Le développement du vélo reste en plan !

L’éventualité d’une indemnité kilométrique pour les cyclistes salariés, proposée par le Club des Villes et Territoires cyclables depuis plusieurs années, est seulement envisagée par le premier plan national vélo, présenté par Thierry Mariani, ministre des Transports, qui a annoncé quelques mesures dont la mise en place du tourne à droite au feu rouge, attendue de longue date. En fait il s’agit simplement d’un sprint effréné avec de bonnes intentions, juste avant l’entrée en campagne. Le « plan » a été préparé par un groupe de travail formé en juillet et conduit par le député-maire UMP du XVe arrondissement, Philippe Goujon, auquel le Club a été associé.
Le Club des villes et territoires cyclables a estimé, à l’issue d’une journée tenue à l’assemblée nationale, que ce « plan » n’était en fait qu’une feuille de route et que les quelques mesures proposées ne représentaient pas grand chose. Les mesures présentées ne constituent qu’un signe de la prise en compte du vélo comme mode de déplacement à part entière et outil d’aménagement du territoire. Le trajet « domicile-travail » reste la préoccupation essentielles des Françaises et des Français avec un poids économique croissant, un gaspillage du temps de vivre quotidien, une empreinte écologique désastreuse. Le vélo devait trouver sa place dans la « chaîne » de mobilité et donc devenir une réponse à la crise que la société traverse dans bien des domaines. Aucune des incitations proposées par le Club n’a été retenue par le Ministre qui ne peut rien imposer à Bercy dans un contexte où le « financier » prend le pas sur tous les autres paramètres. Le vélo devait trouver une autre place dans ce « plan »!
L’action des collectivités locales pour le développement du vélo – qu’il s’agisse des infrastructures, des services, des aides à l’équipement des ménages ou de la facilitation du vélo loisir et touristique – trouvent un écho avec ces premiers pas d’une politique nationale.
En tant que président du Club des villes et territoires cyclables, je tiens à rappeler que « les collectivités locales, qui supportent la quasi totalité des 500 millions d’euros investis chaque année pour le vélo, demandent depuis plusieurs années un engagement fort de l’État. Mais les mesures annoncées ce jour ne traduisent pas une véritable ambition nationale. Il faut un ensemble de mesures fortes, intégrées et programmées pour enclencher une dynamique et atteindre l’objectif de 10% de part modale dans notre pays en 2020, fixé par le Gouvernement ».
Pour les 1 200 élus réunis au sein du Club des villes et territoires cyclables, le vélo est « un puissant remède anti-crise » et il n’y a pas de réel Plan national vélo sans programmer :

– une mesure-phare comme l’indemnité kilométrique pour les déplacements domicile-travail,

– un volet ambitieux du développement du stationnement en gare, engageant notamment la SNCF, entreprise nationale,

– un volet communication et pédagogie, au niveau national, pour contribuer à l’évolution nécessaire des cultures et des comportements, en accompagnement des politiques vélos locales.

En revanche, le Club apprécie que le panneau de signalisation permettant la mise en œuvre du « Tourne-à-droite » qui autorise les cyclistes à ne pas marquer l’arrêt aux feux rouges, suite au décret du 12 novembre 2010, soit enfin à la disposition des collectivités. De même, il apprécie la parution prochaine de l’arrêté attendu sur les garages à vélo dans le cadre de la loi Grenelle 2, fixant des surfaces minimales par types de logements neufs, et espère des dispositifs similaires s’agissant des bureaux. Enfin, il prend acte des augmentations de la contribution de l’État au développement des véloroutes voies vertes (+1,5 millions d’euros) et du budget du Coordonnateur interministériel pour le développement de l’usage du vélo porté en 2012 à 600 000 €.
Depuis le début de mon mandat (2008) je n’ai cessé, au nom des collectivités territoriales de toutes tendances que je représentais, de solliciter des audiences auprès des divers Ministres qui se sont succédés, et d’alerter le Président de la République actuel sur le sort fait aux cyclistes dans notre pays. Dans la précipitation, alors que le contexte qui fut favorable il y a quelques années a disparu, aucune réponse n’a jamais été donnée aux propositions constructives du Club. Ce n’est donc pas, comme sur bien d’autres sujets, dans la précipitation et en rassemblant à la fois des « bonnes intentions » et des mesures strictement techniques que l’on lancera une véritable politique « vélo » et « modes actifs » de déplacement en France. La dimension « citoyenne » indispensable pour conforter les utilisateurs de vélo est totalement absente de ce recueil de textes divers. Un signe fort était attendu… et le résultat ressemble à des rustines mises sur des idées qui se dégonflent !

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