Mais pourquoi n’a-t-on pas eu l’idée plus tôt ? C’est un vrai mystère. Enfin presque. Il suffit que la chancelière allemande hausse légèrement le ton pour que les banques annulent la moitié de la dette grecque. Cette décision prise il y a déjà plusieurs mois aurait évité des mois de spéculation financière savamment orchestrée autour de l’angoisse d’une faillite potentielle d’un pays de la zone euro. Notre Chef de l’État français va inévitablement se présenter comme le « sauveur », comme celui qui après avoir dézingué Kadhafi a trouvé la solution miracle à la violente crise qui secoue l’Europe. Chômage en hausse ? Ce n’est pas lui mais c’est l’affaire de son « premier collaborateur » parachutiste. Commerce extérieur au plus bas ? Pas un problème, il ira faire un tour au Qatar et il sauvera une balance en péril. Augmentation des taxes ? Pas de responsabilité car lui, il a toujours été hostile et il cède aux pressions de ses « amis ». La TVA des restaurants ou des travaux de rénovation en hausse ? Il a dû céder en raison des pressions extérieures. En fait, il marche sur l’eau, guérit les maux du Peuple et porte la croix des malheurs d’un monde qui lui est hostile. Il n’est pour rien dans tout cela… et il faut rayer des tablettes toutes les réformes ou mesures inutiles qu’il a mises en œuvre pour favoriser les adeptes de la libéralisation du profit.
En fait, on s’aperçoit que les banques pouvaient depuis longtemps assumer leurs responsabilités dans une affaire qui les concernaient. Toutes les mesures drastiques prises contre les peuples étaient en effet évitables, puisqu’en supprimant la dette grecque on leur a donné un bol d’air boursier exceptionnel ! le paradis, le nirvana du boursicoteur qui, après avoir fait chuter les actions des établissements concernés les rachètent à bas prix. Un pactole exceptionnel que les traders vont mettre de coté pour demain ou après-demain relancer autour de l’Italie une opération similaire. Les valeurs bancaires se sont distinguées de manière spectaculaire : une véritable résurrection ! Le Crédit Agricole, BNP Paribas et Société Générale ont enregistré les plus fortes hausses du CAC 40 avec des progressions respectives de 21,96%, de 22,54% et de 16,92%. Du rarement vu dans la vie des profiteurs. Imaginez un peu le bonus fait par les vendeurs sur une seule séance !
Le plan sur lequel les dirigeants européens se sont mis d’accord porte notamment sur une recapitalisation des banques, mais les établissements français ont dit ne pas avoir besoin d’aide pour y parvenir. Ils sont assez riches pour se permettre de dédaigner les propositions des États. Les besoins des établissements européens ont été chiffrés à 106 milliards d’euros par l’Autorité bancaire européenne (EBA), dont 8,8 milliards d’euros pour les banques françaises soit moins de 8,5 % de la dette. Ces besoins devront être comblés d’ici la fin du mois de juin 2012 avec simplement les bénéfices enregistrés sur les opérations de spéculation réalisées d’ici là !
En France Natixis aurait besoin de 3,4 milliards d’euros. Société Générale et BNP Paribas respectivement de 3,3 milliards et de 2,1 milliards d’euros de capitaux frais. De son côté, Crédit Agricole n’aurait pas besoin d’augmenter son capital. Ces tests se basent sur un ratio de fonds propres « durs » de 9% et intègrent une prise en compte des titres d’Etats européens à leur valeur de marché. Dans le fond, en les libérant de l’hypothèque de la faillite pure et simple de la Grèce, on a sauvé… les banquiers européens ! pourquoi n’a-t-on pas décidé de cette remise gracieuse plus tôt !
BNP Paribas a annoncé qu’elle ne ferait pas appel au marché pour se recapitaliser. « BNP Paribas confirme qu’il sera en mesure de se mettre en conformité avec les nouvelles règles de l’ABE (…) sans avoir à faire appel au marché ». De son côté, Société Générale a également confirmé qu’elle serait en mesure d’atteindre le niveau de capital requis par ses propres moyens, sans faire appel aux fonds publics. Le Crédit agricole ne risque rien… et il n’y aurait en définitive que Dexia qui a payé les pots cassés d’une gestion calamiteuse de son rôle d’emprunteur pour prêter !
C’est vrai que François Fillon, qui dirige le pays, a le profil idéal du visionnaire car en réagissant aux propos que DSK avait tenu sur TF 1 qui plaidait pour « un effacement de la dette grecque », le Premier ministre français avait catégoriquement exclu, lors d’un meeting de l’UMP à Pons, en Charente-Maritime, tout effacement de la dette de la Grèce, un scénario qui signifiait, selon lui, « que le laxisme budgétaire d’un État est financé par les autres ».
« Cela signifie des pertes pour tous les pays qui ont prêté à la Grèce », avait-il ajouté de manière péremptoire. « Certes, la crise a révélé les lacunes dans l’organisation européenne, dans notre union monétaire », avait admis François Fillon. « Mais il ne faut pas en tirer les mauvaises conclusions (…). « Certains dans leur panique envisagent de couvrir ou d’exclure tel pays incapable d’assumer les contraintes de la monnaie unique », avait déploré le chef du gouvernement.
« Ceux qui jouent avec l’idée que l’Europe renonce au remboursement des prêts consentis à la Grèce, bref ‘prenne ses pertes’, ont-ils réfléchi aux conséquences de ce type de décision? », s’est-il interrogé. « Ceux qui mettent en avant cette solution pensent qu’il s’agit d’une recette miracle qui allègerait la contrainte qui pèse actuellement sur la Grèce. Mais rien n’est moins certain ! » ces citations seront certainement rappelées à celui qui…gère le redressement d’un pays qu’il avait déclaré en faillite. Nul doute que ce soir Nicolas Sarkozy s’appuiera sur ce discours pour expliquer que c’est grâce à la France que l’euro a été sauvé !
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Nous prendrait-on pour des gogos ?( question idiote et irrespectueuse !)
Les fameuses agences de notation ne seraient -elles pas un moderne Croquemitaine destiné à semer la terreur dans le bon peuple, pour mieux permettre l’apparition du sauveur ?
Ou bien un Auguste qui permettrait de mettre en valeur le petit clown blanc ?
En attendant, grâce au lien ci-dessous, informez vous donc de la façon dont on peut éviter de payer plus d’impôts….., si l’on est riche.
http://www.acrimed.org/article3704.html