Il est à peu près certain que le sujet qui va occuper le devant de la scène médiatique durant les mois qui précèdent les élections présidentielles sera celui de l’immigration. Pas question d’éducation, d’emploi, de pouvoir d’achat, de libertés individuelles, de destruction des services publics, puisque l’essentiel des débats tournera autour de l’arrivée sur le territoire français de personnes en déserrance. Tout sera fait pour que ces phénomènes, aussi vieux que l’humanité, éclipsent tous les autres. Les mêmes causes produisant inexorablement les mêmes effets, et surtout les mêmes réactions, on connaît déjà la suite : exaltation insidieuse de la xénophobie, pour un transfert des responsabilités de situations incontrôlées, vers des minorités expiatoires. Ce fut ainsi au cours du siècle écoulé, durant des périodes plus ou moins longues…et avec des conséquences plus ou moins désastreuses. Il est vrai que les phénomènes migratoires ne sont présentés que de manière simpliste aux populations, avides de prêts à penser faciles, alors qu’ils ont toujours des fondements d’une extrême complexité.
Lorsque les Européens du Mayflower traversent sur un bateau fragile l’Océan Atlantique, pour aller amorcer la conquête du territoire des Amérindiens, sont-ils de meilleurs migrants que les Français qui partent au XIX° siècle coloniser le territoire algérien ? Quelles sont les circonstances qui leur font tout abandonner pour aller chercher « fortune » ailleurs que chez eux ? Est-on certain qu’elles soient différentes de celles des millions de personnes qui fuient leur village pour d’hypothétiques « eldorados » ? Peut-on assurer que la réaction des autochtones a beaucoup varié en pareille circonstance ? La crise économique, la famine, la répression, la maladie restent-elles des constantes d’une immigration intra européenne ou extra européenne ? Autant de questions que le libéralisme écarte systématiquement, alors que ce sont ses penseurs qui ont conçu le grand marché mondial reposant sur le seul mythe du profit, fruit de la libre circulation des biens et des personnes, dans une concurrence elle aussi libre et non faussée.
« L’immigration est un sujet complexe, qui réclame expertise tout autant qu’humanisme, rigueur tout autant que générosité. L’asile, c’est la protection accordée aux personnes qui fuient la persécution, la tyrannie. Et contrairement à ce que j’entends souvent dire, la France n’est pas le pays européen le plus généreux pour accorder le statut de réfugié. Elle n’est pas non plus, proportionnellement à sa population, le premier pays d’accueil en Europe. Mais la multiplication des déclarations fracassantes et la stigmatisation d’une partie de la population finissent par porter gravement atteinte à notre image dans le monde. Il nous faut donc rester vigilants. L’immigration est un défi et certainement une chance, encore faut-il savoir en mesurer les enjeux » expliquait récemment Pierre Henry, directeur général de l’association France Terre d’Asile. On a en effet, au cours des mois passés, carrément exploité des arrivées sur le territoire français (voir les Roms !), alors que les difficultés n’existaient pas encore autour de la Méditerranée. En faisant monter, alors que le danger est restreint, les plus bas instincts de l’Homme, on s’expose à ne plus pouvoir les contrôler lorsque le contexte devient plus préoccupant. Il faut donc inévitablement, en pareilles circonstances, franchir un pallier supplémentaire.
Plus de vingt-mille migrants, essentiellement des Tunisiens, sont arrivés en Italie suite aux soulèvements d’Afrique du Nord. L’Italie s’est plaint de ne pas recevoir suffisamment d’aide de l’Union Européenne, et leur a accordé des visas temporaires. Ceux-ci leur permettent de voyager entre les vingt-cinq pays de l’Union européenne qui ont signé l’accord de Schengen. Quelles sont les causes de cet afflux ? Qui en porte la responsabilité? Les migrants ont-ils réellement un autre choix ?
De nombreux Tunisiens se sont rendus en France pour rejoindre l’importante minorité tunisienne là-bas, conduisant à un conflit diplomatique entre Paris et Rome. La France a suspendu la circulation de trains transportant des migrants à un poste frontalier il y a une semaine. La France a déclaré qu’en vertu de l’accord de Schengen, l’Italie devrait gérer cet afflux de migrants sur son territoire. La Commission européenne reconnaît que l’arrivée de migrants en Europe du Sud a eu un impact sur l’accord de Schengen, mais selon elle cela ne veut pas dire que cet accord doit être abandonné… Toute suspension, même temporaire, serait significative, car l’introduction du voyage sans passeport dans une grande partie de l’UE est considérée comme l’un de ses principaux accomplissements. L’Europe des « nations » reste endormie dans les tiroirs de l’Histoire mais elle peut ressortir à chaque instant. D’ailleurs elle vient de pointer le bout de son nez avec une déclaration venant de l’Elysée. La France réfléchit à un renforcement de la clause de suspension provisoire de Schengen, face à l’afflux de migrants venus de Tunisie et de Libye, via l’Italie. C’est parti !
« La gouvernance de Schengen est défaillante (…) Ce qu’il nous semble, c’est qu’il faut réfléchir à un mécanisme qui permette, lorsqu’il y a une défaillance systémique à une frontière extérieure (de l’UE) d’intervenir, en prévoyant une suspension provisoire, le temps que la défaillance soit réglée », a affirmé la présidence française qui a vite été démentie, dès que les médias ont massivement repris dans les journaux télévisés une « fuite » délibérée et totalement tape à l’œil puisque l’accord en lui-même n’a jamais prévu une suspension liée à ce qui se passe en ce moment en Italie. Seule une « menace grave pour l’ordre public ou la sécurité intérieure » peut « exceptionnellement » justifier la réintroduction du contrôle aux frontières, durant une période limitée d’une durée maximale de trente jours, éventuellement renouvelable tant que la menace subsiste… Mais quelle menace ? Celle de quelques milliers de Tunisiens ou celle de perdre les élections présidentielles ? La seule menace c’est celle de continuer à faire grandir la peur car c’est la plus mauvaise conseillère des électrices et électeurs devenus des loups pour les autres Hommes.
« Des loups, charmante Elvire, des loups qui étaient arrivés dans la nuit de l’intolérance quand
« Les hommes avaient perdu le goût
De vivre, et se foutaient de tout
Leurs mères, leurs frangins, leurs nanas
Pour eux c’était qu’du cinéma
Le ciel redevenait sauvage,
Le béton bouffait l’paysage… alors… »
Réécoutez la chanson de serge Reggiani, le Rital, qui fut un sans papier venu d’Italie !
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Sarkozy a raison : l’immigration est un fléau.
Ce fils d’immigré hongrois qu’on a généreusement accueilli en est la preuve vivante.
Transformons Sarko One en charter et renvoyons le chez lui avec sa tribu.
Pas besoin d’attendre 2012.
Au moins, il pourra mettre ses idées en pratique et se défouler dans les pogroms contre les Roms qui se déroulent dans ce pays.
Dormez, braves gens,
dormez*, il y a Guéant !
De jour comme de nuit,
« zible » ou cible,
il gagnera contre ces odeurs et ces bruits,
G(u)éan l’invincible…
(*les volets clos tout de même)