Finances publiques : il va y avoir du sport !

Lentement vont émerger les conséquences désastreuses des réformes mises en œuvre de manière totalement inconsidérée par le gouvernement UMP aux ordres de Nicolas Sarkozy. Deux constats s’imposent : la ruine effective de l’État français et l’étranglement programmé des conseils généraux. Les objectifs ont été atteints ! C’est à mettre au bilan de l’action conduite par les stratèges inspirés par le Club de l’Horloge qui dominaient la pensée libérale gouvernementale. Partout on va découvrir des « trous » ou des « impasses budgétaires », laissés comme autant de bombes à retardement dans le camp des nouveaux dirigeants du pays. Mieux, le terrain est même miné, obligeant désormais chaque décideur à avancer avec une prudence extrême. Il faudra des mois et des mois pour dénicher tous les engagements souscrits mais cachés, toutes les annonces sans crédit et surtout toutes les conséquences des décisions accumulées durant cinq ans ! Croire qu’une inflexion (et encore plus une modification totale) de la direction erratique antérieure est réalisable dans l’année qui vient relève de l’espoir de gagner au loto. Les dégâts sont tels que la France devrait être déclarée sinistrée ! Mais il faudra attendre l’audit des comptes publics de la Cour des Comptes pour en prendre conscience au niveau des élites, car les citoyens continueront à penser que ce n’est que de l’intox politicienne. »Si on a demandé un audit à la Cour des comptes, c’est parce que nous voulions connaître le résultat exact de la gestion passée (…). Nous avons hérité d’une situation des finances publiques qui est assez calamiteuse », a déclaré poliment et avec des mots choisis le ministre des Finances, Pierre Moscovici. Un exemple frappant est celui du sport dont j’assume le suivi pour l’association des Maires de France.

« Un certain nombre de projets engagés ne sont aujourd’hui pas financés : les primes à la médaille des JO ne sont pas dans le budget, on a voté la retraite des sportifs et il n’y a pas un euro pour ça, des projets sont partis, pour lesquels il n’y a pas de crédits… Bref, on est dans une situation inquiétante. En terme de responsabilité publique, c’est grave d’engager des projets dont on n’a pas les financements, dans un contexte où les ressources manquent. Je n’appelle pas ça de la négligence, ces crédits qui auraient dû être inscrits au budget sport et qui ne l’ont jamais été. C’est irresponsable. Irresponsable d’engager des travaux sans crédits, de faire de la communication en disant « j’ai fait voter la retraite des sportifs » quand on ne la finance pas, a expliqué Valérie Fourneyron, la Ministre qui a remplacé cet immense gestionnaire qu’était David Douillet !

Le CNDS a été pillé, essoré, dévasté aussi, par les subventions accordées aux grands stades et à la manipulation strictement politicienne faite par exemple pour l’Aréna d’Orléans ! « On a fait toujours plus le choix pour le haut niveau, pour le sport pro. Ce faisant, on a asséché complètement le fonds de roulement du CNDS (Centre national pour le développement du sport, financé par une taxe sur les mises de la Française des Jeux, ndlr) qui porte normalement les projets de développement de la pratique sportive, l’action éducative et sociale des territoires, les gymnases de quartier… Petit à petit, on a considéré que le CNDS pouvait payer à la place du budget sport les grands stades de l’Euro qui, derrière, serviront à des sociétés anonymes ». J’ai à cet égard une pensée pour le grand stade de Bordeaux, qui nécessitera des millions d’euros de la puissance publique, pour un jour voir évoluer des équipes de seconde catégorie ou les Bleus dont la tête enfle plus vite que leur quotient intellectuel !  Le constat sera le même dans absolument tous les Ministères : il n’y a plus rien dans les caisses, et il va falloir faire comme si tout allait bien !

Le Premier Ministre vient d’annoncer que la loi de finances pour 2013 et le budget pluriannuel 2013-2015 seront présentés aux parlementaires avant début octobre. A plus court terme, la situation est telle que le gouvernement doit aussi trouver les moyens de boucler le budget…2012, que tout le monde savait non véritable et non sincère, ce qui vaudrait à n’importe quel maire une mise sous tutelle des… services de l’État ! Il est indispensable de trouver entre sept et dix milliards d’euros et c’est un véritable défi quand on se trouve à la moitié de l’exercice, et que tout le système social a été saccagé. Comment dénicher ces recettes complémentaires, quand les prédécesseurs ont détruit la taxe professionnelle, exonéré les heures supplémentaires, renforcé la bouclier fiscal de manière détournée, et qu’ils poussent des cris d’orfraie dès que l’on parle de justice fiscale !
Aucune annonce sur ce point n’a été faite à l’issue de la réunion. Il faut pourtant d’urgence revenir sur des listes entières de décisions, afin de rétablir un équilibre précaire.
Des pistes telles que l’alourdissement de l’impôt sur la fortune (ISF), de l’impôt sur les successions, des dividendes ou des heures supplémentaires, pourraient être confirmées dans les prochains jours.
L’objectif reste d’arriver à un déficit de 4,5% pour cette année, alors que l’estimation de croissance de 0,5% pourrait ne pas être atteinte, compliquant encore la tâche du président François Hollande, au pouvoir depuis seulement 50 jours, et dont on attend un miracle du genre multiplication des pains et des poissons. Et ça, c’est pas de notre époque ! Peu de croissance, de moins en moins de cotisations sociales prélevées car le chômage plombe tout, une dette incompressible, des arriérés camouflés, de fausses prévisions surestimées en recettes et minorées en dépenses : plus que jamais le changement s’impose !

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