Destination danger pour les collectivités territoriales

Il est certain que les Maires, les conseillers généraux ou régionaux actuels appartiennent, avec la majorité des journalistes, aux catégories les plus haïes par Nicolas Sarkozy. Depuis le début de son quinquennat, ils symbolisent les échecs successifs qui ont été les siens. Car nombre de ses partisans lui doivent de cuisants échecs à toutes les échéances électorales qu’ils ont eu à assumer. Il ne le tolère pas et il veut faire payer l’ardoise aux communes, aux départements et aux régions qui l’agacent en permanence en démontrant, chaque jour un peu plus, que le local peut encore mener des politiques très différentes de celles que prétend mener le gouvernement, gestionnaire exemplaire des deniers publics. Le pays ruiné ne tient en fait que grâce au tissu dense et proche des collectivités territoriales, sans cesse appelées à pallier les carences de l’État ! Dénigrement systématique des élus locaux, attaque en règle contre les structures de proximité, diffusion massive de fausses informations sur la gestion, mise en cause de la responsabilité des élus locaux dans la situation de la France et, à l’arrivée, une polémique réductrice sur leur rôle dans les parrainages !
Le président-candidat aura passé son temps à détruire l’image des corps intermédiaires avec la complicité passive des responsables UMP. Maintenant, la situation devient préoccupante et même angoissante pour beaucoup d’entre eux !
Au moment où s’achève le quinquennat, le financement des investissements des collectivités territoriales apparaît des plus aléatoire, alors qu’il constitue un enjeu majeur des années à venir pour la croissance de notre pays. Le gouvernement s’apprête en effet à laisser trois « bombes à retardement » à son successeur, et il le sait fort bien. Il ne cesse de favoriser les privatisations outrancières en faisant croire qu’elles sauveront le système public. Distribution au monde économique de millions d’euros, transfert de ses compétences et de ses dépenses de fonctionnement vers les départements, les régions et même les communes : les recettes ne varient pas, avec en arrière-pensée le principe terriblement dévastateur de la suppression des emplois de la fonction publique territoriale pour renforcer le chômage ! En fait, le gouvernement va étrangler les corps intermédiaires pour démontrer qu’il est en meilleure santé qu’eux alors que c’est exactement le contraire.
La première préoccupation qui devrait s’imposer au gouvernement, c’est le besoin de 22 milliards d’euros de crédits, demandés annuellement par les collectivités territoriales et les hôpitaux. Si en 2012 cette somme n’est pas disponible, il faut prévoir en fin d’année une augmentation de l’affluence au pôle emploi ! Les restrictions en liquidités des banques privées, qui se retirent de ce marché, et l’effondrement de Dexia, ne sont pas compensés actuellement par les mesures annoncées. L’agence de financement, voulue par les collectivités, est sans cesse retardée et ne sera opérationnelle qu’en 2013. Si l’UMP persiste dans cette voie de soutien à des banques qui délaissent par idéologie le marché des collectivités locales, il faut prévoir une débandade dans le BTP, non délocalisable, et surtout porteur de milliers d’emplois qualifiés. Des mesures, mêmes extravagantes, sur le logement, ne changeront rien à cette réalité, car tout le monde s’accorde à les considérer comme inapplicables, ou alors dans trois ou quatre ans !
Entre 2002 et fin 2008, l’État a laissé filer Dexia au nom de la concurrence libre et non faussée vers un modèle invraisemblable, hautement risqué et clairement spéculatif dans plusieurs de ses activités. Le bilan est édifiant : après avoir bénéficié de 6 milliards d’euros pour une recapitalisation manquée en 2008, la banque vient d’annoncer 12 milliards de pertes en 2011. Et ce n’est pas terminé : sa filiale DEXMA dans laquelle l’État vient de prendre 31,5 % du capital, porte des risques de perte de plusieurs milliards d’euros … Le coût global de la restructuration de Dexia pèsera encore lourdement sur les années à venir… mais, pour l’instant, c’est occulté dans le bilan à moyen terme du quinquennat génial qui s’achève. Les conséquences de l’effondrement de Dexia dureront beaucoup plus longtemps qu’on le pense. Par exemple, personne ne veut constater cette réalité explosive : 19 milliards d’euros d’emprunts toxiques figurent dans les comptes de 500 collectivités et hôpitaux. Progressivement, l’augmentation exponentielle des taux d’intérêt va affecter les villes et les départements concernés. Ils se trouveront confrontés à de graves difficultés. Le gouvernement le sait, mais… il laisse à son successeur le soin de colmater la brèche ! Plus le temps passe, plus la situation devient dangereuse pour les collectivités, mais aussi pour tout le pays : faudra-t-il voir exploser les contentieux, les investissements se réduire à nouveau, pour que le gouvernement mette autour d’une table les acteurs concernés de ùanière à faire face sur plusieurs années aux 15 milliards d’euros que va sans doute coûter cette affaire ? C’est criminel pour l’économie et l’emploi de ne pas vouloir faire face à ce phénomène indiscutable. A moins que ce ne soit volontaire, pour mettre à mal les collectivités, et démontrer, en les accusant de la « rage », qu’elles doivent être abattues par pure idéologie.
Une réduction significative de l’investissement des collectivités territoriales en 2012 et 2013, au détriment de la croissance indispensable pour lutter contre les déficits publics serait catastrophique. En fait, ce serait entamer un processus grec dont on connaît les conséquences !

