La lessiveuse suisse tourne à plein régime…

Le système médiatique s’emballe autour d’un système très répandu de blanchissement d’argent qui a conduit une adjointe au maire de Paris à se mettre au vert. L’événement n’en est un que parce que l’origine des fonds choque les moralistes, mais si les liasses de billets avaient une autre origine, donnerait-on autant d’importance à des faits très classiques. Quinze policiers auraient permis de mettre au jour 1,5 millions d’euros en liquide (sur les 40 soupçonnés d’avoir été blanchis lors des cinq derniers mois), dans les coffres des mis en examen. Sept personnes, plus directement liées aux trafics, ont été incarcérées. Les autres, les « notables » – parmi lesquels un avocat, un dentiste, un entrepreneur corse et un marchand d‘art – ont été placés sous contrôle judiciaire, moyennant de substantielles cautions.

Tous les gens offusqués ne se se préoccupent plus trop des valises ayant circulé entre le Moyen-Orient et la France, les fonds blanchis en provenance du porte-feuille sans fond de Mme et M. Bettencourt, des millions venus de la Françafrique et ayant alimenté des comptes célèbres… A-t-on mis 15 policiers sur chacune de ces affaires ? L’argent du pétrole, des banques nationales ou de commissions réputées occultes sont beaucoup plus difficiles à détecter, à moins que tous les moyens ne soient pas mis en œuvre pour les mettre à jour.

Une affaire qui arrange tout le monde

« Leur système est sophistiqué » a doctement expliqué un enquêteur… en parlant des circuits vers la Suisse. On veut bien le croire, même si les coffres-forts étaient tout de même bien remplis et si rien n’était vraiment planqué dans les jardins ! « Un énorme coup de filet », dans lequel on ne trouve en fait qu’un élue parisienne livrée à la vindicte publique… car, pour le reste, on demeure encore discret. Il faut attendre la publication des photos et des pedigrees des autres mis en examen pour véritablement se faire une idée de la réalité de cette affaire. Attendons quelques jours pour connaître vraiment les tenants et les aboutissants d’un réseau comme il en existe tant d’autres en France et en Europe. Là, on blanchit de l’argent « sale », ce qui est logique, mais il arrive aussi qu’on le fasse pour de l’argent « noir », simplement issu d’activités en façade licites mais rémunérées en liquide ou oublieuses de la TVA. Des milliards s’évaporent dans la nature… sans que l’on cherche véritablement, faute de moyens humains, à les traquer. C’est désormais un sport très répandu dans les milieux aisés.

Cette affaire est du pain médiatique parfait : milieu politique (une personne suffit !), milieu artistique (galerie d’arts) , avocats, architectes, trafiquants de haut niveau, banquiers peu regardants…, et le résultat est à la hauteur des espoirs. Il faut pourtant attendre la suite : le bouclage des dossiers Bettencourt, des sondages de l’Élysée, de l’attentat de Karachi, pour croire en la justice tellement pressée. Beaucoup des gens qui vont sortir du chapeau médiatique ne faisaient qu’échapper aux règles républicaines en matière de fiscalité… et ont été probablement piégées. Tant pis, il faut désormais assumer ! Mais rassurez-vous, ils ne risquent pas grand chose, car ces situations se règlent souvent par des transactions financières occultes et quelques arrangements avec un fisc qui cherche avant tout à se faire payer !

Un système parfaitement rôdé

En fait, le seul véritable problème c’est de savoir combien de filières aussi complexes échappent à l’œil avisé des services de l’État, par manque de moyens ? Le système connu, mais très sophistiqué, nécessite en effet des surveillances et des investigations complexes, même si le principe en est simple. Toujours à la source, un établissement financier ! Les banques suisses ont ce qu’elles appellent des « commis-voyageurs » qui passent la frontière avec une mallette contenant les fonds de leurs clients. C’est de la fraude fiscale officielle, mais qui n’intéresse pas nécessairement les services de la police ! Cette pratique, aussi vieille que le monde du profit, peut également être utilisée pour blanchir de l’argent. Comment ? Quand un client demande des fonds à sa banque à Genève ou ailleiurs, ce n’est pas son argent qu’on lui apporte, mais celui de la drogue, et il ne le sait pas toujours. Son compte est ensuite débité, puis l’argent passe par des comptes intermédiaires et se retrouve à Londres, d’où il est « reventilé » au profit des trafiquants de drogue. Ces filières n’ont rien d’exceptionnel. Il suffit de trouver des pigeons ayant des fonds planqués dans un paradis fiscal quelconque et de profiter d’une envie brutale de les faire revenir au bercail pour payer des dépenses au black !

