Lentement les miasmes de l’affaire de financement parallèle ou occulte du parti présidentiel s’estompent. Désormais, place aux gaz lacrymogènes de l’insécurité, ceux contre lesquels les gens apeurés se protègent, tant bien que mal, avec un mouchoir mouillé sur les yeux. Plus une seule commune de France qui ne soit pas victime, de manière plus ou moins répétitive, d’incivilités agaçantes et démoralisantes, que la vox populi transforme en actes dangereux pour les biens et les personnes. Plus les interdits paraissent injustes et plus la tendance consiste à les contourner ou à les défier… pour simplement exister dans une société qui ne conduit qu’à l’échec. Après les violences de Grenoble et Saint-Aignan, on a vite vu revenir le flic Supersarko, revêtu de son costume de ministre de l’intérieur, déclarant une « véritable guerre » contre les « trafiquants et les délinquants », en paroles, car en actes, c’est l’éternel principe des « promesses qui n’engagent que celles et ceux qui les écoutent » Parallèlement, le président s’en est pris aux « comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms », allusion aux événements survenus à Saint-Aignan. Encore une fois, des propos circonstanciels, conjoncturels, dénués de toute réflexion de fond sur les responsabilités profondes, réelles, du système libéral outrancier dans ces phénomènes. Les violences ont des racines similaires au chiendent. Elles sont tellement ancrées dans le sol social que l’éradication nécessite un travail opiniâtre, constant, régulier et surtout pas des coups de gueule dénués de tout effet concret, car arrivant après que le mal ait été constaté. L’idée d’un « Grenelle de la sécurité » a, bien entendu, été abandonné, car les véritables problèmes auraient été publiquement évoqués et le gouvernement ne veut pas ou surtout ne peut pas les prendre en compte, parfois par pure idéologie et le plus souvent par manque de fric.
« Il n’existe pas une solution nationale, il faut une adaptation point par point », a déclaré Brice l’auvergnat de souche, renvoyant les maires à leur part de responsabilité. Mais que ferait ce gouvernement s’il n’avait pas ses souffre-douleurs permanents : les maires. La dette de l’État explose : les Maires en sont responsables ! Il y a trop de fonctionnaires territoriaux : les maires ne licencient pas assez ! Des émeutes urbaines éclatent : les maires vous dis-je ! Une tornade dévaste un territoire : les maires ne sont pas assez prudents. Les digues sont submergées : les maires les ont mal entretenues. Pas un seul membre du gouvernement qui ne se défausse pas, actuellement, de cette responsabilité nationale qu’est la sécurité des biens et des personnes, sur les Maires ou les présidents de conseils généraux.
« Il y a d’un côté le rôle de l’Etat, un rôle majeur, mais aussi les acteurs locaux, les polices municipales. Pourquoi les collectivités n’en ont-elles pas toutes, pourquoi ne sont-elles pas armées dans un certain nombre de cas, où ce serait naturellement nécessaire ? » Brice Hortefeux a également dénoncé le retard pris par certains maires en matière de vidéoprotection, et sur les dispositions de la loi de prévention de délinquance du 5 mars 2007. « Pourquoi certains maires ne responsabilisent-ils pas les parents ? Pourquoi certains maires ne suspendent pas les allocations familiales ? Pourquoi certains maires n’utilisent pas tous les leviers de la rénovation des quartiers ? », a-t-il lancé. Haro sur ces baudets, souvent (et c’est certainement là la raison essentielle de cet acharnement) « socialistes », déjà mal en point, déstabilisés par une réforme territoriale absurde (que fera de plus un conseiller territorial « professionnel » et éloigné de la proximité ?) et en proie à une crise de confiance sans précédent. En revanche, Brice l’auvergnat a complètement oublié la Constitution qui fait de la sécurité une responsabilité régalienne de l’État. Volontairement, par absence totale de moyens et surtout pour se désengager, comme dans tous les autres domaines fondamentaux de la vie sociale (éducation, solidarité, santé…) le gouvernement actuel veut confier aux Maires la sécurité au quotidien. Le pouvoir régalien de la sécurité doit être partagé de telle manière que les échecs le soient aussi. La police municipale a été faite pour exécuter les arrêtés du maire, on va lui donner davantage de pouvoirs, afin qu’elle pallie les carences en effectifs des corps d’État. Les impôts locaux vont servir à boucher les trous créés par la faillite du système républicain.
