Après les présidentielles de 2012, la France au régime grec !

Quel est l’homme le plus puissant dans le contexte économique actuel ? Un Président de la République ? Un Président du FMI ? Un Secrétaire général de l’ONU ? Un Président du Conseil des Ministres de l’Union Européenne ? Le Président du G 8, du G 20 ou du G quelque chose ? Point du tout ! Ils doivent tous s’incliner devant le Directeur de Standard & Poors, l’une des agences de notation mondiale qui peut, par un simple communiqué, mettre à bas toutes les décisions d’un Parlement, aussi démocratiquement élu fût-il ! C’est un constat qui confirme l’affaiblissement, voire la disparition, du « politique » face à l’économique, et qui justifie le désintérêt des peuples pour des élections qui ne nomment que des « collaborateurs » d’une gestion mondiale, sur laquelle ils n’ont aucune prise réelle. La notation de Standard & Poors a infiniment plus d’importance pour le quotidien des Peuples que le sommet du G 8 à Deauville qui a pourtant coûté des sommes folles à l’État Français.
Début juillet, l’UE et le FMI doivent, par exemple, procéder au versement de la cinquième tranche de 12 milliards d’euros du prêt accordé au pays en 2010, et d’un total de 110 milliards d’€ sur trois ans aux Grecs. Tous les Français s’en moquent comme de la chemise qu’ils ont achetée en solde. Et pourtant, ils devraient être attentifs aux décisions nécessaires pour que ce soutien strictement financier soit honoré car… elles pourraient fort bien suivre l’élection présidentielle en France. Sans changements majeurs, mais révisé dans ses détails, afin de tenter de calmer la grogne sociale, le plan du gouvernement prévoit l’accélération des privatisations (qui doivent rapporter 50 milliards d’euros d’ici 2015) ainsi que de nouvelles hausses d’impôts, la réduction de la masse salariale de la fonction publique et de certaines allocations sociales. Il n’en sera pas question bien entendu en France avant que le vote pour l’Elysée soit acquis, et tant que Standard & Poors ou tout autre organisme de notation sur la solvabilité « épargnera » un gouvernement ultra libéral, alors qu’ils ont eu la peau des socialistes portugais, et qu’ils espèrent avoir celle des socialistes grecs. Ce n’est qu’une question de mois…
Incapables de réformer leur société corrompue par l’individualisme et le culte du profit non solidaire, les « politiques » entassent les mesures qui les discréditent, car elles sont en décalage complet avec leurs engagements électoraux. Le projet de loi en Grèce annonce également l’introduction d’une contribution obligatoire exceptionnelle que Michel Rocard avait créée et qui lui avait valu une impopularité notoire. La France a un outil de péréquation exceptionnel, mais que, bien évidemment, le gouvernement n’emploiera pas, car son objectif est plutôt de supprimer l’ISF, d’enterrer les class-actions ou de déguiser le bouclier fiscal. Les socialistes ont eu raison, malgré les apparences, de remplacer l’abaissement du plafond d’exemption de l’impôt sur le revenu qui avait initialement été annoncé, par cette contribution obligatoire généralisée, si elle prend en compte les profits financiers à tous les niveaux.
En Grèce, plus de niches fiscales, mais une augmentation exceptionnelle pour 2011 des taxes sur les signes extérieurs de richesse que sont yachts, piscines et voitures de luxe est également prévue, tandis que certains produits qui bénéficiaient jusqu’à présent d’une TVA réduite à 13 % vont rejoindre le taux commun à 23 % à partir du mois de septembre. Rassurez-vous, ce seront des mesures que notre pays ne mettra en œuvre qu’après 2012, et encore, il n’est pas certain que les piscines soient… du lot, quand on voit les réactions sur les œuvres d’art. Il aurait était si simple d’exonérer ces œuvres au premier achat, mais par contre de les taxer à la revente, quand la plus value dépasse un certain niveau, car c’est la spéculation qu’il faut traquer, pas l’intérêt pour l’art !
En Grèce, les retraités de moins de 60 ans touchant une pension sont soumis à une contribution fiscale exceptionnelle de 8 %, qui doit rapporter 176 millions d’euros sur 2011 et 2012. Le gouvernement prévoit un renforcement du contrôle du travail au noir, qui doit rapporter 1,3 milliard d’euros à partir de 2013, et ce jusqu’en 2015. On a encore du temps, chez nous, puisque les fonctionnaires ayant en charge ces contrôles sont morts au champ d’honneur de la RGPP, afin de faire plaisir aux patrons poujadistes ruinés par les contrôles fiscaux. En Grèce, il faut récréer en toute hâte les postes supprimés ! Les privatisations vont s’accélérer, et le gouvernement a avancé à 2011 la date d’une cession cruciale, initialement prévue en 2012 : celle de l’organisme de paris sportifs du pays ! Le reste suivra par pans entiers, comme l’exigent les pays européens qui ont choisi de nier l’intérêt des services publics.
L’agence de notation Standard & Poor’s a, en effet, abaissé de trois crans la note de la dette souveraine à long terme de la Grèce, de B à CCC, et l’a assortie d’une perspective négative, jugeant que le pays risque de plus en plus de devoir restructurer sa dette d’une manière que l’agence de notation qualifierait de « défaut », sous entendu non conforme sur le plan « institutionnel ». La note grecque n’est désormais plus qu’à trois crans du D, la note la plus basse attribuée par S&P. La perspective est négative, signe qu’un nouvel abaissement est attendu d’ici 12 à 18 mois.
L’agence précise que ce nouvel abaissement aura sans doute des répercussions sur les notes qu’elle attribue aux quatre principales banques grecques. Le communiqué de S&P s’est immédiatement traduit par un effacement des gains affichés par l’euro contre le dollar. Une efficacité exceptionnelle. Quelques instants après l’annonce, l’euro s’échangeait en effet à 1,4357 dollars alors qu’il valait 1,4368 dollars juste avant. Mais que fait le Président du G 8 ? Heureusement, Mme Lagarde va arriver au FMI, et elle pourra ainsi préserver la France d’un tel avatar. Imaginez qu’elle soit contrainte de venir à la rentrée à Paris pour expliquer que ce qu’elle a fait depuis des années était inutile et inefficace ! Elle sera reçue à l’Elysée pour… donner ses ordres à Nicolas Sarkozy !

