L'outrance révélatrice d'une véritable faiblesse !

Quand il ne reste plus aucun argument, plus aucune idée, plus aucun espoir dans une campagne électorale, on utilise la calomnie, l’outrance et l’injure. Dans le fond, les « sorties » du président-candidat vis à vis de François Hollande constituent le meilleur des sondages, les preuves irréfutables que, malgré tous les efforts de communication démultipliés par les grosses ficelles médiatiques, la cause est entendue. Même si rien n’est gagné d’avance, même s’il faut se considérer comme battu pour pouvoir tenir la distance, la réunion lyonnaise de Nicolas Sarkozy atteste de la réalité : chaque jour qui passe le rapproche de la défaite dont on ne sait pas encore si elle sera au premier tour (président sortant second et donc archi-battu) ou au second (écart possible de plus de 10 points ! Alors, sciemment, il lance pour la semaine prochaine une campagne outrancière qui peut plaire ou accrocher aux électrices et aux électeurs préférant les rodomontades à la mesure.
Elle repose sur un calcul simple. Si Hollande ne répond pas, il accentue son image de « faible », de « couard », d’hésitant », qui se trouverait être un handicap terrible si un conflit (potentiellement probable) éclate au Proche Orient avant le premier tour. Si Hollande tombe au niveau du caniveau, il donne l’impression de renoncer à être l’un des candidats des valeurs républicaines. Le caniveau et la bataille de rues n’ont jamais profité à ceux qui s’y laissent aller. Un coup mal placé peu à tout moment faire cesser les meilleures situations. Cette option est le signe évident que le Président-candidat ne tiendra pas la distance d’un effet d’annonce par jour. Il est dans la situation du soldat replié dans sa casemate et qui brûle ses cartouches les unes après les autres sans nullement améliorer sa situation. Il utilise désormais le bazooka comme dernière chance pour impressionner le camp des assaillants.
Il a ainsi accusé son adversaire de « quadruple langage » et d' »ignorance honteuse », de ne pas « respecter » les Français, de « jouer » avec leur avenir et de mener une campagne « basée sur le mensonge ». « Dans une campagne présidentielle (…) on ne peut pas dissimuler qui l’on est et ce que l’on veut », a-t-il lancé. « On ne respecte pas les Français quand, pour esquiver le débat, on dit tous les jours le contraire de ce qu’on a dit la veille. » « Quand on fait cela, on est un cynique » a ajouté Nicolas Sarkozy, qui a accusé son rival de cacher qu’il ferait « payer tout le monde » en faisant croire qu’il taxerait les riches.
L’auteur du fameux « casse toi pauvre con ! » en a appelé à la mémoire des « Français libres, des résistants, des fusillés, des déportés », qui ont écrit « avec leur sang » la Constitution de 1946, pour dénoncer la proposition de François Hollande d’en effacer le mot « race ». Il a lâché tout ce qu’il pouvait lâcher comme autant d’outrances dont il sait qu’elles plairont au peuple des apparences. Et il a attendu les effets… directs de cette position du chef de bande qu’il restera tout le temps !
« Je pense que Nicolas Sarkozy est dans une fuite en avant, il improvise, il n’a pas de projet », a répondu François Hollande. Pour le socialiste, le candidat UMP est dans un « combat qui relève de la fuite en avant ». « Son bilan est un boulet », a-t-il abondé. Estimant que le Président-candidat « présente un visage, celui de l’outrance », le leader du PS s’est toutefois défendu d’être dans « l’antisarkozysme ». Au contraire, « c’est le candidat sortant qui devient, si je puis dire, un anti-Hollande », a jugé le socialiste en restant impassible.
Tous les gens non partisans ont été éberlués par « la violence verbale » de ce Sarkozy qui sombre lentement dans la déception et la haine en voyant le pouvoir lui échapper. Il est blessé et va donc devenir dangereux. . « A Lyon, il a visiblement ouvert toutes les vannes de l’agressivité verbale, avec une vulgarité très inédite et qui n’appartient qu’à lui ! « , a commenté le porte-parole de François Hollande. Il reste que nul n’osera écrire que c’est une stratégie et pas un « coup de menton » passager ! Plus rien ne l’arrêtera et, au contraire, il va solliciter ses troupes pour qu’elles montent encore d’un cran dans cette concentration des tirs. Là encore, c’est une évidence. L’UMP va utiliser tous les ressorts du populisme pour tenter de transformer la campagne en bataille de chiffonniers.
Hier, dans le supplément du Monde « Culture et idées » il y avait un splendide texte inédit d’Albert Camus sur le journalisme, censuré le… 25 novembre 1939. Un texte de référence et d’un niveau exceptionnel ! Pour préserver la liberté, il conseille à ses collègues d’utiliser 4 moyens : « la lucidité, le refus, l’ironie et l’obstination ». Puisse François Hollande avoir lu cette magnifique profession de foi car il peut s’en inspirer fortement dans les prochaines semaines !

Ce champ est nécessaire.

En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Cet article a 3 commentaires

  1. batistin

    La haine qui surgit de partout, dans notre monde d’êtres humains, est sans commune mesure avec la froideur et l’insensibilité d’une catastrophe naturelle.
    On n’a jamais vu un tsunami armé d’un large sourire lorsqu’il détruit toute vie sur son passage.
    J’ai pour ma part croisé quelques hommes, et femmes, ayant dans la cruauté trouvé un sens à leur vie, et en retirant même un plaisir.
    Tout ceci pour dire une chose:
    les propos haineux d’une bête politique blessée sont la porte ouverte à quelques actes physiques irrémédiables.
    Pourquoi ne pas déférer devant un juge, comme l’on peut le faire pour « incitation à la haine raciale », tout candidat à la présidentielle qui se risque, au détriment de la paix intérieure du pays, à une « incitation à la haine ordinaire » ?

  2. J.J.

    Batistin dit :
    Pourquoi ne pas déférer devant un juge, comme l’on peut le faire pour « incitation à la haine raciale », tout candidat à la présidentielle qui se risque, au détriment de la paix intérieure du pays, à une « incitation à la haine ordinaire » ?—-

    – Parce que la constitution interdit aux juges de mettre en examen un président en exercice…

    L’ Attila de la rue du Faubourg Saint Honoré s’est d’ailleurs honoré sur TF1(12/3), à propos des affaires politico-judiciaires de son quinquennat (Canard du 14/03/2012) : « A ma connaissance, je n’ai jamais été mis en examen ou condamné. »

    Et pour cause…
    …..A vaincre sans péril , on triomphe sans gloire…..

  3. Michel d'Auvergne

    Chirac qui n’est jamais allé jusqu’à « l’outrance » de Naboléon fut rattrapé par les « affaires » et plus ou moins sauvé par son age et son état de santé… Le clown en place est beaucoup plus jeune, les « affaires » plus graves et les rancœurs plus fortes. Quand on tombe de haut les dégâts sont proportionnels à l’altitude…
    C’est peut-être cela qui le pousse aux débordements.
    Chalut des volcans !

Laisser un commentaire