A un bout de la chaîne du trafic se trouvent donc des « délinquants en col blanc », dont plusieurs figurent parmi les 17 personnes mises en examen pour blanchiment à Paris. Mais « il est certain qu’il reste d’autres personnes, avec ce profil, à interpeller », a indiqué une source policière, sans estimer leur nombre car c’est terriblement répandu, et pas seulement au départ de la Suisse ! Avec l’Arménie, avec l’Ouzbékistan, avec bien d’autres pays au départ des rives du La Léman, des centaines de millions ont été considérés, au cours de ces seules dernières semaines, comme suspects et ont été bloqués. Le blanchiment reste une ressource chez les Helvètes, mais aussi dans bien d’autres pays… et il faut admettre qu’il y aurait des réseaux encore plus importants à démanteler.

Des fraudes massives

Qui se soucie des rapports sur ce sujet ? Les travaux menés cette année par le Conseil des prélèvements obligatoires permettent de mettre au jour de nouvelles tendances concernant les entreprises : au-delà des secteurs dans lesquels le travail au noir est une pratique courante (agriculture, bâtiment et travaux publics, hôtels-cafés-restaurants, spectacle), le rapport souligne le développement de la fausse sous-traitance et de la sous-déclaration d’activité dans le petit commerce, le déménagement, le transport routier et les services (nettoyage, sécurité gardiennage, assistance informatique). Les fraudes s’internationalisent, ajoute l’institution, en soulignant « la création de coquilles vides dans un pays à fiscalité privilégiée », « la délocalisation de bases de taxe professionnelle », « la diminution des plus-values par le recours à des sociétés étrangères interposées » ou encore la hausse sensible du nombre de travailleurs, détachés dans le cadre de « prestations de services transnationales ». Il serait peut-être intéressant que le Projet de Loi de finances s’intéresse à ces réalités, dont on ne risque pas de parler dans les médias qui comptent !

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Cet article a 6 commentaires

  1. PIETRI Annie

    Et comment le Ministère des Finances espère-t-il mettre un terme à ces pratiques, et autres fraudes fiscales, si, comme vient de l’annoncer le Ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, ce soir sur BFM TV dont il était l’invité, il s’apprête à réduire le nombre des fonctionnaires des impôts dès l’année prochaine….
    Pour avoir servi pendant 40 ans dans cette honorable maison, je peux vous dire que depuis longtemps le nombre de ces fonctionnaires est insuffisant, et qu’ils ne passent pas leur temps à regarder les mouches voler….Et tant que cela durera, les fraudeurs de tous poils auront la vie belle ! Et qu’on ne me dise pas que l’introduction de l’informatique résout tous les problèmes…Pour détecter et analyser la fraude, surtout si elle est sophistiquée, rien ne vaut l’intelligence du cerveau humain !

  2. Bonjour,
    « Or çà, les lois sont comme toiles d’araignes ; or çà, les simples moucherons et petits papillons y sont pris ; or çà, les gros taons malfaisants les rompent, or çà, et passent à travers ». François Rabelais livre 5 parut en 1557.
    Cette citation elle même reprise des dictons anciens remontant jusqu’à Plutarque. Presque 2 millénaires sont passés et les lois et la justice sont toujours une toile d’araignée engluant les faibles et laissant passer les puissants.
    salutations citoyennes

  3. Alain. e

    Et pendant ce temps la , les classes moyennes continueront de subir hausse d’ impôt sur hausse d’impôt pour alimenter le puits sans fond de l’ assistanat.
    Il n’ y a plus de chômeurs dans ce pays puisque ce sont les roumains qui viennent tailler les vignes d’ un ami viticulteur(malgré des demandes a pôle emploi de celui ci).
    Personne non plus pour être boucher, pas mieux pour bosser dans le bâtiment, les employés des sociétés de nettoyage et les éboueurs des grandes villes sont pour beaucoup issus de l’ immigration et font tourner la boutique France eux.
    Alors de l assisté permanent aux riches fraudeurs,ras le bol ,vous faites le jeu d’ un seul parti le FN,et vous encouragez aussi l’ abstention.
    .

  4. J.J.

    «  »Les banques suisses ont ce qu’elles appellent des « commis-voyageurs » qui passent la frontière avec une mallette contenant les fonds de leurs clients. » »

    Et que dire des discrets mais non moins actifs et efficaces employés de banque du Vatican, qui eux n’ont que la rue à traverser pour s’adonner à leurs coupables pratiques ?

  5. Cubitus

    Tant qu’on ne se donnera pas les moyens en personnel appropriés pour lutter contre la fraude fiscale de grande ampleur (cf post d’Annie Piétri que je rejoins), tant que l’on n’aggravera pas les sanctions réprimant ce fléau qui mine le pays, les finances publiques et notre économie, quand on voit un avocat s’exprimant au nom d’une élue qui a, a minima, fraudé le fisc considérer que c’est une broutille, la fraude fiscale aura de beaux jours devant elle.

    Pour comparaison, sous l’Ancien Régime les faux-saulniers, c’est à dire ceux qui faisaient la contrebande de sel qui ainsi échappait à la gabelle et fraudaient le fisc royal, étaient envoyés aux galères.

  6. suzanne marvin

    hereusement que le logo publicitaire »lessiveuse de rêve »nous fait rire,c’est quand même une bonne enseigne pour les banques suisse………pour le reste on a envie de pleurer………

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