La semaine prochaine, la commission permanente du Conseil Général statuera sur plus de 400 dossiers divers d’implication de cette collectivité territoriale dans la vie départementale. L’ensemble des décisions concerne absolument toutes les facettes de la vie des Girondines et des Girondins mais elles seront, bien entendu, banalisées par des médias qui ont été tellement attentifs à ce jeu de dupe qui a vu, comme le titre de manière tellement vraie, Libération, « Fillon garde ( r ) Sarkzoy » puisque c’est la seule vérité. Il est vrai que ce matin, en se levant, des millions de Françaises et de Français ont vu leur situation évoluer de manière décisive. Les crèches, les écoles, les transports, les collèges, les routes, l’aide aux handicapés, aux gens en difficulté sociale, la vie culturelle, la vie sportive, la protection du cadre de vie, les logements neufs, le tourisme et tellement d’autres secteurs, attendaient avec impatience de connaître le nom de leur Ministre car ils savaient bien que l’Etat, si prompt à tirer à vue sur les collectivités territoriales et surtout les élus qui les dirigent, possédait les moyens de les soutenir.
En fait, il aurait mieux valu consacrer toutes ces pages, toutes ces minutes, tous ces débats, toutes ces images, au véritable plan de relance que prépare le Conseil général, car son impact est nettement plus concret pour les téléspectateurs, les auditeurs, les lecteurs, mais c’est moins vendeur que de s’épancher sur le fait terrible voulant que… Jean-Louis Borloo ait quitté son Ministère sans… parler ! Ce n’est pas un scoop puisque le Club des Villes et territoires cyclables (1060 collectivités territoriales), dont j’assure la présidence nationale, avait demandé à 3 reprises d’être reçu pour le lancement d’un plan national « vélo » ne l’a jamais vu ouvrir sa porte ou même dire un mot sur le sujet. Le sujet n’intéresse personne car il n’est pas vendeur.
Sur le plan pur de la citoyenneté, ce constat reflète la réalité de la République actuelle. Elle s’enlise peu à peu dans les sables mouvants de cette disparition totale de sujets pouvant, à un titre ou un autre, jouer un rôle pédagogique. Inintéressant. Banal. Répétitif. Pure propagande… Tout est bon pour éluder les actions constructives conduites au nom d’une politique assumée, et pour aller illico sur le terrain de la petite phrase, du poujadisme simpliste et de l’instantané sans référence historique. Il est inutile d’espérer communiquer sur des aides déployées en faveur de travaux « ordinaires » d’un quotidien « ordinaire » et par des femmes et des hommes « ordinaires ». Un exemple ? Samedi, il était publié un tableau comparatif des ex-impôts locaux pesant sur les ménages qui en payent, sans qu’il y ait la moindre mise en perspective avec les services rendus, grâce à ces contributions, à la vie collective. La comparaison d’une ville à l’autre n’a aucun intérêt puisque celles qui offrent les infrastructures et les équipements demandés par les habitants ont bien entendu des frais supérieurs à celles qui ne font… rien, et confient tout à la libre concurrence ou la loi du marché.
La prochaine commission permanente du conseil Général va immédiatement investir les ressources liées aux droits du mutation, dans des réalisations, des actions et des positions qui compenseront la carence de l’Etat. Tout euro encaissé par une collectivité territoriale retourne sous forme de salaires, d’achats, de travaux dans le milieu économique… pas un seul euro ne crée du profit pour celles et ceux qui le dépensent, mais il crée en revanche du profit pour celles et ceux qui souvent se plaignent amèrement de… payer trop d’impôts ! Il n’y a pas de spéculation dans la gestion publique. Il n’y a pas de jeux financiers coupables sur les monnaies. Il n’y a pas de décision pouvant ruiner en une fraction de seconde des entreprises et conduire à licencier des centaines de personnes comme chez Ford ou ailleurs. Directement ou indirectement, chaque euro que votera la majorité départementale le 26 novembre au matin servira à préserver l’emploi, à relancer l’économie, et surtout à faire progresser l’aménagement égalitaire du territoire départemental. Durant des heures, chaque dossier a été soigneusement examiné. C’est ce temps passé à travailler au service de l’intérêt général, loin de ces miasmes politiciens parisiens, qui fait l’intérêt d’un mandat électif. Cette possibilité d’agir pour défendre un projet, pour faire avancer une proposition, pour être utile à ses collègues élus face à la difficulté d’une gestion de plus en plus problématique, vaut toutes les poignées de mains sur le perron d’un Ministère. Seulement, les médias ne retiendront que ça. Ils se foutent pas mal des difficultés dans la préparation d’un budget départemental 2011 pris dans l’étau des frais contraints liés à l’aide sociale (630 millions d’euros) et la nécessité de maintenir un niveau élevé d’investissements (250 millions), avec le moins de recours à l’emprunt. Pas de crainte que l’on invite les responsables sur un plateau télé ou devant un micro ou qu’on les interroge sur cette abomination qui se prépare : réduire en période de crise les investissements et donc tuer l’emploi local !
Il suffira, fin 2010, de faire le bilan des réalisations faites en France par les collectivités locales (on parle de 5 à 10 %) pour mesurer les conséquences des réformes d’un gouvernement ayant accepté de garder le Président de la République en poste ! Cette situation devient insupportable. Les Maires, au quotidien, et plus généralement les élus locaux, se battent avec l’énergie du désespoir pour tenter de boucler leur budget 2010… en sachant qu’en 2011 ce sera encore plus dur et qu’en 2012 ce sera impossible. Cette nuit, je pars à Paris pour les négociations au nom des Maires de France sur les aides Eco-emballages pour la mise en œuvre du volet tri des déchets ménagers. A la sortie, ce n’est plus une négociation, mais une épreuve de force pour le… respect des préconisations du Grenelle. Rassurez-vous, il n’y aura pas un seul journaliste devant la porte pour solliciter une réaction, et les communiqués de presse finiront dans les poubelles. Ca n’intéresse personne, sauf quand la facture arrivera fin 2011 et que les 700 millions d’euros « volés » par les fabricants de déchets seront compensés par les contribuables citoyens qui trient !
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