Dans tous les contrats que l’Etat passe avec les collectivités, il se déleste, sans vergogne, de certains travaux et plus encore de certaines responsabilités, tout en accusant celles et ceux qu’il a chargé de les exécuter de gaspillage , de manque de rigueur, d’incapacité à réduire les emplois. Dans le même temps, où l’on assiste à une réduction dévastatrice des effectifs de fonctionnaires dans tous les domaines, y compris la police et la gendarmerie, où les besoins sont pourtant criants (6.000 postes ont été supprimés en 2008) on pourrait par exemple s’interroger sur l’utilisation des gardes mobiles et des CRS qui sont des forces d’État mises à contribution pour réprimer des manifestations citoyennes, pour renflouer les caisses par des procès-verbaux faciles, pour s’assurer que le Chef de l’État n’entendra pas les cris des manifestants ou pour surveiller ses déplacements comme hier sur le Tour de France, et lui permettre d’être interviewé sur la ligne d’arrivée avant… le vainqueur !
Remarquez que hier, il est un Maire socialiste qui a sauvé l’honneur en démontrant qu’il savait lutter contre… l’insécurité, et qu’au moins les polices municipales pourraient être des auxiliaires utiles de la répression. Dès le plus jeune âge, il faut en effet former des adultes disciplinés. A Lyon, deux policiers municipaux compétents ont en effet dressé une contravention à un père sur des béquilles, qui avait laissé sa petite fille faire un pipi urgent sur l’espace public… en chantant « faire pipi sur le gazon pour embêter les cocinelles », fameux chant révolutionnaire. Le motif de cette sanction exemplaire, qui évitera que cet enfant devienne une racaille de banlieue : « miction sur la voie publique ». Vous voyez que la France n’avait pas besoin d’un Grenelle de la sécurité ! Tenez ce soir, moi, le Maire, je vais m’offrir le plus beau des moments : je vais pisser, comme je pleure sur les républicains infidèles, le nez dans les étoiles et sur une pelouse publique… Je ne risque rien, nous n’avons pas de police municipale, et la brigade de gendarmerie ferme à 19 h.
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Je suggère que ce soir, à la sortie du Conseil Municipal, tous les élus de sexe masculin t’accompagnent dans cet acte de saine révolte contre la connerie humaine…Cela rappellera peut être aussi à certains -de ma génération- « Petit Gibus » dans « la guerre des Boutons »…..
Si le vélo qui trône sur un des rond-points créonnais prend des allures automnales avant l’heure, on ne se posera pas de question sur les auteurs et l’affaire sera tentaculaire (si j’ose dire) puisque apparement il y aurai des complicités féminines…
Fouchtra de fouchtra !!
Nombre de femmes qui l’ont échappé belle…pour avoir satisfait à un besoin naturel urgent entre 2 portiéres, même sur une place publique.
attention les coccinelles…mais surtout les aubergines !
« Des policiers et des caméras de surveillance, tout de suite ! », tel pourrait être le slogan de l’UMP en France si ce n’était pas déjà celui de la populiste UDC en Suisse… Reste qu’en matière de sécurité, l’UMP reste l’UMP. La preuve ? La récente tribune de caciques du parti présidentiel soutenant Christian Estrosi stigmatise des édiles coupables, selon eux, de faiblesse sur le front de la sécurité (Le Monde du 20 août). Mais ici comme ailleurs, c’est toujours la même antienne : développer la police municipale et multiplier la vidéosurveillance, pardon la vidéoprotection, même si elle ne protège de rien en vérité, pas même des agressions… Bref, du sommet à la base, les cellules de l’UMP ne font que psalmodier les incantations gouvernementales, toujours la même rengaine sécuritaire avec juste un oubli, un petit oubli : c’est le contribuable qui paie leurs fantaisies, le même contribuable qui paie deux fois pour une sécurité de moindre qualité car les insuffisances de la police municipale et de la vidéosurveillance sont, bien évidemment, sciemment occultées tout comme sont omises les suppressions massives dans la police et la gendarmerie nationales. Voilà à quoi est réduite la Majorité présidentielle, bousculée par les scandales politiques. Dès lors, celle-ci ne voit plus qu’une seule alternative : la surenchère sécuritaire !