Bien entendu tout ça n'est que pure coïncidence !

Quel que soit le pays, le propre des services dits « secrets » c’est que s’ils sont performants, ils sont justement secrets, et que peu de monde doit en connaître le fonctionnement. Toutes les dictatures ont placé leurs espoirs de maintien au pouvoir dans la fiabilité de leurs fonctionnaires, chargés à la fois de stocker des renseignements sur ce qui peut menacer la démocratie, mais aussi d’étouffer toutes les fuites éventuelles pouvant mettre en péril le pouvoir qui les commande. Tous les jours, tant à Matignon, au Ministère de l’Intérieur, ou des affaires étrangères, et plus encore à l’Élysée, on reçoit des rapports précis sur de multiples événements. Ils contiennent de multiples informations d’ordre général, mais aussi et surtout des fiches personnalisées ultra-confidentielles sur des « amis » ou des « ennemis » qui voudraient du mal aux gouvernants de haut niveau. Prétendre que ces réalités n’existent plus, c’est vraiment croire au Père Noël, car la principale tâche des services secrets, à tous les niveaux, consiste à « monter des opérations dites spéciales » qui peuvent aller de la déstabilisation à la destruction morale ou matérielle de personnes pouvant représenter un danger… politique national ou international.

Ce constat s’applique à absolument tous les systèmes de renseignements au monde même si, bien évidemment, c’est à des degrés divers. Directement ou indirectement, ils sont derrière tous les faits importants de la vie sociale, mais leur art consiste justement à… rester « secrets » ! C’est toujours très longtemps plus tard que l’on peut décoder, en manquant toujours de preuves irréfutables, ce que l’on pensait relever de l’Histoire spontanée. Rien n’est jamais le fruit du seul hasard, et il y a toujours quelqu’un qui donne un coup de pouce au destin.

Prenons un exemple. L’intervention de l’OTAN et plus particulièrement de la France en Libye. La « libération » des tribus opprimées par un dictateur sanguinaire sous-tendait cette guerre livrée à un régime reposant sur une activité coupable débordante de ses services secrets. Le pétrole ? Un « mensonge » éhonté puisque la seule raison était philosophique. Le volume considérable de faits connus de Kadhafi ? Une absurdité car aucun responsable digne de ce nom n’avait quoi que ce soit à se reprocher dans ce domaine ! En fait, malgré toutes les suspicions, on ne connaît qu’une très faible part des véritables motivations de l’intervention en Libye, ardemment souhaitée par un « philosophe » du spectacle médiatique. Il existe pourtant des indices rapportés par des médias confidentiels… et courageux. Par exemple, si l’on s’intéresse à la mort du « sanguinaire Kadhafi », tous les éléments connus incitent à évoquer une froide exécution sur orde par des services secrets, et non à une vengeance de combattants surexcités.

Dans son édition du 26 octobre le « Canard Enchaîné » cite un diplomate français : “Il ne faut pas jouer les hypocrites. A plusieurs reprises, des avions français et britanniques avaient tenté de liquider Kadhafi en bombardant certains de ses repaires à Tripoli ou en détruisant notamment un de ses bureaux. Ce nouvel ami de l’Occident aurait pu rappeler ses excellentes relations avec la CIA ou les services français, (…) voire plus grave.” Concernant les circonstances de la capture et de l’exécution du chef libyen, Le Canard enchaîné livre des détails inédits. “Le 20 octobre à 8 h30 du matin, l’objectif allait être atteint” affirme le journal qui n’a jamais été démenti. “Trois avions de l’Otan s’approchent de Syrte. Rien à voir avec une mission de reconnaissance effectuée par hasard : une colonne de 75 véhicules fuit la ville à vive allure. Un drone américain Predator tire des roquettes. Un Mirage F1CR français de reconnaissance suit un Mirage 200-D qui largue deux bombes GBU-12 de 225 kilos guidées au laser. Bilan : 21 véhicules détruits et Kadhafi seulement blessé… et qui mourra finalement, après avoir été repris sous des balles vengeresses. Bien évidemment, personne n’a donné l’ordre de l’exécuter ! Il ne méritait que ce sort, selon l’opinion dominante soigneusement entretenue ! Le moindre doute n’est pas permis…

