Désormais le gouvernement a trouvé la solution miracle à tous ses problèmes. A l’image des charlatans qui vendaient sur les foires et les marchés des remèdes aptes à soigner tous les maux, quelle que soit leur origine, il a déniché la potion qui guérit notre société de ses travers. Un problème apparaît ? Facile !On va vite chercher la fiole sur laquelle on a collé une superbe étiquette, sur laquelle il y a une femme ou un homme bardé d’une écharpe tricolore avec, dessous, la marque « Le Maire ».
Il ne se passe plus un seul jour sans que l’on fasse référence à ce sirop miraculeux : « Le maire », qui se consomme à petites doses, matin, midi et soir et qui finalement fait oublier provisoirement toutes les douleurs. Incapables d’effectuer un diagnostic méticuleux des « maladies » présentes, les charlatans ne préconisaient que des produits inefficaces, mais dont ils attribuaient la paternité à d’autres, et comme personne ne revenait leur demander des comptes, ils recommençaient plus tard.
C’est ainsi qu’en matière de sécurité, la situation empire de jour en jour, mais personne ne veut véritablement regarder les analyses déterminant les causes du « cancer » traversant le corps social français. Les menaces de karchérisation n’avaient rien changé aux réalités. Les expéditions sous l’œil des caméras n’avaient pas modifié d’un iota les comportements à risques. Les rodomontades de Brice d’Auvergne avaient seulement beaucoup amusé la galerie. L’insécurité, avec en toile de fond, une « soif de possession » qui envahit les esprits, et communique par contre coup la haine de ne pas posséder, comme le veut le « modèle » sociétal du profit qui ne cesse d’envahir les pages, les ondes et les écrans. Face à une situation qui n’a jamais été aussi profonde et grave, un député UMP a déniché le médicament idéal : « Le Maire ». Bernard Reynès, qui rentrera probablement dans l’histoire, propose d’impliquer davantage… les communes dans la prévention de la délinquance, dans un rapport remis au Premier ministre. Rappelons au passage que la « sécurité des biens et des personnes » reste un pouvoir régalien de l’Etat qui, incapable de l’exercer, administre son élixir habituel adaptable à toutes les situations : « Le Maire ! » Ce parlementaire des Bouches-du-Rhône suggère d’expérimenter en 2011 une «cellule de citoyenneté et de tranquillité publique » (CCTP) dans toutes les communes de plus de 10.000 habitants, dans trois départements pilotes. Une proposition d’autant plus exceptionnelle qu’elle existe déjà ! En effet, dans toutes les villes ou territoires dotés d’un conseil (inter)-communal de Sécurité et de Prévention de la délinquance (CISPD), en cas de crise, une cellule regroupe autour du maire, le parquet (rarement vu !), les travailleurs sociaux (payés ou subventionnés par le Conseil Général), les forces de l’ordre, et l’Education nationale (jamais vue). Ce brave Bernard Reynés a dû faire une sacrée étude de terrain pour enfoncer une aussi belle porte ouverte. Cette structure, qui existe déjà, mais pas sous ce nom pompeux, tente de répondre discrètement, sur convocation du Maire aux incivilités et aux comportements condamnables du quotidien. Cet adepte du tout sécuritaire a tout prévu, par un amendement adopté dans le cadre du projet de loi sur la sécurité intérieure dite Loppsi II.
Si cette cellule est saisie, des sanctions pourront être ordonnées (ils vont avoir sacrément peur, les « intoxiqués de la possession »), après homologation du parquet, pour certaines infractions mineures: « dédommagement pécuniaire » d’un maximum de 1.330 euros ou « travail non rémunéré ne pouvant excéder 30 heures ». Ils se tiendront désormais au calme ! Parmi les infractions visées, figurent par exemple la «divagation d’animaux dangereux», les «bruits ou tapages injurieux ou nocturnes» ou encore l’ «abandon d’ordures» sur la voie publique.