Cet article a 5 commentaires

  1. Nadine Bompart

    Bienvenue en Amérique, pays de la « concurrence libre et non faussée » ou les municipalités font faillite!!!
    Effacement direct de tous les emprunts toxiques, re-décentralisation plus poussée, plus d’indépendance aux régions, aux départements, aux communes, et les moyens financiers d’y faire face par le prélèvement direct de certains impôts; ça me parait être LA solution…
    Sarkosy fait du populisme de bas étage en s’en prenant aux « corps intermédiaires », dans lesquels il inclue les syndicats, histoire de laisser les individus seuls face au patronnat, aux puissances de l’argent et aux requins des délocalisations…
    Ce type est malfaisant!

  2. facon jean françois

    Bonjour,
    Le patron de la Banque centrale européenne annonce la mort du modèle social européen… et se prépare à faire un nouveau chèque de 500 milliards d’euros aux banques. Bienvenue dans le « QE World » ou comment les banques centrales soutiennent massivement le rétablissement de la confiance, au prix d’une austérité sans précédent.Extrait de l’article paru dans la tribune le 24/02/2012.
    Tout commentaire serait superflu.

  3. J.J.

    diffusion massive de fausses informations «  »

    C’est devenu le sport préféré de la (souhaitons) ex future majorité présidentielle, fortement appuyée par la « cellule de riposte ».

    Dans les dernières 48 heures, nous avons eu droit à une version déformée, de façon à affoler les populations de l’impôt sur les plus hautes tranches, commentée de façon ridicule et tronquée par mr Beigbeder(le « frère »).
    Certes il ya eu une intervention d’un syndicaliste de l’administration des finances qui a rétabli la vérité, mais on ne retiendra sans doute que l’image apocalyptique du début.
    Puis a une proposition délirante à propos des enseignants « qui n’ont que 16 heures de présence à assurer », en oubliant que la préparation des cours, la correction des copies, les réunions de toute sortes ne sont pas comprises dans ses heures de présence !

    Cela rappelle furieusement un refrain que chantait Pierre Dac à la BBC pendant les années noires (les autres années noires )

  4. J.J.

    Cela rappelle furieusement un refrain que chantait Pierre Dac à la BBC pendant les années noires (les autres années noires )

    « Radio paris ment, Radio paris ment »….

  5. facon jean françois

    en effet :
    Radio sarkozy ment
    radio sarkozy ment
    radio sarkozy est allemand…
    bien trouvé!

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