Quand Hollande prend de la valeur !

C’est fait et bien fait : François Hollande assume ! En politique, il n’y a rien de pire qu’une femme ou un homme ne voulant pas assumer ce qu’il dit, ce qu’il fait et ce qu’il est ! En fait, même dans l’erreur, provisoirement ou durablement, il lui faut d’abord faire face, se justifier, se positionner et espérer convaincre. Le problème c’est que cette attitude devient dans le contexte social actuel celle de l’orgueil, de l’entêtement, de la prétention et parfois, si elle se positionne sur des valeurs, du sectarisme ! François Hollande a su rester lui-même lors de son lancement officiel de campagne, et c’est déjà un atout considérable face à ses principaux adversaires, qui tentent de masquer sous le fard de la communication leurs va et vient idéologiques. En effet, la sincérité restera le principal atout pour convaincre. Les Françaises et les Français en ont assez des simagrées qui tentent de dissimuler les réalités. Un social démocrate, quelle que soit l’appréciation que l’on porte sur ses positions, est respectable et doit être respecté s’il est en position d’assumer ce qu’il dit, ce qu’il fait, ce qu’il propose. Le véritable problème de l’élection présidentielle sera celui de la crédibilité et donc de la confiance.
Une très grande majorité d’électrices et d’électeurs ne souhaite qu’une chose : confier son espoir à une personnalité ayant le courage « d’être » et ne plus seulement « paraître ». Il lui faut se construire une certitude dans ce domaine, au fil du temps, étape après étape, car la majorité garde en elle une part de doute sur le monde politique en général. Elle avance à tâtons et tente de se rassurer. Il faut dire que tout est fait pour instiller le poison mortel de la décrédibilisation de la vie politique afin de surfer sur la démagogie des apparences. Les grands hommes de l’Histoire sont ceux qui ont su restaurer durant un laps de temps plus ou moins long la confiance du Peuple en lui-même. Ce qui est facile à énoncer devient épouvantablement difficile à instaurer puisque le monde politique pratique quotidiennement l’autodestruction, en affichant des attitudes ambiguës.
François Hollande, en s’accrochant méthodiquement aux valeurs de la République qu’il n’a jamais été plus urgent de repositionner et de défendre, a construit le socle de sa campagne, qui ne sera victorieuse que si les « consommateurs » auxquels il s’adresse reprennent les couleurs de la citoyenneté.
Rien ne lui sera possible sans ce retour sur les fondamentaux de la liberté, de l’égalité, de la fraternité complétées, par la solidarité et la laïcité ! Il semble en avoir fait les pierres de l’édifice qu’il a esquissé dans un moment difficile, puisque les limites de l’espérance sont celles du reconstructeur d’une ville bombardée et détruite par les bombardements de la loi du profit. L’exercice est périlleux, car il deviendra problématique de se contenter de principes de gouvernance quand les gens attendent des mesures sonnantes et trébuchantes. C’est le dangereux équilibre entre les mots et les actes que tout élu a du mal à assumer. Nicolas Sarkozy portera, à l’égard de l’Histoire, la lourde responsabilité d’avoir abreuvé le pays de mots et d’avoir totalement détruit la crédibilité des actes ! L’analyse du discours de François Hollande tend à démontrer une certaine prudence, et une volonté d’avancer prudemment sur la lame de rasoir permettant d’aller du possible au probable. Il lui faudra maintenant décliner pas à pas, sans hâte, mais avec le maximum de force, la traduction en propositions des valeurs qui guideront son action.
Cette méthode largement inspirée par celle de Mitterrand en 81 va poser un problème à Bayrou qui ne survit que sur le flou idéologique, transposé en incertitude rassurante car politiquement non engagée. Elle mettra en porte à faux son ex-camarade Mélenchon, toujours prompt à évoquer les « manuels » républicains déclinant des concepts réputés capables de traverser les épreuves du temps. Mais surtout, elle constitue la meilleure arme contre l’agitation décérébrée du maître de Élysée qui ne peut plus se raccrocher à aucune autre idéologie que celle, simpliste, du « pragmatisme adaptable » aux vents des sondages ! Le « libéralisme outrancier » a produit des effets tellement désastreux que plus personne n’osera s’y référer. Le Gaullisme patriotique est passé de mode. Il ne reste donc que le nationalisme exacerbé, reposant sur la « contrainte sécuritaire », la « concurrence outrancière », « l’exclusion rampante », la « précarité organisée » et « la religion salvatrice ». Son programme déclinera uniquement ces contre-valeurs, car il sait qu’elles représentent ses seules bases idéologiques possibles après l’échec de ses promesses inconsidérées.
En fait, depuis déjà plusieurs mois, ses porte-parole s’efforcent de placer le débat sur ce terrain. Guéant en est le chantre, car il connaît les tendances de l’opinion qui peuvent être encore exploitées en période d’insécurité sociale. Une offensive va se développer dans les prochaines semaines contre tous les symboles républicains utilisables, pour pratiquer la politique de la terre brûlée… et si ça ne marche pas, positionner in extremis un autre candidat.
François Hollande a parfaitement négocié son entrée sur le cap de bataille. Il a déployé les oriflammes, il a donné une feuille de route, et surtout il a replacé la bataille sur le champ des valeurs, et c’est déjà fondamental pour gagner au second tour !