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Cet article a 5 commentaires

  1. Gilbert SOULET

    Bonjour,

    C’est la raison pour laquelle j’ai soutenu une autre candidature : celle d’Aurélie Trouvé ( 31 ans ) d’ATTAC-FRANCE, même si Elle n’avait aucune chance d’être choisie à la tête du FMI !

    Résolument,
    Gilbert de Pertuis en Luberon

  2. HERNANDES JF

    Difficile de choisir… comme la chanson, sauf que là on connaît déjà l’air !!! Ne parlons surtout pas des paroles, car nous risquerions d’être déçus.

  3. facon jf

    Les agences de notation internationales et le FMI préparent notre futur programme Présidentiel

    PARIS (Reuters) – vendredi 10 juin 2011 13h55

    L’agence de notation Standard and Poor’s pourrait remettre en cause la note « triple A » de la France à l’horizon 2020 si celle-ci n’amplifie pas la réduction de ses déficits et ne mène pas de nouvelles réformes de la Sécurité sociale.

    Dans une étude sur le vieillissement de la population publiée vendredi, S&P souligne en revanche que le AAA pourrait être maintenu jusqu’en 2050 si la France parvient à équilibrer ses comptes publics en 2016, toutes choses égales par ailleurs.

    La note AAA accordée à la France par les trois principales agences de notation internationales lui permet d’emprunter à des taux avantageux sur les marchés financiers pour couvrir ses déficits et refinancer sa dette publique.

