Les collectivités territoriales françaises, clés de la relance !

Le recours au marché obligataire va devenir la règle en matière de financement des principales collectivités territoriales de France. Elles ne pourront plus, d’ici quelques mois, emprunter auprès des banques traditionnelles, malgré toutes les promesses effectuées par le gouvernement Fillon, puisque les principales références dans ce domaine ont limité leur accès au crédit, faute de liquidités. On sait de manière officieuse mais sûre qu’il y a même eu une répartition des rôles avec le secteur communal et intercommunal, réservé au Crédit Agricole, dont les caisses locales ont des réserves, quand la Caisse d’Épargne et les autres enseignes resteront au mieux à stock constant… Il faut pourtant 20 milliards d’euros pour assurer les investissements publics des collectivités, dont on ne souligne pas assez qu’elles procurent du travail à des milliers de personnes de l’économie privée. Pour les communautés urbaines, les grandes villes, les départements et les régions, la situation va se compliquer, avec environ seulement 20 % de leurs emprunts mobilisables d’ici la fin de l’année. C’est la conséquence de la nécessaire recapitalisation des établissements bancaires ayant englouti leurs réserves dans des opérations hasardeuses. Pour bien comprendre les dégâts réels causés par la crise financière, conjuguée à des réformes fiscales inutiles dans le contexte actuel (elles ont été sans effet sur le milieu économique), il est indispensable de se pencher sur le sort actuel de… l’Espagne !

De l’autre côté des Pyrénées, le réseau bancaire est au plus mal, pour ne pas dire à l’agonie, en raison de l’explosion de la filière de l’immobilier qui portait la croissance intérieure. Plus rien ne se vend, les emprunteurs qui avaient spéculé sur des appartements ou des immeubles à but uniquement locatif pour investisseurs étrangers ne peuvent plus faire face à leur endettement. Les Espagnols, malgré les démentis du gouvernement ultra libéral au pouvoir, retirent leurs économies des banques. Les analystes expliquaient, par exemple, la descente vertigineuse de Bankia, par la publication d’une rumeur selon laquelle les clients auraient retiré de leurs dépôts plus d’un milliard d’euros en une semaine. Le double démenti, par la banque et par le gouvernement, semble avoir porté ses fruits. Et l’annonce d’une dégradation des notes de 16  banques espagnoles par l’agence Moody’s, n’a pas eu d’impact sur la place de Madrid. Les problèmes du secteur bancaire restent pourtant entiers. La Banque d’Espagne a fait état jeudi d’un taux de créances douteuses record : 8,47% au mois de mars, soit 147 milliards d’euros. La grande inconnue concerne les besoins de recapitalisation des banques. Madrid a promis un audit sur ce sujet. Chez nous, on n’en est pas encore là, mais si les banquiers restent aussi frileux sur le crédit, la récession viendra tôt ou tard compliquer la tâche du gouvernement actuel. Bizarrement, malgré une situation globalement préoccupante, les collectivités territoriales, si elles ne sont plus enfoncées, vilipendées et étranglées, peuvent constituer le facteur clé de la… relance ! Il faut présenter l’addition aux élus UMP qui ont voté des réformes destructrices d’une système républicain efficace, qui doit certes être amélioré mais pas sabordé. Ils ne sont pas coupables, mais au minimum responsables !

En effet, pour aller sur le marché obligataire, les départements, les communautés urbaines, les grandes villes et les régions, très largement gérées par la Gauche, auront besoin d’une notation… des fameuses agences ! Or il se trouve qu’elles appliquent la « règle d’or budgétaire » depuis des décennies, et qu’elles doivent dégager un volume d’autofinancement (sorte d’excédent de gestion) obligatoire ! Elles ne peuvent pas s’endetter pour leur fonctionnement, et les emprunts sont liés à des réalisations ou des achats concrets : leur actif patrimonial est donc largement supérieur au montant de leurs emprunts ! Une spécificité française, qui pourrait donner une meilleure notation que celle de l’État ! C’est à dire que les collectivités françaises constituent un îlot de sécurité pour les placements, contrairement à celles des autres pays… Cette réalité rend encore plus absurde la volonté sarkozyste de les contraindre à des fusions déconnectées des bassins de vie et à des restrictions bancaires supposées… désendetter globalement un État incapable de s’appliquer à lui-même les règles qu’il oppose aux élus locaux !

Là encore, il faut regarder ce qu’il se passe dans les pays où on a taillé dans le réseau des collectivités. En Espagne par exemple, 3 des 17 régions autonomes espagnoles ont annoncé que leur déficit budgétaire pour 2011 était supérieur aux chiffres initialement publiés. La région de Madrid, deuxième d’Espagne par le produit intérieur brut (PIB), dit avoir fini 2011 avec un déficit représentant 2,2% du PIB et non de 1,13% comme d’abord annoncé. Le déficit budgétaire de Valence, quatrième communauté autonome, est ressorti à 4,5% au lieu de 3,78%. Le déficit de Castille et Leon s’est également révélé légèrement supérieur aux attentes.

Les nouveaux chiffres, qui ont été publiés dans les programmes budgétaires des régions pour 2012, sont susceptibles de peser sur le chiffre global du déficit public de l’Espagne pour 2011, alors que le pays a du mal à rétablir la confiance dans ses banques et à convaincre les investisseurs qu’il respecte ses objectifs. Le gouvernement de Droite a promis de ramener son déficit public à 5,3% du PIB en 2012, après avoir manqué son objectif d’an dernier, en raison principalement de dépenses plus élevées que prévu des régions. L’an dernier, le déficit public s’est monté à 8,5% du PIB, alors qu’il devait être de 6%. Le gouvernement a approuvé le plan des communautés autonomes de réduire leurs dépenses de 13 milliards d’euros et d’augmenter…. leurs recettes de cinq milliards par l’impôt, que ne pourrons pas forcément régler des contribuables ruinés par les banques ! Une spirale infernale ! Une situation totalement impossible en France tant que l’on aura la sagesse de faire confiance à la gestion décentralisée et que l’on ne cherchera pas à détruire ce qui fonctionne bien. Il est vrai que la crise des liquidités bancaires, la réforme débile des « fusions-absorptions » et la destruction des équilibres financiers via la suppression de la taxe professionnelle, assombrissent indiscutablement l’avenir de ce réseau, dont l’UMP a méprisé le rôle social et économique. Bon courage à Marylise Lebranchu !

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Cette publication a un commentaire

  1. Bernard G

    Alors là bravo au limpide cours de finances locales.
    Je n’ai pas bien compris si tu te félicites ou non du recours au marché obligataire.
    De toutes façons dans tous les cas de figure ça sera juteux pour les financiers qui organisent les émissions et qui prêtent quand elles ont du blé.
    Tu dis que non: pourtant la BCE leur a prêté beaucoup cette année!
    Quelle gabegie cette organisation financière par la droite, en France et en Europe.
    La bonne vieille CACL était pourtant pas mal avant Dexia… Et le réseau CE + CDC, jouait bien son rôle, au temps où la CE avait encore un statut coopératif.
    Je finis par rejoindre sérieusement Lordon: il faut nationaliser les banques!.
    Quant à l’Europe, le Cirque de la BCE ne prêtant ni aux États (ni je suppose aux collectivités locales?) a assez duré. Renégociation des traités Européens!

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