C’est, ce soir, la dix-septième fois que je m’adresse à vous pour des vœux du nouvel an. Cette rencontre qui se veut essentiellement citoyenne, je l’avais en effet souhaitée dès 1996 avec l’espoir de regrouper, de manière aussi détendue que possible, toutes les composantes de la vie sociale créonnaise. Son ouverture à la population correspond à une volonté de l’équipe municipale de favoriser une nouvelle forme de démocratie reposant sur une volonté permanente de rendre compte autrement que par un magazine, aussi superbe soit-il, même sur papier recyclé.
Je ne crois pas que ce vecteur épisodique, dans un monde de la sur-information finalement désinformatrice, puisse remplacer un échange physique, direct et permanent. C’est le sens profond de cette rencontre citoyenne des vœux qui se terminera volontairement par la disparition des rois transformés en galettes !
Merci donc à vous toutes et à vous tous, responsables des administrations d’un État républicain se délitant, année après année, depuis 10 ans, au nom des nécessités budgétaires ; fonctionnaires des communes ou du Conseil général qui œuvrez chaque jour avec compétence et dévouement au service des plus démunis, des plus fragiles ou des plus déroutés par l’impitoyable complexité de la vie ; responsables associatifs communaux et intercommunaux dont on vérifiera dans les prochains mois le rôle fondamental que vous jouez dans cette période de crise financière et sociale et de disparition des moyens budgétaires antérieurs ; élus locaux du Créonnais qui, si l’on se fie aux allégations poujadistes, êtes trop nombreux, trop payés et surtout responsables de la déroute du pays alors que vous consacrez des milliers d’heures cumulées bénévoles à la gestion du quotidien des gens qui vous ont fait confiance ; entrepreneurs, commerçants, prestataires de services à qui on a laissé accroire que la prospérité passerait par des mesures spectaculaires mais inefficaces et strictement circonstancielles ; citoyennes et citoyens qui voulez témoigner de votre attachement à la proximité ; amies et amis qui souhaitez simplement rencontrer les autres et qui êtes venus pour nous faire plaisir,
votre présence croissante, année après année, démontre, comme le firent Régine ou René avec fidélité dans leur parcours, qu’il ne faut jamais renoncer à faire vivre ses idées et surtout à s’attacher à les transformer en actes concrets.
L’équipe municipale créonnaise constituée certes des élus mais aussi du personnel, apprécie à sa juste valeur le fait que, dans cette société pressée, égoïste, malmenée, sûre d’elle, devant être rentable à tout prix, vous ayez accepté de prendre sur votre temps pour aller à sa rencontre.
Je dois à la vérité de vous avouer qu’au cours de l’année écoulée, plus qu’au cours des autres, j’ai pu apprécier l’importance de la solidarité d’une équipe municipale.
Accaparé par de nouvelles responsabilités très exigeantes au conseil général ; toujours en charge des 40 salariés du Comité départemental du tourisme ; sollicité nationalement par l’association des Maires de France sur des dossiers chauds ; parfois par la lutte contre des réformes ineptes ; motivé par le club des villes et territoires cyclables à travers la France ou à l’étranger, j’ai constaté que Créon demeurait une ville bien gérée, sans moi, grâce à l’implication quotidienne d’élus responsables, sérieux et présents et à un personnel motivé et loyal. La répartition individuelle des tâches a démontré son efficacité à votre service.
Paradoxalement, je suis devenu fier d’être parfois inutile, et c’est, dans le fond, ma plus belle récompense pour le travail effectué pour assurer une relève.
Si vous êtes venus aussi nombreux pour entendre des propos optimistes pour cette dix-septième rencontre, il va vous falloir écourter votre présence, car jamais il n’a été aussi ardu de présenter des vœux crédibles, tant le contexte est incertain et même angoissant. En fait, comme le veut une phrase célèbre, « un pessimiste n’est qu’un optimiste qui a beaucoup d’expérience » et, j’en suis désolé, j’appartiens maintenant à cette catégorie là.
Pour imaginer l’avenir qui nous attend, il me faudrait les dons de la Pythie ou une extraordinaire capacité à aligner des promesses sans lendemains. D’autres, au plus haut niveau du pouvoir, ont ces talents. Pas moi. Je ne suis pas brillant, je le sais, mais je compense par le travail pour tenir mes engagements.
