A force de se faire « sonder », le Chef de l’Etat français a usé la ficelle de la popularité sanctifiée. Il ne pèse plus rien sur l’échiquier politique et seul un événement dramatique peut lui redonner un zeste de crédibilité. Et encore, à condition qu’il le maîtrise mieux que tous les autres. Sa cote est au plus bas, pour ne pas dire historiquement catastrophique pour un élu du suffrage universel, et désormais il entre dans une cure de silence forcé. Chaque fois qu’il bouge, il perd encore plus la confiance du pays, et même sa garde rapprochée se sent menacée. Croire pour autant qu’il est définitivement écarté de la course pour 2012 relève de la naïveté absolue. Dans l’immédiat, il effectue un virage serré qui devrait lui permettre de faire assumer par… les autres des mesures qu’il a immuablement refusées. Pendant que les collectivités territoriales sont étranglées dans l’indifférence générale, il achève de donner des gages au secteur économique du profit, en campant sur les fausses certitudes de la réforme des retraites. C’est angoissant pour le fonctionnement même de la République mais, encore une fois, cette semaine verra l’essentiel éclipsé par un contre feu allumé avec la complaisance de plus en plus coupable du système médiatique. Voici que les chevaliers redresseurs de torts montent en première ligne pour, maintenant que le maitre a été blanchi, soutenir celui qu’ils ont critiqué, haï et détesté depuis des mois. Ils enfourchent les destriers blancs de la sauvegarde de l’honneur perdu dans des mesures impopulaires en jouant le grand air d’opérette : poussons, poussons l’escarpolette au pays des bisounours !
On a vu Fillon se démarquer, petite phrase après petite phrase, des propos présidentiels sur le bouclier fiscal. Il a été rejoint par Copé… qui en profite pour tacler les sbires sarkozistes en difficulté, et lentement on assiste à une mutation vers la disparition de ce symbole du profit triomphant. Les députés UMP s’engouffrent d’ailleurs dans la brèche ouverte par François Fillon, qui a déclaré que la suppression du bouclier fiscal, voire de l’impôt sur la fortune (ISF), n’était plus taboue. Un sacrilège, mais une obligation, en cette semaine où l’on va taper sur les plus modestes en augmentant la durée de cotisation, et en restreignant de fait le montant final de leurs pensions. En effet, quel va être le profit d’une telle mesure le jour où on annonce déjà 68 millions d’euros de « manque à gagner » en 2011 pour l’Etat. Qu’est-ce que ça va changer de fondamental pour le retraité du régime agricole qui vit en dessous du seuil de pauvreté avec 8 Millions d’autres personnes ! C’est trop tard. Ce n’est plus que de la poudre d’escampette pour éviter de se faire tailler en pièces dans une circonscription électorale. Je t’échange un « bouclier fiscal » pour privilégiés, contre un coup d’assommoir sur les classes moyennes. Avec un brin de lucidité, les contribuables concernés ont déjà anticipé et sont partis voir ailleurs, grâce aux astuces financières qui ne manquent pas dans cette mondialisation des bulles financières réconfortantes. Dans la majorité, tous restent encore assez flous ou contradictoires sur le calendrier idoine de cette réforme et son financement (environ trois milliards d’euros), alors que l’opposition, elle, ne croit pas, à juste titre, à ce soudain revirement cette semaine, quand la grogne augmente et que la grève illimitée se prépare. Le
Premier « collaborateur » du Chef de l’Etat français a affirmé, sans aucun regret, que la suppression du bouclier fiscal et de l’ISF avant la présidentielle de 2012, n’était pas « un sujet tabou », la conditionnant cependant à « une réforme fiscale d’ensemble » qu’il envisage à l’automne 2011. Tiens donc : il resterait donc en place, car le remaniement ne saurait tarder. Il conduirait donc cette réforme (encore une, indispensable sur le fond, mais dont on peut redouter la forme !) qui jusqu’à présent va en 2011 causer des dégâts considérables dans les ménages, avec les effets collatéraux de la pseudo-suppression de la taxe professionnelle. En 2011 et plus encore en 2012 une catastrophe en matière d’investissement public, de fonctionnement des services publics et, avec ou sans bouclier, les ménages vont trinquer avec la redéfinition voire la suppression des abattements de taxe d’habitation pour les enfants notamment !
Au petit-déjeuner de la majorité entre copains à l’Elysée, autour du chef de l’Etat français, une Madame soleil des volontés présidentielles aurait ramené ce constat sur le bouclier du profit : : « on avance à grandes enjambées. Sarkozy et Fillon sont sur la même longueur d’ondes, Jean-François Copé aussi. Dans le budget 2012, le bouclier fiscal est détruit et l’ISF se retrouve amenuisé, en retirant par exemple la résidence principale du calcul « . C’est certain, ça va changer la vie de nombreux salariés qui défilent dans les rues pour obtenir un bouclier contre l’insécurité sociale créée par des réformes purement politiciennes et opportunistes.
On y va gaiement. On tourne donc casaque dans la tempête. Le rapporteur général du budget, Gilles Carrez (UMP bon teint), avait tapé avec des mots durs sur le bouclier fiscal, « techniquement inadapté », qui « jette le discrédit sur l’ensemble du système fiscal » et « qui n’a pas vocation à être éternel »… ce gars là va faire le chemin inverse de Kouchner et Besson : il va rejoindre le groupe socialiste au parlement ! Sauf qu’il sait fort bien que par un amendement dans une loi des finances, on peut redonner d’une main ce que l’on a enlevé sous les projecteurs de l’autre. L’UMP reste un parti de prestidigitateurs patentés en sortant des lapins en peluche des chapeaux ou en lançant des idées « blanches » comme des colombes dans un ciel social agité, au gré des événements. Il faut que les cantonales, symboliquement, soient un raz de marée pour la gauche; que sur le territoire, les électrices et les électeurs n’aient pas les yeux fermés ou embués, mais qu’ils entrent citoyennement en résistance, en renvoyant tous les représentants du grand cirque sarkoziste. C’est la seule manifestation qui portera.
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Où il est aussi question de retraite, pour en apprendre plus en rigolant plus, épisode 1 :
http://www.dailymotion.com/video/xeefhg_incultures-5-travailler-moins-pour_news?start=15#from=embed
et la suite, épisode 2 :
http://www.dailymotion.com/video/xeefk3_incultures-5-travailler-moins-pour_news
Morale de l’histoire, c’est pas l’argent qui manque, c’est juste qu’il est mal redistribué !
Bernard Friot est à la tête de cette réflexion (à écouter mais c’est moins drôle) : http://www.dailymotion.com/video/xdrvt0_l-enjeu-des-retraites-bernard-friot_news