Il faudrait que nous soyons tous au courant…

Il arrive souvent dans une société médiatique de la simplification outrancière que les « bonnes » idées ne résistent pas à un examen objectif de leurs conséquences. Il paraît, par exemple, que la Droite veut enfoncer un « coin » dans le tronc des idées communes pouvant rapprocher les verts du PS lors des prochaines échéances. Il est vrai que c’est relativement facile, dans la mesure où EE LV tente de surfer, par peur de voir sa candidate retomber à moins de 5 % des votes aux présidentielles, sur une situation présente encore favorable.
Cette mouvance politique fait son unité sur deux concepts : le fait que les socialistes ont depuis trop longtemps renoncé à occuper, pour les leur déléguer, toutes les facettes d’une politique de développement durable, et l’idée simple que pour exister il faut absolument médiatiser des mesures polémiques. En fait, la conjonction des deux aspects se retrouve sur le nucléaire. Ces deux réalités pèsent en permanence sur les rapports entre deux familles qui vivent sur le fameux principe « je t’aime, moi non plus », alors que dans la gestion quotidienne, il est démontré que seuls des a priori désastreux peuvent empêcher la mise en œuvre de politiques utiles à l’intérêt général.
En fait, le grand sujet qui semble permettre à EE LV d’exister tourne autour du nucléaire. Dopés par la catastrophe de Fukushima, les écologistes exigent une « sortie du nucléaire », faute de quoi, pas d’accord pour 2012, même si Cécile Duflot patronne a semblé récemment moins exigeante, en remplaçant « l’abandon » par une autre formule moins contraignante : « Après Fukushima, la sortie du nucléaire est un horizon obligatoire »… ce qui constitue une vision plus réaliste de la situation présente.
Selon le PS, EELV a « manifestement eu une réflexion approfondie » sur le scénario du candidat « qu’ils n’avaient pas jusqu’à présent », étant « polarisés » sur « l’étiquette sortie du nucléaire ». Mais « l’important, ce n’est pas l’étiquette, c’est ce qu’il y a dans le pot ». Pas certain, pourtant, que l’on aille vers un accord rapide, surtout dans le contexte actuel, où il faut forcément un sujet « porteur » pour une campagne présidentielle où chacun doit avoir un fonds de commerce spécifique pour sa clientèle électorale du premier tour. En fait, il faudrait avoir une définition « construite » et beaucoup plus réaliste de cette « sortie » indispensable, mais qui ne peut en rien se débarrasser de la situation réelle !
Il existe, par exemple, une menace réelle sur la continuité de la fourniture électrique pendant l’hiver 2011-2012 et les hivers suivants, du fait que les pointes de consommation augmentent d’année en année, car la « prévention » a encore bien du chemin à faire en matière énergétique. Les choix de la fin du XXème siècle pèsent désormais fortement sur les modes de vie. Les subventions pour le « tout électrique » ont, par exemple, largement influencé la dépendance des ménages à cette source. Les oppositions systématiques, souvent générées par des groupuscules « d’égologistes » aux solutions alternatives (éoliennes, parcs photovoltaïques, barrages hydro-électriques…) et le retard considérable pris par la France dans la recherche, constituent des paramètres qu’il serait malhonnête de ne pas prendre en compte.
Exportatrice d’électricité durant presque toute l’année, la France est néanmoins importatrice lors des grands pics quotidiens, l’hiver vers 19 h. A cause du chauffage électrique, l’Hexagone est aussi le pays d’Europe dont la consommation augmente le plus par grand froid : pour chaque degré de température extérieure en moins, 2.300 mégawatts de puissance supplémentaires sont nécessaires, soit plus de deux réacteurs nucléaires, selon le transporteur d’électricité RTE. Comment éviter ces considérations qui collent mal avec des positions électorales circonstancielles ? En effet, il faut faire simplement une analyse du contexte pour devenir prudent.
Durant les hivers froids, comme ça a été le cas l’hiver dernier, on a importé jusqu’à 8.000 mégawatts, essentiellement d’Allemagne. Or cette énergie ne sera plus disponible. L’Allemagne sera importatrice nette d’électricité cet hiver, en raison de l’arrêt de huit de ses 17 réacteurs, décidé au printemps dans la foulée de la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon. Est-ce que, pour autant, on aura des pannes, ce n’est pas sûr, heureusement. Cela va dépendre du froid, du fonctionnement des réacteurs nucléaires en France, qui s’est beaucoup amélioré, de la disponibilité des moyens de productions ailleurs. L’Allemagne fera davantage tourner ses centrales à charbon, ce qui, bien évidemment, est excellent pour le réchauffement climatique. Il faut donc assortir la sortie programmée du nucléaire d’une clause indispensable de remplacement par une production au minimum identique d’électricité par des solutions alternatives. On est dans un contexte qui est plus inquiétant, car l’Allemagne et la Belgique sont, avec la France, les plus exposées. RTE, en charge des lignes à haute tension, doit présenter son propre état des lieux sur cette question dans les deux prochaines semaines.
Si, en pleine campagne des présidentielles, il faut rationner l’alimentation de certaines régions (La Bretagne notamment), il est certain que les « mots d’ordre » auront bien du mal à passer. La sortie du nucléaire doit être liée à un plan national de développement des énergies renouvelables, qui doit devenir une grande cause nationale. Il faut des objectifs, une méthode de travail, qui évitent les écueils actuels constatés, des soutiens effectifs aux porteurs de projets, un calendrier de diminution inéluctable de la production nucléaire et la création, à mon humble avis, d’une ministère spécifique de l’énergie qui puisse intervenir directement dans toutes les régulations à instaurer. Bien évidemment, ce n’est guère porteur électoralement, mais je l’assume totalement. Au rsique d’en rendre certains verts de rage !

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Cette publication a un commentaire

  1. Garnier

    Je partage totalement ce point de vue. Oui a la sortie du nucléaire et mettons nous autour de la table avec les verts et tous ceux qui partagent cette orientation pour programmer la sortie. L’écologie durable ne peut pas se réaliser en un jour. Il existait des programmes d’énergie hydraulique sur la garonne qui ont été abandonné pour le nucléaire. Il est temps de remettre les bureaux d’études au travail.

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