Le Canard enchaîné, peu relayé par les autres médias, révélait pourtant qu’à la DGSE on avait donné comme nom de code à cette opération : “Livrer le colis à Renard”. Il s’agissait de récupérer le « colis Kadhafi et de l’offrir à une unité de combattants sûrs et motivés. “A Élysée, on savait depuis la mi-octobre que Kadhafi et l’un de ses fils s’étaient réfugiés à Syrte (…). Et Sarko avait chargé le général Benoît Puga (…) de superviser la chasse à l’ancien dictateur. Ce qu’il a fait, en relation avec (…) des officiers du CPCO (Centre de planification et de conduite des opérations) en contact permanent avec tous les militaires engagés à l’étranger et les services barbouzards. A la DGSE et à la DRM (Direction du renseignement militaire), selon le Canard, on ne se gênait pas d’ailleurs pour évoquer « l’élimination physique du chef libyen » avec le sentiment d’avoir réussi une mission importante. Mais comme c’est secret, personne n’a osé lancer une vraie enquête. Sauf que Médiapart donne désormais un « mobile » avec une preuve intéressante qui vaut largement bien d’autres éléments… Tenez, une commission sénatoriale dans quelques semaines serait la bienvenue, car comme il n’y a aucune action judiciaire en cours (contrairement à l’affaire terrible de Karachi), elle pourrait entendre quelques hauts fonctionnaires et quelques acteurs de la République sarkozyste « irréprochable ». Mais pour l’instant, ce ne sont que des « diversions » socialistes… selon l’UMP et des « calomnies » selon le candidat, et toute ressemblance avec un personnage ayant existé ne serait que pure coïncidence !

Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

    Karachi, Khadafi, Straus-Kanh, j’en passe et d’aussi succulentes (que de k pendables !).

    J’ai toujours considéré ces affaires (sauf Karachi que j’estimais être un « banal » attentat comme il s’en produit hélas trop souvent) étaient rien moins que claires et pouvaient bénéficier de l’appellation de « coup tordu ».

    Je suis loin d’être un génie du fait politique, mais je m’étonne que le bon public se laisse enfumer aussi facilement par des médias qui sont loin d’inspirer la confiance.

    Certains soit disant philosophes qui parrainent ces péripéties sembleraient plutôt des escrocs beaux parleurs que de profonds penseurs.

  2. JMD

    Politiques Aujourd’hui à 13h28 (Mis à jour aujourd’hui à 14h24)
    Sarkozy balaie les «infamies» de Mediapart, une «officine de gauche»
    Nicolas Sarkozy à Saint-Cyr-sur-Loire le 23 avril 2012.
    Nicolas Sarkozy à Saint-Cyr-sur-Loire le 23 avril 2012. (Photo Gonzalo Fuentes. Reuters)


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    Nicolas Sarkozy a riposté dimanche aux accusations sur un «accord» de la Libye au financement de sa campagne de 2007, mentionné dans une note publiée par Mediapart dont l’authenticité a été mise en doute, à une semaine du second tour de l’élection présidentielle.

    «C’est une infamie. Quand je pense qu’il y a des journalistes qui osent donner du crédit au fils Kadhafi et aux services secrets de M. Kadhafi», a réagi le président et candidat de l’UMP sur Canal +. «C’est une honte qu’on me pose une question pareille», a ajouté Nicolas Sarkozy, qui avait qualifié de «grotesque» le 12 mars un éventuel financement de sa campagne de 2007 par Mouammar Kadhafi.

    «50 millions d’euros… Pourquoi pas 100 ? Pour une campagne qui en vaut 20. Il faut se mettre d’accord. Ma campagne, elle a été financée par les sous-marins pakistanais, par M. Kadhafi ou par Mme Bettencourt ?», a poursuivi Nicolas Sarkozy en faisant référence à d’autres accusations et enquêtes judiciaires en cours sur des soupçons de financement politique illégal.

    «Mediapart est coutumier du mensonge et vous accordez du crédit à l’entourage de M. Kadhafi. Mediapart c’est quoi ? C’est une officine. Au service de qui ? Vous savez très bien, au service de la gauche», a également accusé le chef de l’Etat. Auparavant, dans Le Parisien, il avait parlé d’«une tentative pour faire diversion après le retour en scène de M. Strauss-Kahn, qui est tout sauf à l’avantage des socialistes».
    Fillon dénonce des «boules puantes»

    Samedi, Bernard Cazeneuve, un des porte-parole de François Hollande, avait demandé à Nicolas Sarkozy de «s’expliquer devant les Français» face «à des éléments aussi graves». Un autre membre de l’équipe Hollande, Delphine Batho, a jugé que «l’ouverture d’une information judiciaire et la désignation d’un juge indépendant s’impos(ai)ent».