    « Si les autorités françaises ne poursuivent pas la réforme du système de retraites, ne continuent pas de modifier le système de Sécurité sociale et ne consolident pas la situation budgétaire face à la hausse des dépenses de santé et de retraites, il est peu probable que Standard and Poor’s maintienne sa note AAA », lit-on dans cette étude.

    Mais en l’absence de progrès supplémentaires, la situation des finances publiques de la France serait plus proche de celle d’un pays noté AA en 2020, d’un A en 2025, d’un BBB en 2030 et d’un pays noté en catégorie spéculative avant 2040, dit l’étude.Le FMI le disait déjà en mars 2010 :

    Le FMI plaide pour des mesures d’austérité dès l’an prochain

    dimanche 21 mars 2010 15h04

    PEKIN (Reuters) – Les pays développés avec des déficits publics élevés doivent commencer dès aujourd’hui à préparer leurs opinions publiques aux mesures d’austérités qui seront nécessaires à partir de l’an prochain, a estimé dimanche le numéro deux du Fonds monétaire international.

    Selon John Lipsky, directeur général adjoint du FMI, l’ampleur des ajustements qui vont devoir être mis en œuvre est si vaste qu’ils risquent de se traduire par un recul des allocations santé et retraite, une réduction des dépenses publiques et une hausse des impôts.
    De Gaulle, lors de la conférence de presse tenue le 28-10-1966 à l’Élysée a déclaré : « La politique de la France ne se fait pas à la corbeille ».( corbeille ancienne appellation de la bourse à cette époque).

    Si De Gaulle revenait parmi nous il pourrait constater que ce sont les financiers du FMI et les agences de notation internationales qui font la politique de la France !

    he who pays the piper calls the tune

    Qui paie le bal mène la danse

    Notre Démocratie laisse la place à la ploutocratie!
    (La ploutocratie : (du grec ploutos : richesse ; kratos : pouvoir) consiste en un système de gouvernement où l’argent constitue la base principale du pouvoir. D’un point de vue social, cette concentration du pouvoir dans les mains d’une classe sociale s’accompagne de fortes inégalités et d’une faible mobilité sociale.)
    Bonne journée.

  4. Christian BAQUE

    Après la Grèce, le Portugal, l’Espagne… la France ?
    Tu as raison pour les agences de notation. Mais elles ne sont que l’expression du système. C’est Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, qui vient de déclarer qu’il est « urgent de renforcer les règles afin de prévenir tout laxisme budgétaire ». Le 2 juin, il a préconisé que « les autorités européennes (…) pourraient, et devraient, le cas échéant, prendre elles mêmes les décisions qui s’appliquent au niveau de l’économie concernée », et qu’elles aient même « le droit d’opposer leur veto à certaines décisions de politique économique nationale », en particulier « les principaux postes de dépense budgétaire ».
    Oui, vous avez bien lu : déjà réduits à peu de chose (hormis transposer les directives européennes et respecter le traité de Maastricht), les Parlements nationaux perdraient tout zeste de souveraineté !
    Des Parlements soumis à un veto supranational ; des syndicats contraints de respecter « l’obligation » de réduire les déficits publics ; des partis soumis au consensus sur la même question : la « solution » de Trichet à la « crise de la démocratie représentative »… c’est la suppression de la démocratie !
    Mais attention : vouloir passer de la dictature des déficits publics à la dictature tout court ne ferait que précipiter la marche à l’explosion. L’histoire se souvient qu’avant Trichet, un autre « Monsieur Veto » a contribué, bien malgré lui, à la chute de la monarchie…

  5. puig

    Ferrat chantaitdans: pauvre Boris
     » faire sauter à la dynamite la bourse avec le panthéon pour voir si ça tuera les mites qui nous dévorent tout du long »
    essayons!!!

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