Le chef de l’Etat français et ses affidés ne cessent de ressasser que, sans leurs courageuses réformes, inspirées par les plus dures positions du Club de l’Horloge dans de nombreux secteurs, la France serait dans une situation épouvantable. Ils tentent de persuader l’opinion dominante que leur courage politique mérite des louanges. Peine perdue (pour l’instant) car les derniers sondages (j’avoue me méfier de ces instruments de mesure pipés) dénotent une accentuation de la chute aux enfers de la popularité des pensionnaires de l’Elysée et de Matignon. Un coup à vous faire jeter aux orties votre étiquette UMP avant toute échéance électorale ! Ce fameux courage qui pousserait la droite à démonter méthodiquement tous les repères de l’égalité, de la fraternité et de la liberté républicaines, serait l’apanage des gouvernements de Droite car, c’est évident, ceux de Gauche sont liberticides, inégalitaires et générateurs d’exclusion. Eux, comme l’a affirmé sans rire (mais ça ne lui arrive jamais !) François Fillon, ils vont totalement changer leurs orientations politiques, puisque désormais on parlera de « vérité, courage et espoir ». C’est à dire qu’avec un nouveau gouvernement, on admet que ces valeurs n’existaient pas depuis le début du mandat sarkoziste…Un événement vient de rappeler opportunément que la Gauche n’a vraiment pas de leçons à recevoir en matière de vraies décisions courageuses et porteuses d’espoir. Le seul problème c’est qu’elles sont tombées aux oubliettes de l’histoire, en cette période où plus personne ne mesure véritablement la valeur du passé.
Jacques Lafleur, ancien député, chef de file des anti-indépendantistes pendant près de trente ans et Président de la Province Sud durant 15 années, est décédé d’une crise cardiaque samedi en Australie à l’âge de 78 ans. Il avait notamment signé, sous le gouvernement du Premier ministre socialiste Michel Rocard, avec l’indépendantiste kanak Jean-Marie Tjibaou, les accords de Matignon. Ces accords ont ensuite été complétés, en 1998, par ceux de Nouméa, instaurant un statut de large autonomie à l’île. Plus personne ne rend hommage à un gouvernement de Gauche, d’avoir su négocier ce moment fort de la vie nationale qui arrivait après le saccage RPR, né des graves incidents de la grotte d’Ouvéa. Là où la droite avait généré la guerre, l’affrontement, la gauche a réussi à imposer la paix sous l’impulsion de Michel Rocard, qui avait mandaté Christian Blanc. Ce fut une réforme profonde, qui ne souleva que des espoirs. Dire que la droite l’a reconnu, ce serait aller un peu vite en besogne, mais en revanche, elle se sert de ces accords. En 1954 la paix en Indochine est signée par Pierre Mendés France, l’autonomie interne de la Tunisie est mise en œuvre par ce même Mendés. Qui fut contre ?
La Droite oublie aussi une réforme voulue par un gouvernement de Gauche, qu’elle a vilipendée mais qu’elle n’a jamais véritablement supprimée, même si elle en a changé de sigle. Qui a lutté pour imposer nationalement le revenu Minimum d’insertion (RMI) ? La Gauche ou la droite ? Cette décision qui était constructive, et non pas destructrice, fut aussi l’œuvre du gouvernement de Rocard. Où en serions nous socialement si la gauche n’avait pas imposé cette mesure sociale qui, en 2007, (mais on l’a déjà oublié) a été violemment attaquée par l’UMP. Au cours de la campagne, elle a prôné la « fin de l’assistanat», dénonçant le bénéfice sans contrepartie travaillée ou engagement, et appelé à lier son versement à la participation à une activité adaptée à la situation du bénéficiaire. La seule réforme réelle consiste à faire payer aux départements une mesure de solidarité nationale, mais rien n’a été fondamentalement modifié.
Rappelez vous de ce que l’on a entendu comme critiques acerbes, quand Michel Rocard et la Gauche ont fait de la solidarité la clé de l’égalité, en créant la Contribution Sociale Généralisée (CSG), n’imposant malheureusement que les seuls revenus connus. Plus personne ne conteste le bien-fondé de cette réforme qui, d’ailleurs, n’est pas assez exploitée en termes d’équité. On verra, s’il y a un véritable débat sur la couverture du risque dépendance, si la notion de CSG départementale n’émerge pas quelque part. En fait, un rééquilibrage de la participation des profits en tous genres par rapport aux salaires ou aux retraites permettrait probablement de trouver des solutions convenables.
La Gauche a toujours réformé dans le sens d’une amélioration des principes républicains et des situations des plus démunis. La Droite ultra libérale ne cesse de casser les principes républicains et d’accentuer dangereusement le fossé entre les nantis protégés et les miséreux oubliés. Elle ne touche pas, cependant, à des initiatives qu’elle a pourtant violemment combattues. La suppression de la peine de mort ? Etait-ce courageux ? Etait-ce vrai ? La décentralisation ? Etait-ce courageux , vrai et porteur d’espoir ? Les 35 heures ? Etait-ce courageux, vrai et porteur d’espoir ? La retraite à 60 ans ? Etait-ce vrai, courageux et porteur d’espoir ? Il faudrait que les citoyens et les élus locaux se posent simplement cette question pour chaque décision gouvernementale. La recentralisation, la retraite à 62 ans, le bouclier fiscal, la destruction des services publics, la privatisation outrancière de l’éducation, les restrictions sur les soins médicaux, correspondent, à n’en pas douter, à une politique de « vérité, de courage et d’espoir » comme l’aime François Fillon.
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La formule de Fillon « Vérité, courage, espoir » me fait irrésistiblement penser à une autre formule de sinistre mémoire : »Travail, amour, patrie »….Ceci dit, il est bon, comme tu le fais dans ce texte, de rappeler à nos concitoyens toutes les avancées sociales, toutes les solutions qui ont apporté la paix dans diverses parties du monde au cours des années où la gauche, tant décriée aujourd’hui, était aux affaires ! Nous constatons tous les jours que les français ont la mémoire courte, très courte même, et que ces pertes de mémoire sévissent à droite, mais aussi trop souvent à gauche, où bon nombre de nos camarades devraient s’informer sur la période dont tu parles ici, et que beaucoup n’ont pas ou peu connue ! Et une piqure de rappel est très salutaire !
Autre rappel :
Et la vignette automobile que l’on traînait depuis les années 50, quel est le gouvernement qui l’a enfin supprimée ?
On oublie de le dire et il est bon de le rappeler : un gouvernement qui supprime un impôt, ça ne se trouve pas sous les chenilles d’un char Leclerc (le cheval étant vraiment trop démodé…).
Il est vrai qu’à la place et dans la foulée, le Phénix du Haut Poitou nous a pondu le lundi de Pentecôte, qui comme par hasard, encore une fois, épargne les nantis.