Deux jours à Paris, sans répit et sans aucun espace de respiration (l’air y devient irrespirable !) et je reviens essoré moralement et plus encore physiquement. Et dire qu’il existe encore des électrices et des électeurs qui pensent que des élus peuvent majoritairement se prélasser dans les ors et le stupre d’une République consentante. Rien n’est plus épuisant que d’assumer une responsabilité élective loin du terrain, loin de ses repères, enfoncé dans le stress de ne pas être à la hauteur de ce milieu parisien impitoyable pour celles et ceux qui lui disputent une part de son pouvoir dominant. Aller débattre ou œuvrer à l’intérêt général, bénévolement, à Paris, dans un système surmédiatisé dans lequel un maire, comme celui de Créon, représente une étrangeté dans un monde où les apparences comptent davantage que les actes peut paraître surprenant. Il est vrai que la solitude dans la multitude procure des sensations angoissantes pour celui qui, comme moi, reste viscéralement attaché à la proximité. Il doit falloir de longues années de présence et surtout quelques coups d’éclat médiatique fulgurants, ou avoir un réseau très fourni et déjà bien introduit, pour entrer dans le cénacle des gens pouvant un tant soit peu compter. En cette période d’élections présidentielles, c’est pire que tout… car tout nouvel arrivant est vite jugé suspect. Peu importe ce qu’il réalise et ce qu’il vaut : il a forcément une arrière-pensée. « Actuellement, il ne faut surtout pas avoir d’idées novatrices, car elles sont inutiles dans une société qui développe des stéréotypes utilisables contre un camp ou contre l’autre… » ai-je déclaré dans les propos d’ouverture de la journée nationale technique autour de l’avenir du vélo. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si le mot même de « vélo » ne figure, à ce jour, dans absolument aucun des programmes des candidat(e)s aux présidentielles. Le prix du litre d’essence que bientôt certaines personnes ne pourront plus payer focalise les attentions, et plutôt que de rechercher des solutions alternatives durables, les « penseurs » développent des mesures à courte vue qui ne changeront que très provisoirement la réalité ! Le débat n’est que contradictoire, jamais constructif. Une sorte de ping-pong ponctuel alimentant une machine médiatique radiophonique ou télévisuelle qui ne se nourrit que de gnons, de pignes, et tenu par les boutiquiers de l’audimat.
Plus de 200 actrices et acteurs d’une autre vision sociale de la mobilité, toutes options politiques confondues, rassemblés par le Club des Villes et territoires cyclables ont pourtant largement innové, imaginé, explicité, présenté leurs projets dans les locaux de l’Hôtel de ville de Paris. Urbanistes, techniciens, associatifs, usagers, entrepreneurs, conseilleurs et accessoirement… élus locaux ont décliné une autre approche de la lutte contre la crise qui ne cessera pas au soir du second tour des Présidentielles. Il est devenu capital de sortir des autoroutes des idées reçues et de cesser d’accumuler des arguments « contre ». La campagne doit devenir constructive et ouvrir des horizons différents car audacieux. Les paradigmes ou mieux les logiciels politiques sont à rénover très vite. Mais on repousse sans cesse l’échéance pour plus tard.
Ce matin, au sein de la commission des grands équipements sportifs au Ministère des Sports délivrant les labels « grands stades » et « arénas », il me fallait prendre position sur trois projets de salles pouvant accueillir plus de 5 000 spectateurs, autant dans le domaine sportif que dans celui de la culture. Au menu, l’énorme dossier d’Orléans, celui plus modeste de Brest et celui encore plus discret de Trélazé. Trois grosses heures d’audition et de débat pour accorder ou non le label « Aréna ». Les discussions doivent rester confidentielles car les enjeux financiers écrasent tout le reste… Au total la demande de fonds publics pour ces réalisations tourne autour de 30 millions d’euros soit dix ans du budget de la Commune de Créon ! Les caisses de l’État sont vides, et elles seront méticuleusement vidées avant les Présidentielles, alors on se tourne vers les recettes annexes que sont les prélèvements sur les jeux de hasard… Deux conceptions du sport s’affrontent et avec mon collègue et désormais ami, adjoint de la ville de Rouen, il nous a fallu revenir aux fondamentaux… de la politique, c’est-à-dire éviter d’entremêler des fonds publics colossaux avec des intérêts privés, ravis des effets d’aubaine. On est loin, très loin, des débats actuels, car on bouche les trous dans une société qui n’ose plus se regarder dans la glace tellement elle se fait peur. Comme les animaux malades de la peste, il nous faut nous choisir un roi. J’ai le mien. Je ne le lâcherai pas. Je le soutiendrai jusqu’au bout de mes forces personnelles, mais là-haut, dans ce tourbillon de gens prétendument influents, solidaires et éminemment compétents, formant une cuirasse protectrice par peur des intrusions concurrentielles, l’imagination est loin d’être au pouvoir. Elles est étouffée par les ambitions et surtout les peurs ! Après, il sera trop tard pour regretter !
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« Selon que vous serez puissant ou misérable,
les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
Et bien, Monsieur, vivons nous en quelque royaume ?
Ma surprise est grande, je nous croyais en république…
Mais alors, mais alors …
Voter est-il un devoir ou une mascarade ?
Est-ce un acte citoyen ou une farce au bal de la Cour ?