Le maire joue un rôle pivot dans la politique de prévention de la délinquance dans sa commune, depuis la loi de mars 2007, qui lui a conféré de nouveaux pouvoirs… qu’il n’a absolument pas les moyens de mettre en œuvre, dans 90 % des communes du pays !
Un rapport de 2009 a cependant montré que «cette loi était encore insuffisamment appliquée par les maires, indépendamment de la taille de la commune ou de la famille politique à laquelle ils appartiennent», note le député. Il ne se pose surtout pas la question des moyens humains et matériels que les élus locaux n’ont absolument pas ! ils étaient jusqu’à présent aidés par la république égalitaire et soucieuse de fournir les mêmes moyens à tous les territoires. Finie l’accessibilité équitable aux « soins ». Soit on s’étripe, on se « Kalachnikose », on se « Karchérise », on « renonce », on s’épouvante, soit tout le monde continue à vivre dans l’indifférence des causes réelles de ces faits. Motifs invoqués par les élus locaux : le manque de coordination entre les communes et les «autorités régaliennes» (police, éducation…), quand cette « coordination » est possible, puisque la « police » n’est que dans les zones urbaines et que les brigades de Gendarmerie, regroupées en « communautés » et délestées de leurs « fonctionnaires », couvrent des territoires de plus en plus vastes.
L’Ecole titube ? On va réformer les rythmes scolaires et refiler la journée à gérer avec de la potion « Le Maire » pour les familles ? La maternelle coûte cher en postes d’enseignants ? Pas de problème, il suffira d’une dose de « Le Maire » avec les jardins dits d’éveil pour que tout aille mieux ! La planète flambe ? Ne vous inquiétez, pas une rasade de « Le Maire » sur les décisions des « Grenelle » suffira à calmer les esprits échauffés ! La pauvreté augmente ? On donnera deux ou trois doses de « Le Maire » pour adoucir les plaies sociales ! Les services publics quittent les territoires ruraux ? Allez, prenez deux cachets de « Le Maire » qui prendra à sa charge les outils de remplacement ! Du « Le Maire » vous dis-je !
Mieux que la « Jouvence de l’abbé Souris », le « Contre coup de l’abbé Perdrigeon » ou « le baume du tigre rouge » la potion « le Maire » peut vous guérir de toutes les démangeaisons que vous auriez, de toutes les aigreurs que vous ressentiriez, de tous les vertiges que vous éprouveriez. Il suffit de consulter le gouvernement, et il vous pond une ordonnance en un clin d’œil !
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« Jouvence de l’abbé Souris », le « Contre coup de l’abbé Perdrigeon » ou « le baume du tigre rouge »
…sans oublier l’Eau de Mélisse des Carmes, la Poudre de Perlimpimpin, et surtout le Sirop Typhon, universelle panacée ée e… que chantait Jo Dassin, si je ne m’abuse.
Souvenirs, souvenirs…
Pardon de te contredire, J.J., mais le Sirop Typhon, c’était Richard Anthony, je crois….Ceci dit, c’est vrai que les Maires deviennent de plus en plus « l’universelle panacée »…Comme quoi, ils ne sont pas aussi inutiles et incompétents que l’on voudrait nous le faire croire !
Je citais Jo Dassin en prenant la précaution d’ajouter : si je ne m’abuse, et bien je me suis abusé …C’est vrai, c’était Richard Anthony.
Jo lui chantait « les Dalton »,qui sont eux aussi d’actualité du côté du faubourg Saint Honoré…
Merci Annie pour la correction.
Je pensais à propos du sirop « Le Maire » qu’en plus de l’écharpe tricolore, nos maires de France, femmes ou hommes, devraient arborer une paire de cornes pleines en spirales, et une barbichette.
De plus ils pourraient exhaler une odeur aussi repoussante que nauséabonde, ce qui leur permettrait de s’identifier au rôle de Bouc Emissaire que l’on tend de plus en plus à leur faire jouer.
le Contre coups de l’Abbe Perdrigeon est fabriqué à Vayres près de Créon par les laboratoires Pionneau