Lors de l’assemblée générale statutaire de l’association des Maires de France, les élus présents qui débutent dans leur mandat ont eu droit à une excellente leçon d’organisation de manifestation. Ils ont vu comment il était possible de « faire une salle » afin d’éviter le moindre risque de contestation et obtenir une apparence d’approbation d’un discours n’ayant rien d’exceptionnel. D’abord premier principe : limiter la capacité d’accueil du lieu au nom de la sécurité. Le plan vigipirate fournit une opportunité idéale pour éviter d’être débordé en matière d’affluence. C’est ainsi que seulement 5 000 places avaient été ouvertes dans le vaste auditorium où se déroulent les plénières de l’AMF, ce qui permet, quelques heures avant l’ouverture, de savoir que la participation ne dégénèrera pas. La leçon de l’an passé, et de l’accueil réservé, par ces fous furieux que peuvent être des élus locaux grugés, à François Fillon et à l’émissaire de Darcos a été analysé. Pour éviter de tels désagréments au Chef de l’Etat français, non parti cette année pour une réunion urgente vers les Emirats arabes unis, l’UMP avait convoqué la claque à… 13 heures. Ils étaient venus. Ils étaient tous là, massés comme les supporteurs avant le match du siècle, prêts à franchir les obstacles dressés sur le chemin de l’applaudimètre. Portiques de sécurité, robkops présents dans tous les couloirs d’accés, silhouettes discrètes des ex-pensionnaires des RG : rien n’avait été oublié ! Ils eurent le droit de prendre place les premiers dans ce vaste stade, où pour la première fois, on aurait la partie officieuse avant la partie officielle. Les autres arrivants accédèrent ensuite, comme les moutons en transhumance, dans la bergerie prête à les héberger. Les portes se refermèrent sur une réunion statutaire… devenue restreinte, alors que toutes les pratiques confirment que tous les adhérents doivent y participer. Les fidèles étaient au rendez-vous. Enfin presque tous. Les hérétiques restaient devant la porte, debout et condamnés à regarder à la télé… les interventions. Quelques uns râlent. D’autres font demi-tour. La plupart attend patiemment que le président de la République s’exprime.
L’envolée de Bertrand Delanoé autour des valeurs essentielles de la fonction élective ne receuille qu’un accueil modéré. Et pourtant, il sera le seul à, réellement, sans notes et sans banalités, poser le véritable problème qui reste celui de la survie de la démocratie locale. « Monsieur le président, monsieur le premier ministre, faites nous un peu confiance, à nous, les maires ! ». C’est avec cet appel à l’intention de Nicolas Sarkozy et François Fillon que Bertrand Delanoë, maire de Paris, a en effet ouvert le 93ème congrès des maires de France, quelques jours après l’adoption par le Parlement de la réforme territoriale dont le Président de la République est venu assurer le service après vente, avec son sempiternel costume du réformateur courageux et lucide, alors que tout le monde dans les couloirs condamne à gauche le contenu de textes dévastateurs, et qu’à mots couverts, bien des élus de droite non idolâtres, critiquent. « Les vraies réformes, les grandes réformes, elles sont forcément douloureuses et difficiles », a lancé le chef de l’Etat devant 7.000 personnes, citant les retraites ou les cartes judiciaire et militaire… mais oubliant d’évoquer les conséquences humaines de ces actions. Répondant aux objections sur sa réforme territoriale qui vient d’être adoptée par le Parlement, il a justifié sa décision de modifier un « système épouvantablement complexe »(sic) alors que la loi a rajouté des couches (métropoles, pôles métropolitains, communes nouvelles, mode d’élections des intercommunalités…). Cette réforme est « équilibrée, tout en préservant les communes, dont je n’ai jamais été partisan de diminuer le nombre » (sic), a-t-il assuré, alors que les réformes vont étrangler financièrement les plus petites communes et creuser un fossé terrible entre collectivités, face aux contraintes de gestion. Il a aussi rendu hommage à « l’engagement » et au « courage » des maires, comme il était aisé de le prévoir. Assis au bureau, pour éviter de se mettre en opposition aux responsables de l’AMF, le président a joué les Raminagrobis, en apparaissant comme simple, direct, au même niveau que ces gens qui triment pour faire vivre l’esprit collectif sur des territoires désertifiés par le départ des services publics. Aux idiots qui s’inquiètent de la suppression de la taxe professionnelle, qui représentait leur principale ressource fiscale, il a répondu que l’Etat avait garanti une enveloppe de 98 milliards d’euros en 2009 et en a promis une de 99 milliards pour l’année en cours… mais sans rien dire de ce qui se passera pour l’an 2012, dont toutes les prévisions prévoient le « trou d’air » post-réforme. Et il a justifié la mise au régime sec des collectivités locales, dont les dotations sont gelées pour trois ans, au même titre que l’Etat et la sécurité sociale. Superbe ! quand on sait que sa majorité a causé un déficit de 200 milliards d’euros à l’Etat républicain alors que, l’an passé, les collectivités ont dégagé un excédent de 28,5 milliards ! « Expliquez-moi comment on peut sortir la France de la maladie des dépenses et de l’endettement en ne touchant qu’à 35% de la dépense publique, celle de l’Etat ? » a clamé sentencieusement le maître du monde du G20, alors que Dexia vient de publier une étude démontrant que les collectivités locales ont justement diminué leur endettement, contrairement à l’Etat. Il faut donc résumer ainsi ce discours de circonstance par: « ne faites surtout pas ce que nous faisons… ou soyez exemplaires, alors que nous n’avons jamais pu l’être ». Il reste concentré sur le volet « réduction des dépenses par suppression des emplois », alors que jamais n’est évoqué le volet « augmenter les ressources par réforme de la fiscalité . La salle a applaudi. La salle a su dépasser sa conscience pour obéir aux consignes. Elle s’est vidée… dès que le gourou des réformes est parti. André Laignel a ironisé : « maintenant, nous allons pouvoir travailler, dommage que nous ne soyons pas plus nombreux ». Il a démonté la réforme, mis en pièce les affirmations présidentielles, et ramené le débat aux réalités présentes, mais le cortège présidentiel (12 véhicules) était reparti, et les supporteurs étaient à la buvette.
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Vous n’avez pas été traités de « pédophiles » ni de « pôv’cons », c’est signe qu’il vous aime beaucoup… Ou qu’il était bourré de Gardénal !
Les mots me manquent, mais la révolte coule toujours dans mes veines. Je mourrai sans avoir jamais accepté l’injustice, l’hypocrisie et le goût malsain du pouvoir.
Tu as raison, ami d’Auvergne….il a dit et répété qu’il aimait beaucoup les maires…et il ne les a pas directement insultés, sauf qu’il s’adresse à eux comme à des enfants turbulents et un peu demeurés. Quand à savoir à quoi il était bourré, Gardenal, Lexomyl, ou tout autre produit, peu importe ! Laignel a raison : après ce discours, vous allez pouvoir vous mettre au travail sérieusement !
« »il était bourré, Gardenal, Lexomyl » »
De mauvais esprits auraient simplement dit : « »il était bourré… de bonnes intentions ».
C’est ce que l’on pourrait penser, n’est-ce pas ?