Toute la campagne du second tour va tourner autour du bolchevique, le couteau entre les dents, prêt à saigner le bourgeois et à lui confisquer tous les biens qu’il peut avoir gagné à la sueur de son front. Certes, c’est une manière simpliste de présenter la seule tactique qui puisse éventuellement permettre à l’UMP d’empêcher Hollande d’être élu avec plus de 54 % des voix, ce qui constituerait un camouflet terrible pour les Sarkozystes, et les inquiéterait avant les législatives, car ils ont tous tiré le rideau sur les présidentielles. Désormais, c’est l’opération « canot de survie » qui a été mise en place : tenter de sauver le capitaine et les hommes de l’équipage présidentiel. Pour ce qui est des passagers, qu’ils assument leur propre avenir.
Alors, dans le genre « après nous le précipice », lancé par Juppé sur son blog épisodique, on va organiser, avec le soutien des milieux du profit spéculatif, la panique sur les marchés. C’est commencé ! Il suffit, pour y parvenir, comme ce fut toujours le cas dans l’histoire, de piloter une bonne vieille rumeur, relayée par un système médiatique avide de sensationnel. On sait qu’elle peut susciter la panique chez celles et ceux qui ont placé leurs espoirs sur des produits financiers réputés « rentables ». En une heure il est possible, avec deux ou trois pseudos infos confidentielles données, avec comme consigne « je te le dis à toi, mais surtout ne le répète pas », de faire effondrer des pans entiers de cette bourse qui croit pouvoir encore faire la… politique, même s’il n’y a plus de corbeille !
C’est, par exemple, une séance pour le moins agitée qu’a connue la Bourse de Paris à trois jours du premier tour des Présidentielles. Un sondage opportun, fait par téléphone, a vite confirmé le rebond du candidat-président toujours prompt à sauver la France des marchés avec ses petits bras musclés. Secouée par « une rumeur de dégradation de la France » venue on ne sait d’où, ni par qui elle a été lancée, la bourse s’est bizarrement effondrée. Et vous allez voir que ce sera le cas dans les prochains jours. Paniquez épargnants, les Bolcheviques reviennent. Pour preuve de cette manipulation indirecte, après un début de journée dans le vert, porté par le succès du test obligataire espagnol (emprunts faits pour rembourser les emprunts!) le CAC 40 a brutalement décroché en début d’après-midi pour finir en baisse de 2,05 %, à 3.174,02 points, malgré les démentis des principaux intéressés, agences de notation ou pouvoirs publics…
La vérité n’intéresse pas les spéculateurs, qui craignent d’une manière ou d’une autre, pour une raison ou une autre, le départ de celui qui n’a cessé de les protéger par des réformes ou des lois, ou qui a rendu inapplicables celles qui faisaient semblant des les brimer ! La rumeur d’une dégradation de la note de la France « n’est pas fondée » (dans cette période électorale) affirme du bout des lèvres le gouvernement UMP. «Nous ne croyons pas à une telle dégradation, si près de l’échéance électorale. Mais on se retrouve, comme au mois d’août, dans un marché fragile où les facteurs psychologiques sont très importants», souligne le directeur d’une agence spécialisée à l’AFP. Rien n’y fait !
La France a déjà perdu son triple A, pourtant « trésor national », auprès de Standard and Poor’s en janvier, rendant peu probable un nouvel abaissement par cette agence. Elle a donné un signal quand elle l’a jugé opportun, mais il est quasiment impossible qu’avant le 7 mai elle renouvelle sa sentence. Il faut en effet savoir que, dans la répartition de la notation, la « gouvernance » entre pour 50 %, et comme elle n’a pas encore changé, la France est en attente. SP a cependant refusé de commenter la rumeur. De son côté, Moody’s Investors Service a renvoyé, dans un communiqué, à sa décision du 13 février, quand elle avait assorti d’une perspective négative la note «AAA» de la France, ce qui ne plaide pas pour un changement d’évaluation à moyen terme. Moody’s avait d’ailleurs dit ne pas prévoir de changement imminent de la note de la France. Enfin, interrogée par l’AFP, l’agence Fitch Ratings a répété qu’elle n’envisageait pas de modifier la note « triple A » de la France avant 2013, ce qu’elle avait déjà dit en janvier. Et malgré tous ces avis concordants, la rumeur a proliféré, provoquant, et ce n’est pas un hasard quand on connaît son poids électoral, la chute historique du cours du Crédit Agricole. Il en va de même pour EDF, dont on sait le rôle joué sur le problème énergétique, particulièrement sensible en ce moment ! Et immédiatement dans la foulée, les taux d’emprunt de la France ont bondi sur le marché obligataire.
Alors qu’ils étaient stables depuis l’ouverture, ils sont en effet rapidement passés de 3,005% à 3,050% ce qui va renchérir le coût de la dette française, boursouflée par les erreurs des grands gestionnaires UMP ! En fait, cette rumeur est simplement la dernière arme du Sarkozysme déliquescent. Rappelez vous d’où elle vient et qui la nourrit : si François Hollande accède à l’Élysée, la crise financière reprendra de plus belle. Tel est l’argument que répète l’exécutif à onze jours du premier tour de l’élection présidentielle. Objectif : décrédibiliser la capacité du candidat socialiste à faire face à la crise de la zone euro, et donc décourager les électeurs de voter pour lui.
Cet angle d’attaque en rappelle un autre… En octobre, au plus fort de la crise, l’UMP assurait que la France perdrait son fameux triple A si… le PS gagnait les élections, et c’était avant que ça se produise en… janvier ! Une anticipation que l’on retrouve le mercredi 11 avril, quand le candidat-président, responsable des échecs constatés, agitait la menace d’une reprise de la crise financière dans la zone euro en cas de victoire de son rival socialiste à la présidentielle, estimant que son programme provoquerait une « crise de confiance massive ». Alors, autant l’organiser tant qu’il est encore temps de le faire. Rassurez vous, il y aura une enquête, et on connaîtra les sources de la rumeur avant le second tour !
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Notre actuel Président serait, dit on, le seul à avoir l’étoffe d’un chef.
Et bien, avec cette étoffe, les petites mains de la Nation vont lui confectionner… une veste.
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