Les seules choses dont je suis certain, c’est que nous constituons, de plus en plus, la variable d’ajustement du monde du profit, et que nous allons payer au prix fort des erreurs de gestion nationale que je n’ai personnellement jamais cessé de dénoncer comme idéologiques, inutiles et strictement dirigées dans le même sens..
Je vais donc d’abord prudemment évoquer les grandes lignes de l’année écoulée car c’est à la fois certain et concret. Par les temps qui courent, c’est devenu presque exceptionnel car nous ne vivons plus que sur des effets d’annonce démentis quelques temps après par les dures réalités des faits.
Record de chômage, record de dette, record de déficit de la balance commerciale, record du nombre de taxes, record des déficits sociaux, record du niveau de change le plus bas de l’euro, record de détenus dans les prisons, record de hausses de tous genres au 1er janvier !
Rassurez vous, Créon n’a pas en 2011 contribué à ces records. Bien au contraire !
En 2011 Créon a paisiblement poursuivi la mise en œuvre de son pacte « social citoyen et durable ». Ce document, unique en France à ma connaissance, constitue, rappelons le, le guide des initiatives prises par tous les acteurs de la vie collective créonnaise et la référence pour tous les aménagements (…)
En 2012, nous vous faisons peu de promesses, mais simplement nous essaierons solidairement d’aller encore plus loin dans le respect des principes fondateurs de la gouvernance municipale.
Dans le secteur des déplacements, Créon sera la première ville de France à lancer après le Pédibus éducatif, le vélo bus éducatif, les contrats familiaux de déplacement « sur le chemin de l’école, le livret jeune et citoyen créonnais le « Véloscolib’ », qui offrira gratuitement une flotte de vélos recyclés gratuits aux enfants désireux d’aller ou de rentrer à bicyclette (…) et nous entrerons dans le mouvement Cittaslow.
Nous livrerons en mai ou juin, après bien des péripéties, une salle de sports de raquettes couverte qui suppléera l’ancien gymnase, détruit par des imbéciles malheureux. Elle servira aux écoles, au collège et au club de tennis créonnais.
Nous aurons à porter le très lourd et complexe dossier de la station d’épuration des eaux usées. La tâche sera rude mais nous avons anticipé en modifiant, pour 2012, le mode de calcul de la part communale d’assainissement, grâce à l’intervention citoyenne d’un Créonnais attentif aux textes et règlements. En 2012, la part fixe sera ramenée de 36 euros à 4 euros, évitant de pénaliser les petits consommateurs et les gens économes.
Désormais, il n’y aura plus que le prix du m3 pour refléter le coût de la part communale. La dépense pour mettre en conformité au traitement nécessaire des eaux usées entraînera en 2013 une forte augmentation de ce service. Je préfère vous en prévenir à l’avance, et je ne cesserai de le répéter en 2012 ! Faites moi confiance !
Nous accentuerons nos efforts déjà très importants en matière de gestion énergétique et d’eau potable, via un suivi très méthodique des consommations communales. Nous étendrons les constats effectués aux particuliers.
« La Piste sous les étoiles » deviendra manifestation des scènes d’été permanentes du Conseil général, le festival des Lutins s’annonce exceptionnel avec la reconstitution à Créon du groupe toulousain mythique de Zebda, en juin sera lancé un nouveau grand rendez-vous autour de l’écrit, et Créon recevra en juillet la première université populaire du vélo, créée par le club des villes et territoires cyclables.
Tous ces projets 2012 sont déjà subventionnés par le Conseil général, le conseil régional ou l’Europe et seront effectués pour la quatrième année consécutive sans recours à l’emprunt, ce qui nous permet d’être sereins dans le contexte bancaire actuel.
