit en mesure de faire face à la crise socio-économique actuelle, alors que les annonces de plans sociaux se multiplient, que la priorité donnée à la réduction des déficits publics va peser sur la fiscalité des ménages et des entreprises, et que les mesures promises pour améliorer la compétitivité tardent à venir. En définitive, le déficit en matière de confiance vient simplement des apparences, car si l’on pousse un brin l’analyse, on constate que chaque pas en avant qu’il effectue est effacé par deux pas en arrière liés à une bévue ministérielle… Mieux, on a le sentiment que le gouvernement, aux égos démesurés, joue en permanence des cartes personnelles contre celui qui les a nommés.
Une cacophonie qui vient de gens qui ne se sentent plus dans les ors de la République ! La popularité de Jean-Marc Ayrault baisse également (49 % approuvent son action, contre 68 % en juin), même si elle reste supérieure à celle de François Hollande. De plus en plus critiqué jusque dans les rangs de la majorité pour ses difficultés à s’imposer dans le débat politique et la prise de décision, il se révèle un combattant fragile et inexpérimenté. Les déclarations intempestives de certains dénotent soit une absence totale de sens de la solidarité, soit une propension à se tailler une notoriété personnelle au détriment du gouvernement. Vincent Peillon vient d’illustrer de manière éclatante cette situation préoccupante. En aucune manière sa déclaration sur le cannabis n’estompe son travail intéressant dans le secteur de l’Éducation, il n’empêche qu’elle sape fortement, une fois encore, l’image de ceux qui ont en charge les affaires de la France. Quel que soit le bien-fondé de sa déclaration, elle est inopportune au possible, et il aurait eu plus de talent en la fermant qu’en l’ouvrant ! D’autant que sur les rythmes scolaires, il se prépare une sacrée pagaille, en raison de la perte de l’objectif initial !
Fin août, le Premier des Ministres avait dû rappeler à l’ordre son ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg : celui-ci avait affirmé que le nucléaire était une « filière d’avenir », alors que le gouvernement prévoit de réduire l’énergie produite par le nucléaire de 75 à 50 %. Allez, un pavé dans une mare déjà bien troublée par d’autres propos décalés ! En septembre, Jean-Marc Ayrault avait appelé à la discrétion Arnaud Montebourg et le ministre de l’Économie Pierre Moscovici, qui s’écharpaient sur le choix de la banque chargée de conseiller le gouvernement sur une future banque publique d’investissement. Et on a eu droit aux déclarations fracassantes de Cécile Duflot qui elle aussi avait laissé traîner quelques opinions personnelles sur le cannabis. En fait, il n’y a aucune cohérence dans la communication, aucun respect des consignes collectives et mieux encore, aucune véritable retenue !
La majorité parlementaire avance en ordre dispersé sur des sujets importants et déclare même parfois qu’elle va faire la peau aux textes gouvernementaux… déjà bien compliqués à instiller dans l’opinion publique. La sortie de Peillon, dans ce contexte, constitue non pas une erreur, mais bel et bien une faute politique grave ! La Droite jubile, car n’ayant rien à proposer de concret, elle se contente d’exploiter les défaillances immatures du camp socialiste. Ayrault, déjà mal en point, doit en permanence jouer au pompier… et éteindre des incendies subalternes. Il recule en permanence sur tous les fronts, afin d’éviter une impopularité qui vient de toutes manières, sur la base de ces retraites successives. Il a ainsi été contraint de rappeler Peillon à l’ordre, de lui donner un avertissement comme à tous les autres, mais sans effet car il y a fort à parier que les lézardes continueront à s’ouvrir dans le rempart devant protéger Hollande ! Il a eu beau évoquer la « charte de déontologie » visant entre autres à éviter la diffusion d’opinions sur un sujet tranché par le chef d’État, il ne parvient plus à maîtriser ces expressions individuelles. Parmi tous les cracks gouvernementaux, un seul n’a pas franchi la ligne blanche : Laurent Fabius ! Il a payé trop cher et il paie encore trop cher l’absence de solidarité gouvernementale pour se laisser aller à un débordement quelconque !
