Le libéralisme imprègne de plus en plus les esprits car il laisse soit disant à tout le monde sa « chance » de réussir par son mérite et de devenir riche. On a même introduit le concept du « mérite » dans la fonction publique, puisque l’on récompensera par une prime exceptionnelle ceux qui auront eu le mérite de…seulement faire le travail pour lequel ils ont été recrutés. A moins que le mérite d’un responsable soit de démontrer un zèle particulier à appliquer des textes difficiles à mettre en œuvre, puisque contraires à l’intérêt général !
En fait, quand j’étais jeune, le parangon du libéralisme et de l’esprit d’entreprise se nommait John Davison Rockfeller, lui qui, selon la légende, vendit une pomme que lui avaient donné sa maman intégriste religieuse et son papa, qui soldait des produits miracles sous forme de pétrole brut, pour soigner des douleurs. Avec la somme recueillie, il se lança ainsi, dès son enfance, dans le commerce. Son papa Baptiste était en effet un marchand de « médicaments-miracles » et parcourait le pays. Sa mère lui apprit très jeune que le devoir de tout chrétien était de faire des dons à l’Église.
Dès son enfance, John Davison Rockefeller s’était donné pour but de devenir un grand homme d’affaires, et avec l’argent de « SA » pomme il en acheta deux autres, et ainsi de suite jusqu’au moment, en 1860, où il se lança dans les affaires avec un associé. Ils créèrent une maison de courtage en grains, viandes et autres produits alimentaires. C’est lui, l’idole de la réussite par le fric…et désormais toute notre société de l’ultra libéralisme fade, sans opinion, indifférente aux valeurs, comme celle qui faisait face à ce fada du bling-bling sur TF1, tend vers ce seul but.
On en arrive à des moments cocasses avec l’économie souterraine des banlieues, qui est condamnée, alors qu’elle n’est que l’exploitation maximum du principe de la demande et de l’offre, valable pour l’alcool et le tabac, mais outrancièrement méprisante pour le cannabis !
Tout le monde sait que ces jeunes paumés, sans repères culturels, ne rêvent que du fric rapide, de la frime, des apparences, de la sensation que leur avenir passe par des sommes folles récupérées en quelques heures. Impossible de les persuader que le travailler plus pour gagner plus constitue une forme rentable de l’occupation de leur temps. Le commerce devient ainsi le moteur du progrès social et l’exemple s’adapte dans l’esprit des enfants. La société admet les trafics licites, les mensonges permanents d’Etat, et loue ces gens qui affichent les fastes de la réussite financière. Rien à dire quand le système dérape !
Le trafic lui avait rapporté le large bénéfice de…28 euros. Un ado de 12 ans est convoqué en conseil de discipline dans son collège d’Entraigues-sur-la-Sorgue, près d’Avignon pour avoir revendu dans son établissement des sucettes. Le garçon avait suscité l’engouement de ses camarades en amenant dans la cour du collège une de ses trouvailles: une grosse sucette, communément appelée «couille de mammouth». Il a alors eu l’idée d’en vendre à ses amis, en échange de quelques pièces. Il a ainsi écoulé quatre boîtes de 36 sucreries, tirant de ces ventes un bénéfice total de 28 euros – certains bonbons ayant été cédés à prix coûtant.
Seulement, ce petit trafic a interpellé le personnel de l’établissement, qui s’est rendu compte que les élèves passaient des heures à mâchouiller les sucettes. Le dealer de bonbons est alors convoqué chez le CPE (qui vend lui des chocolatines au profit du Foyer de l’établissement sans ressources) et est forcé à rédiger des aveux. Une garde à vue ?
La famille de ce Rockfeller de la « couille de mammouth » reçoit même, par lettre recommandée, une convocation pour un conseil de discipline, prévu le 17 février, au motif de « commerce illégal dans l’établissement ». Ouf ! On va avoir une jurisprudence pour les gamins qui écoulent des billets de tombolas, des calendriers au profit de l’UNSS. « Au début, j’ai pris les choses avec le sourire», a déclaré la mère du collégien à La Provence, « il ne vend pas du shit tout de même ». Enfin presque, car on ne connaît pas le parfum des plantes dans lesquelles se sont roulés les mammouths !
« Je n’accepterai pas que l’on ne mentionne pas qu’il s’agissait d’un commerce de sucettes», a t-elle poursuivi. «Je ne veux pas que cela le suive toute sa scolarité, et que l’on pense qu’il a vendu de la drogue. Tout ceci est complètement disproportionné. Des heures de colle auraient suffi». Et encore ! Peut-on reprocher à un enfant de vouloir faire du commerce, quand celui de la France, tournée vers l’extérieur, est en chute libre. Il pourrait, avec le soutien des « Guignols de l’Info » qui avaient brocardé Edouard Balladur sur la base du surnom que lui avait donné Jacques Chirac, vendre des « couilles molles » estampillées UMP… et être traduit en correctionnelle pour usurpation d’un modèle déposé. Ce collégien devrait être récompensé et obtenir un prix de mathématiques car il doit être le seul à avoir parfaitement maîtrisé ce que nous apprenions il y a trop longtemps au cours moyen : « bénéfice = prix de vente – prix de revient ». une formule simple qu’aucun collégien ne connaît par cœur, pour résoudre un problème à l’énoncé tellement banal que mon vieIl instit’ en aurait fait une crise de désespoir. Elle pourrait permettre à Madame Lagarde de résoudre le déficit de la France si elle savait simplement l’appliquer pour faire du bénéfice », appelé en finances locales de l’autofinancement.
Le collégien prodigue appliquait même les principes des grandes surfaces, car pour fidéliser sa clientèle, il faisait aussi du « prix coûtant ». Pour une fois qu’un collégien français est en avance, et a parfaitement compris le principe du capitalisme, qui consiste à satisfaire les consommateurs au détriment des citoyens, il est sanctionné par l’Education nationale, comme si dans cette société du fric roi, les adultes bénéficiaires de primes pour « fayotage » avéré, étaient plus respectables que les petits commerçants ! Ce gamin surdoué est probablement le plus précoce des élèves de HEC, et il aurait mérité d’être dans le panel de TF1 face au bonimenteur présidentiel !
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Il existe une loi qui interdit la vente des sucettes ?
Si ce n’est pas le cas et si notre petit faitout apprend ça, il va probablement faire voter dans l’urgence un texte pour combler ce vide juridique intolérable.
C’est vrai que la c…humaine atteint parfois des sommets : je me suis vu menacé de sanctions, il y a quelques années, par un responsable du service qui s’appelait alors l’Equipement.
Motif : cultive illégalement le domaine public.
En effet j’avais planté en automne, sur la partie non goudronnée du trottoir devant ma maison, pour mettre un peu de gaiété dans la rue,des pâquerettes….
Il faut avoir vécu ça pour le croire !
On pourrait « féliciter » ce gamin, si on ne savait que beaucoup d’autres font la même chose. Dans le collège de votre commune ça se passe Mr Darmian… aussi.
Les petits vendent des bonbons, les plus grands les cigarettes. Quand ils ont l’age d’aller en acheter, ils le font pour les plus jeunes en prenant un bénéfice, soit des cigarettes, soit de l’argent. La « bénéfice » est fait comme une évidence, naturellement. Très difficile d’argumenter pour nous parents que le service (pas très propre, soit) doit être rendu sans aucune contrepartie, quand on vit dans un système qui n’encourage que le bénéfice et l’argent « facile ».
Quant à parler de l’exemplarité, je n’aborderais même pas le sujet.