Nous ne promettons rien que nous ne pourrons pas tenir, mais nous sommes lucides : ce sont probablement les derniers dossiers du mandat en cours, tellement le contexte devient complexe et dangereux. Pour être clair et lucide : tout ce qui a été construit, réalisé, financé depuis une décennie à Créon ne pourrait plus l’être actuellement. C’est une certitude et c’est notre satisfaction, même si parfois ce fut un sujet d’inquiétude forte pour nous. Nous savons que nous ne pouvons plus rien attendre, à part des remontrances, de la part d’un État ruiné mais donneur de leçons de gestion ! Nous savons que les subventions vont se réduire. Nous savons que nous ne pouvons pas forcément compter sur la solidarité. Ce qui est fait n’est plus à faire, et on ne retiendra même pas les efforts qu’il aura fallu pour le faire.
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, chères et chers amis, la nécessaire relance de la citoyenneté repose sur une nouvelle vision de la démocratie participative directe devenue indispensable dans la période actuelle.
En cette soirée vous êtes très nombreux et j’ai conscience d’abuser de votre patience, mais je ne peux pas faire autrement que vous exhorter à prendre votre destin en mains en 2012. Les échéances électorales seront essentielles pour votre quotidien, pour votre avenir. Ne les manquez pas !
Je me permets de vous indiquer que je solliciterai à nouveau, avec Martine Faure, les 10 et 17 juin 2012, vos suffrages comme député suppléant.
J’ai accepté à nouveau de partir en campagne, car il aurait été lâche de ma part de me dérober, dans une période où il faut plus que jamais mettre ses actes en accord avec ses paroles. Martine Faure a été une excellent députée, assidue, sérieuse, présente dans tous les combats relatifs au mondé éducatif, de l’agriculture, de la défense des services publics, de la parité en politique. Je pense l’avoir aidée au maximum et donc je poursuivrai avec sincérité et loyauté mon parcours avec elle.
Nous serons toutes et tous solidaires autour de vous pour essayer en 2012 d’atténuer les effets d’une crise financière ayant de terribles conséquences sociales.
L’équipe municipale sera encore avec vous pour faire vivre une certaine idée de la gestion de notre commune et, en ce qui me concerne, au plus près de Philippe Madrelle, pour la gestion du Conseil général.
Nous aurons, plus que jamais, besoin de votre soutien réel, de votre implication citoyenne, de votre dévouement, de votre présence, pour que Créon demeure une ville vivante, dynamique, solidaire et inventive.
Nous vous adressons, dans un contexte social angoissant, nos vœux les plus chers pour que votre santé vous permette de tenir un rôle utile dans la vie familiale, dans le monde du travail ou dans celui de la vie collective.
Permettez moi de vous souhaiter en 2012 de savoir vous informer, de savoir vous cultiver, de savoir partager avec les autres, quelles que soient leur origine, de savoir vous distraire mais aussi de savoir résister, de savoir vous indigner, de savoir éviter les pièges de la facilité que sont la haine, le racisme, l’exclusion, le poujadisme.
« Je vous souhaite, chères et chers amis, l’année que vous méritez et qui récompensera vos efforts, car depuis quelques temps le mérite est confisqué par la seule notion du profit virtuel, néfaste à celles et ceux qui travaillent à l’intérêt général.
Je vous promets d’être, encore et toujours, avec mes collègues, comme depuis maintenant plus de 30 ans, au milieu de vous toutes et vous tous, aussi présent que possible, pour changer le monde et le rendre, à notre niveau, plus juste, plus respectueux de l’environnement, plus solidaire et plus citoyen !
Chères et chers amis, en 2012 il y aura justement 30 ans que mourait l’un des plus grands poètes français, Louis Aragon. Il chérissait la liberté, l’égalité, la fraternité. Il aimait la France pétrie d’humanisme et de sincérité. Nous lui rendrons un hommage particulier tout à l’heure avec nos deux amis qui m’ont offert en 2011 de beaux instants de bonheur grâce à leur bonne humeur et à leur humour, l’une des chansons les plus célèbres de Jean Ferrat construite sur un poème d’Aragon : « Que serais je sans toi ? »
Comme Aragon, je nous souhaite donc, en paraphrasant l’un de ses plus célèbres vers, que « notre avenir dépasse la main que je vous tends ce soir », que nous sachions ensemble le construire pacifiquement et durablement, dans un climat de tolérance et de respect des valeurs fondatrices de notre République ! Comme lui, en paraphrasant, je vous dirai ce soir « Que serions nous sans vous ? »
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