En fait, pour exister en politique, il faut obligatoirement préférer les positions personnelles outrancières aux profils pédagogiques raisonnables n’ayant aucun intérêt médiatique. C’est maintenant la loi de la vie politique ! Le Premier Ministre s’égosille à rappeler que la discussion entre ministres doit avoir lieu « au sein du Conseil des ministres », les effets sont minimes.. « C’est un rappel que je fais à chacun. Si cela devait continuer (…), chacun devra prendre ses responsabilités. C’est clair, c’est net » ; c’est beau, mais inutile car on ne se débarrasse pas facilement des stratégies que l’on a appliquées durant son parcours politique antérieur : chacun pour soi avec, à la clé, une place de choix ! Hollande, là, au milieu, devient inaudible car il est trop raisonnable et sa fonction l’y contraint. Alors il lui sera extrêmement difficile de remonter la pente. Mais encore une fois je serai accusé d’être un social traître…
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le bateau est dans la tempête…..espérons que le capitaine est compétent pour redresser la barre…..et prendre le bon cap…. mais il faut de la discipline parmi l’équipage sinon c’est le naufrage……..le » radeau de la méduse »….
Ayrault lui même y va de sa petite initiative personnelle en acceptant de discuter avec l’opportuniste président du CRAN sur l’indemnisation financière de l’esclavage, initiative aussitôt rejetée par Hollande.
La communication et l’unité passent très mal semble t’il au sein du gouvernement. Une sévère mise au pas s’impose au risque de perdre la crédibilité. La chute d’Hollande dans les sondages est due pour la plus grande part à ses ministres francs tireurs inconséquents. Les électeurs de gauche s’inquiètent, ceux de droite se marrent.
. : je ne crois pas que les électeurs de droite se »marrent »il faut les séparer des ‘élites ump » parisiens, hollande n’a pas été élu qu’avec des électeurs socialistes, les travailleurs de droite de gauche, ont un même intérêt :que la france réussisse a se sortir de cette crise. économique……..c’est une bataille qu’il faut mener ensemble ….mais nos politiciens élus de tout bord ne donne pas l’exemple malheureusement pour notre pays. espérons que le bon sens gagnera…….
D’accord avec toi, Cubitus….il faut avoir le socialisme bien accroché pour ne pas « critiquer », et continuer à montrer un visage convaincu pour défendre ce qui restera, envers et contre tout, notre idéal. Mais il faut aussi faire preuve d’indulgence à l’égard de ces « jeunes » qui manquent d’expérience du pouvoir, mais ont pour eux leur grande sincérité !
Cette « discussion » m’étonne. Vous voilà dissertant sur ce que montent en épingle les médias. Mais les lézardes, d’où viennent-elles, sinon du contenu des orientations de ce parti autrefois « socialiste » et qui a perdu ses valeurs?Il n’a plus de principes! Les lois de droite auxquelles on ne touche pas, un traité Sarkozy-Merkel que la majorité de gauche approuve en mêlant ses voix à celles de l’UMP, pour cause de soumission aveugle à l’Union européenne, un budget d’austérité qui va s’abattre sur les salariés, etc… J’ai failli oublier cette réforme territoriale, loi votée par l’UMP, que ni sénateurs ni députés ne veulent abroger. Voir les déclarations de Rousset, anti-jacobin par excellence. C’est cela hélas la triste réalité de cette « majorité ». Je ne m’en sens pas…
J e suis assez d’accord avec Sylvain, Il me semble que le candidat a été élu sur des propositions, qu’il s’est engagé fermement à les mettre en place. Je pense qu’il doit donner l’exemple et faire ce qu’il a dit, respecter sa feuille de route. La ligne de conduite serait tracée et les ministres, même si certains ont des ego surdimensionnés, seraient plus enclins à mettre en place chacun dans leur secteur les propositions.