Le discours pour Bernie, Jacouille, Obélix et consorts

Il sera très difficile pour les citoyens non supporters de trouver une seule raison d’espérer dans la « vile pinte » de sarkozisme servie pour tenter de revigorer des troupes sommées de venir consommer du discours présidentiel. En fait, ils sont repartis avec un « breuvage » n’ayant rien d’extraordinaire, si ce n’est qu’il avait, comme le Coca, une coloration trompeuse et dangereuse, mais tous affirmeront bien entendu qu’ils ont été enthousiasmés par la dégustation. Et dans le fond, cette foule nécessiteuse en a eu pour son argent puisque elle est repartie avec trois certitudes.
La première c’est que tout a été inutile depuis 5 ans puisque son idole a expliqué, comme les élèves ayant peur d’être virés, qu’à la prochaine rentrée, il promettait de ne pas refaire les mêmes erreurs… C’est rassurant pour celles et ceux qui payent au prix fort et qui n’ont pas fini de payer les errements des obsédés de la financiarisation de la société : promis, juré, il a compris, et il ne recommencera pas ! Quel que soit le courant de pensée politique auquel on adhère, de tels propos constituent une véritable menace pour la démocratie, qu’ils sapent en profondeur. Ne pas assumer ce que l’on a prôné et présenté comme autant de solutions miracles révèle un caractère retors, totalement à l’opposé de l’image de « courage », de « fermeté » et de « résistance », dont le candidat UMP veut se parer. Il est « lâche » et « retors » mais en aucune façon « responsable » et « franc ». «J’ai appris (…). J’ai compris», a martelé hier Nicolas Sarkozy au Parc des expositions de Villepinte, en écho au « J’ai changé» d’il y a cinq ans. Tout au long de son discours, il a expliqué avoir «fait de [son] mieux pour protéger les Français». « J’ai tout donné à la France. (…) J’ai tiré les leçons des réussites et des échecs ». Dommage qu’il ne leur ait pas dit lesquels !
Le cabaretier de Villepinte avait invité au comptoir des idées reçues ou dénuées de toute valeur, d’éminents spécialistes qui ont enchanté les fans. Ressurgi d’une autre époque, il y avait le fidèle pote de lycée qui signera « Jacouille » pour faire peuple sur la liste de soutien. La dame aux pièces jaunes, qui s’y connaît en défense des causes perdues, était installée aux côtés de l’homme qui pisse dans les bouteilles qu’il a vidées. Il paraît même qu’on avait récupéré le chanteur qui avait vu le ciel bleu dans le cœur des gens du Nord… alors qu’en 2007 le candidat d’alors avait eu le soutien de l’évadé fiscal suisse capable de faire le plein du stade de France. Tous étaient venus découvrir le nouveau Sarkozy que son ex-ami Devedejian voit perdre et partir, après quelques mois de désintoxication, à la conquête de la Mairie de Paris en lieu et place de son « collaborateur », cocufié une fois encore.
La seconde, c’est que le candidat UMP a pour la énième fois utilisé la même technique, celle qu’il affectionne : « ce n’est pas de ma faute mais c’est de la faute de… » Il y a eu dans l’ordre, avec des retours plus ou moins proches : la gestion socialiste après 2002, les 35 heures, les fonctionnaires, les élus locaux, les impôts (remplacés par des taxes) et surtout la…crise. Certes cette crise avait été provoquée par ses plus fidèles partisans, mais n’empêche qu’elle l’avait privé des succès de sa politique qui a toujours avantagé les principaux bénéficiaires du monde du profit. Depuis hier, c’est l’Europe ! Et là, il vise juste, car cette Europe qu’il a construite en bernant le Peuple pourtant lucidement hostile à son traité de construction, mérite tellement de critiques qu’elle focalise l’hostilité de bien des gens.
Il a donc craché, sans vergogne, dans la soupe qu’il vendait encore il y a quelques semaines, devant un aréopage nationaliste et corporatiste rappelant d’autres auditoires dans des périodes sombres ! Que ne s’est-il point opposé à l’élargissement strictement idéologique vers l’Est de l’Europe des marchés ? Pourquoi ne pas avoir respecté le verdict du référendum qui contenait les germes de la décadence de la zone euro ? Ce démagogue a osé donner des gages à « la France du non ». Celle qui avait voté contre le Traité constitutionnel européen. « Je veux parler à tous ces Français qui ont le sentiment qu’ils ne maîtrisent plus leur vie », a dit Nicolas Sarkozy. Pour ce faire, il a lancé, avec des accents souverainistes, des ultimatums à l’Europe. Il a défendu une « réforme structurelle » des accords de Schengen afin de pouvoir «sanctionner, suspendre ou exclure» de la zone « un État défaillant ». Il a oublié (mais c’est un règle d’or !) que l’Europe de Droite ne parle que de la concurrence libre et non faussée qui l’a conduite à la ruine. « S’agissant du libre-échange: l’Europe récuse le protectionnisme, croit à la concurrence, rejette la guerre commerciale, mais il faut aussi le droit du travail, l’équité entre les monnaies, il n’y a pas que le droit du commerce entre les hommes. Le libre-échange oui, la concurrence déloyale non ! » Tout et son contraire : c’est désormais la nouvelle gouvernance UMP !
Enfin, ce parterre « bleu » est reparti persuadé que demain on raserait gratis, car « son » Nicolas accomplira les miracles qu’il n’a pas eu la possibilité de réaliser antérieurement. Il veut même devenir le Petit Père du « peuple » ! « Aidez-moi. Aidez-moi, nous avons deux mois, deux mois pour bâtir la plus formidable aventure, deux mois pour bousculer les certitudes, deux mois pour tout renverser, deux mois pour faire triompher la vérité, faire triompher la France de Jeanne D’Arc, Hugo, de De Gaulle, de Monet, de Schuman et des humanistes, nous sommes le peuple de France qui a foi dans le progrès ». Ecoutez, à tout prendre, faites confiance, comme moi, à la France des sans culotte, de la Commune de Paris, de Jaurès, du Front populaire, du Conseil national de la Résistance, de Mendès-France et de Mitterrand. Et oubliez ces images et ce discours, car ils avaient des relents d’une période dangereuse !