    Le Premier ministre François Fillon a mis en doute l’authenticité de la note citée par Mediapart, attribuée à Moussa Koussa, ex-chef des services de renseignements extérieurs de la Libye, aujourd’hui en exil, qui fait état d’un «accord de principe» de Tripoli pour financer à hauteur de «50 millions d’euros» la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Ce document ne précise pas si un tel financement a effectivement eu lieu.

    En mars 2011, le fils de Mouammar Kadhafi Saïf al Islam avait affirmé à Euronews que la Libye avait financé la campagne de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2007. Parlant d’un «document faux, en tout cas impossible à authentifier», François Fillon a dénoncé des «boules puantes» et s’en est pris à Mediapart, qualifiée d’«officine financée par de riches amis de François Hollande».
    «Mediapart maintient le sérieux et la fiabilité de ses informations»

    Le fondateur de Mediapart Edwy Plenel a répliqué que le site d’information «n’est pas une officine mais un journal animé par des journalistes professionnels» dont les actionnaires majoritaires «sont ses journalistes fondateurs». «Mediapart maintient le sérieux et la fiabilité de ses informations, fruit de dix mois d’enquête sur les relations nouées depuis 2005 par le premier cercle de Nicolas Sarkozy avec le régime dictatorial du colonel Kadhafi», a ajouté Edwy Plenel.

    Le site affirme que la note a été adressée le 10 décembre 2006 à Bachir Saleh, ex-président du Fonds libyen des investissements africains et ex-directeur de cabinet de Kadhafi, qui se trouve aujourd’hui en France, selon son avocat Me Pierre Haïk. Le Canard Enchaîné avait affirmé début avril que Bachir Saleh, recherché par Interpol, avait obtenu un titre de séjour en France «au nom du regroupement familial».

    Bachir Saleh a émis «les plus expresses réserves sur l’authenticité» de cette note dont il dit «n’avoir été jamais destinataire», dans une déclaration transmise à l’AFP. Il a aussi démenti «catégoriquement avoir participé à une réunion le 6 octobre 2006», évoquée dans la note, «au cours de laquelle un accord aurait été conclu en vue de déterminer les modalités d’un soutien financier à la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy».

    «Son démenti tardif est contredit par l’ensemble de nos révélations, qui sont à la disposition d’une justice indépendante, et par Ziad Takieddine lui-même qui fut l’intermédiaire de ces relations occultes franco-libyennes et qui, cité dans le document révélé, en confirme l’authenticité», affirme Edwy Plenel.

    L’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine, mis en examen dans le volet financier du dossier Karachi, a dit reconnaître la signature de Moussa Koussa sur le document. Il a affirmé qu’il n’avait «pas assisté» à la réunion le 6 octobre 2006, comme l’indique la note citée par Mediapart, mais qu’«elle a pu avoir lieu».

  3. Cubitus

    A l’époque où il était au « Monde », Edwy Plenel a mené la vie dure à Mitterrand (affaire des Irlandais de Vincennes, Rainbow Warrior etc) ce qui lui avait d’ailleurs valu d’ailleurs d’être mis sur écoute, étroitement surveillé et traduit en justice (et acquitté).
    Aujourd’hui, selon l’expression consacrée, la mouche a changé d’âne puisque c’est au tour de Sarkozy. Dénonçant aussi bien la Gauche que la Droite, on ne peut dès lors que lui accorder crédit lorsqu’il s’affirme journaliste « indépendant ». Et nul doute qu’après le 6 mai, Hollande sera épinglé de la même façon par Plenel au moindre faux pas ce qui démentira, s’il en était besoin, les élucubration du tandem Sarkozy-NKM.

    Quant à notre futur ex-Président, nul doute qu’avec les casseroles qu’il traine, on comprend pourquoi sa réélection est vitale pour lui pour bénéficier de 5 années supplémentaires d’immunité et donc pourquoi il y met tant d’agressivité, de mensonges et de compromission. En tout état de cause, l’UMP est aujourd’hui un parti d’extrême droite (voir le pédigrée de Buisson, conseiller privilégié du Président) et seul un oeil de verre fait la différence avec son homologue Front National. Le 6 mai au soir, déchirements internes et règlements de compte signeront la mort de l’UMP qui se désintègrera définitivement après les législatives.

    Quoiqu’on pense de la couleur politique du Syndicat de la Magistrature, l’article suivant du « Monde » a le mérite de nous faire un petit rappel du quinquennat judiciaire :
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/04/26/la-republique-irreprochable-pour-memoire_1691151_3232.html

    J-7

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