On a au moins une certitude : au moment de la publication des fameux palmarès de fin d’énnée, il est un prix qu’aucun média français n’égalera. En effet, le magazine « Time » a fait un choix pour sa personnalité de l’année qui est une espèce en forte voie de disparition en France. Une sorte « d’homo erectus », capable de se tenir droit dans la tempête et de faire face à toutes les situations au nom de valeurs à défendre. Une femme, ou un homme apte à risquer sa vie pour défendre ce en quoi il croit. Cet individu qui prend sur son temps pour protester, ne pas se résigner et ainsi apporter la preuve que seuls les combats que l’on n’a pas menés sont ceux que l’on perd de manière certaine. De l’autre côté de l’Atlantique il y a une rédaction qui a osé récompenser… le manifestant, en le désignant personnalité de l’année écoulée.
C’est un bel hommage aux millions de contestataires qui ont envahi les rues de nombreux pays en 2011, du Proche-Orient à la Russie en passant par les États-Unis ou l’Espagne. surtout pas la France, car quel que soit le poids des erreurs commises par le gouvernement UMP, chez nous on se contente de répondre à un sondage pour témoigner de sa… révolte. Et encore, ça dépend comment la question est posée et qui paye !
Ces manifestants « ont déjà changé l’Histoire et ils changeront l’Histoire à l’avenir », a expliqué le directeur de la rédaction de l’hebdomadaire, en annonçant ce choix à la télévision. Dommage qu’en 1968, ils n’aient pas eu cette idée. Imaginez un peu le « lanceur de pavés » présenté comme un héros ou l’occupant d’une usine, glorifié pour son esprit de résistance. Chez nous il n’y a plus vraiment de « manifestants », mais des « protestataires », qui se retrouvent entre eux pour se persuader qu’ils ont raison contre…tous ! Certes parfois, on en voit apparaître de manière impromptue, mais dans la plupart des cas, ils ne se rassemblent que pour défendre… leurs intérêts, et rarement l’intérêt général.
« Du printemps arabe à Athènes, d’Occupy Wall Street à Moscou », écrit en couverture l’hebdomadaire, avec l’image d’une personne jeune, à la bouche et au nez recouverts d’un foulard, les cheveux cachés par un bonnet. « Partout les gens ont dit qu’ils en avaient assez. Ils ont contesté, ils ont exigé. Ils n’ont pas désespéré, même quand les réponses sont arrivées sous forme de gaz lacrymogènes ou de balles » a expliqué le directeur du Times brutalement devenu révolutionnaire. C’est un peu comme si Le Figaro » décernait son prix annuel à un révolté des banlieues.
« Personne n’aurait pu savoir que lorsqu’un vendeur de fruits tunisien s’est immolé sur une place, cela générerait des manifestations qui ont fait tomber des dictateurs en Tunisie, Eygpte et Libye, et secoué les régimes en Syrie, au Yémen ou à Bahreïn » a ajouté celui par qui la belle surprise arrive ! Il est vrai que là-bas, ils avaient à défendre autre chose que leur point d’indice ou leur prime. Selon lui, personne n’avait envisagé que l’esprit de révolte « mènerait les Mexicains à se dresser contre la terreur des cartels de la drogue, les Grecs à manifester contre des dirigeants injustifiables, les Américains à occuper des espaces publics pour protester contre les inégalités et les Russes à se rassembler contre une autocratie corrompue ». Il a oublié les espagnols, révoltés contre le poids des marchés sur leur destin, ou les gens de Greenpeace luttant contre la fausse sécurité du nucléaire.
Ces gens courageux, qui risquent beaucoup pour convaincre, méritent véritablement cette « légion d’honneur » que leur décerne Time. L’auraient-ils fait pour les preneurs de La Bastille ou les révoltés face à l’anti-colonialisme, puisque « La personne de l’année » est une tradition pour l’hebdomadaire Time depuis 1927. Elle est désignée, après un vote du public, par ses journalistes. Ce n’est pas la première fois qu’un groupe ou un concept sont désignés « personne de l’année ».
En 2006, « vous » avait été la personne de l’année. En 1998, c’était « la planète en danger », en 1982 « l’ordinateur », en 1969 « la classe moyenne » et en 1950 « GI Joe », le soldat américain lambda. Alors que parfois le choix entre les finalistes fait l’objet d’âpres discussions, il s’est imposé facilement cette année. Et on ne peut que féliciter des journalistes d’avoir eu cette idée que je trouve géniale : « Il y avait un vrai consensus parmi nos correspondants et journalistes. Tout le monde a pensé que c’était le bon choix, le plus sérieux. Cela nous a semblé juste » a justifié le Directeur, dont le magazine fait, en pages intérieures, le portrait de 50 de ces manifestants dans le monde, dont un chien repéré lors des défilés organisés dans les rues d’Athènes… Dans le fond, on ne peut qu’admirer, sur ce point, les américains, beaucoup moins prudents, crispés, faux-culs que nous et qui souvent savent oser.