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Cet article a 2 commentaires

  1. Nadine Bompart

    Ah, les soutiens de Nicolas…. Les petits jeunes à la mèche bien peignée criants leur enthousiasme au premier rang, pour que la caméra ne les rate pas, les mémères au brushing impeccable et à la bouche amère, les messieurs bien mis, faussement décontractés, se sentant légèrement décalés dans un exercice dévolu d’habitude aux « gauchos », tout ce « peuple » de droite confits dans leur bon droit, celui de « vrai Français moi, Monsieur », celui qui travaille sa vie durant pour enfin se permettre aujourd’hui de vivre sur le dos des autres, sans rien donner en retour, parce que « mon argent, il est à moi, je ne l’ai pas volé, moi! », celui des non-assistés, des non-profiteurs, des « je me suis fait tout seul, je ne dois rien à personne, moi! », celui des « démerdez-vous » et du « chacun pour soi », celui du repli, social et identitaire, parce que « vous comprenez, ma brave dame, je voudrais pas dire, mais… », celui des images toutes faites et des clichés tout prêts, du refus de l’autre et de l’entre-soi, de la fermeture obtuse des yeux et du coeur, du mépris, de la haine…….
    Et voilà la réponse, notre réponse, joyeuse, gaie, colorée et vive, le patriotisme qui va de l’avant, sans peur, le coeur ouvert:
    http://www.dailymotion.com/video/xpci4e_reprenons-la-bastille-18-mars-2012_news?start=2#from=embed

  2. Christian Coulais

    « J’ai tout donné à la France. (…) J’ai tiré les leçons des réussites et des échecs ».
    Mais s’il a tout donné, c’est qu’il ne lui reste plus rien dans la boîte à idées…car les poches doivent être encore bien pleines ! Alors, qu’il aille se trouver des idées chez ses amis libéraux, et qu’il laisse le modeste mais génial petit peuple de France se refaire une santé avec nos amis européens, selon d’autres méthodes plus socialo-communistes ! Tous ensemble, tous ensemble pour mieux nous gérer ! Ah ça ira, ça ira, ça ira…..les sans-culottes à l’Elysée ! En attendant, allez y faire un tour : http://www.elysee.fr/visite/#/coulisses/huissier

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