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Cet article a 5 commentaires

  1. batistin

    Mr Hollande, dans son discours, avait l’air être… habité.
    Bien au-delà d’un tribun haranguant les foules, il avait l’air que nous avons tous , d’être en colère et… indigné.
    Bien au-delà du rôle que jouerait un acteur parfaitement, son intonation n’avait que les accents de la simple sincérité.
    Un brave homme à la colère sourde dont aucune insulte ou pire, aucune menace à son encontre ne semblent plus avoir de prise.
    Un brave homme en colère !
    Et, les braves gens sont toujours plus fort à la fin, quand ils brandissent les outils utiles aux champs pour faire tomber les princes du haut de leurs grands chevaux.
    Merci Mr Hollande, ce soir je me suis pris à croire que tout était encore possible !

  2. Nadine Bompart

    Pour commencer je vais dire une chose: il a été bon, très bon!!!! Habité, oui, sincère aussi!!!
    Dommage que ce à quoi il croit n’aille pas assez loin pour nous sortir de la m…!
    Rendre l’inégalité un peu moins inégalitaire. C’est bien, c’est mieux que rien, mais ça ne me fait pas rêver!!! Le coeur du système, il n’y touche pas. On devra continuer de faire avec, de se battre avec des armes pipées d’avance, et ça, ça reste profondément injuste!!!
    Pourquoi continuer à financer l’État par des emprunts aux banques et autres organismes de profits ? N’est-elle pas là, l’injustice majeure, celle dont dépend tout le reste ????
    Pourquoi persister à vouloir rembourser intégralement une dette inique, construite uniquement pour engraisser quelqu’uns au dépend du Peuple, et qui biaise toute vélléité de réforme profonde du système ?
    Vous ne me ferez pas croire, Mr Darmian, que vous n’avez pas lu le Programme du Front de Gauche, « l’humain d’abord », ni même son pendant économique « Nous, on peut! » de J. Généreux. Ne me dites pas que cela se résume à de belles phrases sur les Valeurs perdues de la République!!!! Pas vous….

  3. imagesports33@gmail.com

    Tu as raison Jean-Marie la fin du Sarkozysme …se rapproche à pas de Guéant !

  4. Quel monde souhaitons-nous pour la prochaine mandature ?

    Voilà en une question simple mais dont la réponse conditionnera le choix de notre prochain Président. Deux conceptions diamétralement opposées s’opposent: un pragmatisme économique sans saveur mais emprunt de réalisme à un monde égalitaire tel que l’a martelé Hollande hier lors de son premier vrai discours de campagne. En s’attaquant au monde de la finance Hollande a clairement installé un marqueur de gauche. Il rejoint là une frange de plus en plus importante de la population pour qui tous les maux se résument dans seul : l’argent et ce qui s’en rapproche. Cette approche manichéenne du monde dans lequel nous vivons ne doit fausser notre jugement. L’approche d’Hollande a le mérite de créer l’envie. Elle va se heurter dès jeudi à la froidure des facultés d’analyse de Juppé. C’est à ce moment précis que nous serons si Hollande a la trempe pour ce combat.
    Depuis le début cette « fausse » campagne sans adversaire le combat des idées n’a que peu commencé. Le PS a lancé ses premières banderilles l’UMP a envoyé aux feux sa première ligne que l’on peut sacrifier comme en 14 avec des fantassins comme Morano.
    Si Hollande perdure et il lui sera très difficile de revenir en arrière dans sa dialectique sur l’égalité nous aurons enfin un retour à un combat d’idée où s’opposeront deux conceptions de notre futur. Mais ce combat aura surtout l’avantage de ne laisser que peu de place à certaines idéologies extrémistes et populistes (au sens péjoratif du terme).

  5. Denis

    Mr Hollande a frappé fort, mais n’était-ce pas trop fort et trop tôt ? La politique est intéressante quand les voeux se transforment en action. J’attends de voir comment Mr Hollande va réussir à imposer le non cumul des mandats à ses « ténors » rivés sur leurs chaises d’élus et de cumulards. C’est appréciable de proposer des mesures et des concepts qui font « rêver ». Mais il ne faut pas se voiler la face. Cela va être dur, très dur.
    Maintenant, beaucoup d’idées (ou projets) peuvent paraitre intéressants. Mais, j’ai peur qu’une fois encore, les classes moyennes soient tirées par le bas.

    Je pense quand même que le problème reste tous ces courants au sein du PS qui à un moment donné il va falloir contenter d’une façon ou dune autre au risque de rogner fortement l’ensemble des projets/pistes/idées qui ont pu être évoqué(e)s par François Hollande ce week-end… A suivre.

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