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Au royaume de la libre entreprise, l’action est reine.
Glorifier le manifestant, est-ce l’encourager dans son action ou tenter de l’intégrer ?
Pour l’adoucir…
Tant d’artistes musiciens notamment, qui tenaient dans leurs chansons des propos subversifs, ont été laminé par le succès d’estime, suivi du succès financier.
La mode des punks pour exemple, « no future » vendu finalement en panoplie pour sorties du samedi soir en boite de nuit.
Plus près de nous, la mode belle et émouvante des « flashmob », ces réunions surprise de chanteurs ou danseurs dans des lieux publics;
rattrapées elles aussi par les publicitaires, et vidées de leur sens,
elles n’auront plus lieu.
Le dessinateur Charles Burns, dont les dessins sont publiés dans Time est l’exemple même de cet état de fait.
L’univers noir, affolant, inquiétant du dessinateur est utilisé pour une critique décalée et humoristique de la société américaine,
utile au cynisme plus qu’à une réelle prise de conscience.
Les américains moins « faux-culs » ?
Oui, en un sens, leur machine démocratique ne s’embarrasse pas du fond ni du sens d’une action, seule compte la réussite de l’action.
L’entreprise de manifestations organisées devant Wall Street est une entreprise qui marche, et a su atteindre son but :
assurer gratuitement sa promotion, donner une âme à l’entreprise, ce qui en langage libertaire américain est l’assurance du prochaine cotation en bourse.
Nous verrons bientôt entrer à Wall Street quelques employés masqués.
En y regardant de plus près, leurs masque seront signés Prada.
Donner une âme à l’entreprise…
Âme chère aux publicistes, l’assurance d’une clientelle ciblée !
En France, le manifestant se fait rare. De passage place de la Bastille, j’ai constaté l’omniprésence des policiers « robocop » sur les lieux dispersant rapidement toute tentative de regroupement. En France, on apprend par le biais du réalisateur de « looking for Nicolas Sarkozy », que toutes les images diffusées du Président (pas encore candidat), sont l’exclusivité du service télévisuel de l’Élisée ! Que nos journalistes nationaux tutoient le Président !
Où se cache le quatrième pouvoir ? Certainement pas au journal de Pernaud, employé zélé du parrain du fils de Toopty 1Er, pas non plus dans le journal du valet en costume rayé Pujadas, mis au pas les journalistes honnêtes de FR3, passé à la trappe « Arrêt sur image ». Et la presse écrite, pas mieux entre la Pravda- Figaro et l’aberration-Libération dirigée par Demorand et Édouard de Rothschild propriétaire… Sartre doit faire une drôle de tête!
Reste la toile, que le pouvoir tente de museler par tous les moyens, sous couvert de défendre les droits à la création, HADOPI 1 puis 2 et bientôt , et LOPPSI 1 puis 2, sous couvert de lutte contre la cybercriminalité, la police, sur autorisation du juge des libertés, pourrait utiliser tout moyen (physiquement ou à distance) pour s’introduire dans des ordinateurs et en extraire des données dans diverses affaires, allant de crimes graves (pédophilie, meurtre, etc.) au trafic d’armes, de stupéfiants, au blanchiment d’argent, mais aussi au délit « d’aide à l’entrée, à la circulation et au séjour irrégulier d’un étranger en France commis en bande organisée » , sans le consentement des propriétaires des ordinateurs.
En 1949 George Orwell dans son roman 1984:
La liberté d’expression en tant que telle n’existe plus. Toutes les pensées sont minutieusement surveillées, et d’immenses affiches trônent dans les rues, indiquant à tous que « Big Brother vous regarde »
Et en 2011 Toopty 1er contrôle l’information et vidéo-surveille tout.
Il y a aussi Google Maps avec son extension Street View qui se balade en France et ailleurs et prend gentiment en photo, …tout !
Depuis Google Maps, déplacez le petit bonhomme jaune à gauche de la carte sur un lieu…
Evidemment que les visages et les numéros de plaques d’immatriculation sont brouillés, mais, en avançant dans l’image et en faisant un demi tort sur la vue, on finit par avoir et les visages et les plaques…
Ce qui est extraordinaire, c’est que toutes les photos prises l’ont été sans qu’aucun Maire d’aucune commune n’est été consulté avant.
Les bagnoles de Google se baladent en France comme nos ancêtres colonialistes se baladaient en Afrique, sans aucune vergogne.
Une chose est sûre, le Watergate ne peut pas exister en France!
À part le « Canard enchainé » (dont la lecture est toujours aussi instructive…), aucun journal d’aucune sorte ne se décale du « politiquement correct ».
C’est vrai que, au premier abord, ça surprend de la part du « Times ». Mais les manifestants Arabes, en risquant leur vie pour la liberté, ont ému bon nombre de gens. Et les Américains se rêvent encore en défenseurs de la Liberté. C’est donc un créneau porteur. De là à savoir si « Times » est d’accord avec le sens politique des actions « d’Occupy Wall Street »…