Le monde politique est en perdition. Lentement mais sûrement il s’enfonce dans le pire des marécages, celui du fric qui pue, celui des miasmes irrespirables qui condamneront toutes celles et tous ceux qui sont au service des autres. Tout le monde devrait être inquiet, car la situation va devenir aussi grave que celle qui régnait quand se déclenchait une épidémie de peste. La République vacille déjà sous les effets de la crise sociale, elle va sombrer à cause de celles et ceux qui s’en servent au plus haut niveau. Impossible d’accorder sa confiance à des personnes qui se contentent de clamer de grands principes, alors qu’ils passent leur vie à les contourner. Il faut savoir que chaque affaire qui sort porte un coup décisif à la crédibilité de la représentation populaire, comme si, dans le fond, il s’agissait d’une fatalité inexorable. Depuis des mois, l’argent pollue la vie publique, mais personne ne sait comment éviter réellement cette dérive mortelle. Le précipice se rapproche, car aucun système politique n’a fait la preuve de sa rigueur en la matière. Le jeu consiste maintenant à trouver des gouvernants susceptibles d’échapper à la critique. Le Canard Enchaîné n’a jamais eu la tâche aussi facile après l’épisode du Fouquet’s, les vacances sur le yacht, les vacances au Mexique, les avantages directs ou indirects accordés aux copains ou parrains du CAC 40, les augmentations d’indemnité et de train de vie élyséen, des déplacements aussi inutiles que coûteux, de l’omniprésence du bling-bling… Maintenant, chaque jour, alors que les annonces homéopathiques sont savamment distillées sur les retraites, on révèle une infime partie de l’iceberg du pouvoir central, avec un train de vie exceptionnel. On tape à bras raccourcis, pour justifier la réforme des collectivités territoriales, sur les élus de proximité qui ne bénéficient d’aucune indulgence, car ils sont soumis à la transparence absolue dans leurs dépenses. Il suffirait pourtant de savoir que bien au-delà des mots et des propos de comptoirs de bistrots , ils ne reçoivent jamais ce que les médias prennent pour des informations sûres sans aucune analyse réelle de fond. Quoi que l’on affirme, ce ne sont pas souvent les élus locaux qui sont le plus à brocarder pour leur train de vie mais ceux qui bénéficient d’énormes avantages en nature, consentis par leur structure support. Combien sont-ils en France à bénéficier… d’un logement de fonction ? Combien sont-ils à avoir une voiture de fonction, un chauffeur ? Combien sont-ils à avoir un cuisinier ? Combien sont-ils à avoir des gardes du corps permanents ?
Bien évidemment, les fonctionnaires de catégorie B ou C qui règlent les dépenses courantes, qui vont payer une cotisation supplémentaire pour sauver le système des retraites, ne supportent plus ces discours faux culs sur la «nécessaire rigueur », alors qu’ils voient le défilé des dépenses. Ils balancent discrètement des preuves au Canard Enchaîné, car c’est encore le seul journal qui ose ! La France a donc eu droit chaque semaine à une révélation qui satisfait les uns et révolte les autres. On a eu droit aux logements de fonction utilisés à des fins de confort familial… et le concert des ministres horrifiés témoignant de leur attachement à leurs enfants, à leurs parents, à leurs frères et sœurs. Un bel exemple de cette désinformation reposant sur des montages de services de communication. Aussitôt, des vierges effarouchées montent en première ligne pour s’indigner que l’on puisse dénoncer ces abus. Bien évidemment, on ressort l’argument habituel : « on a toujours fait ainsi, et vous qui dénoncez, vous ne l’avez pas fait antérieurement. C’est du lynchage médiatique » . On a eu droit ensuite au cumul totalement confidentiel entre les indemnités non plafonnées accordées aux Ministres et aux élus… « Il en a toujours été ainsi. Pourquoi changerait-on ? Nous ne sommes pas plus critiquables que les autres » Alors que, dans le même temps, on recherche des abus aux maigres ressources sociales ou à la suppression des allocations familiales pour des foyers monoparentaux n’ayant parfois que cette ressource. « Ca n’a rien à voir ! » clame le camp des fautifs, avec une indignation digne de la Comédie Française !
Depuis cette semaine, on aura les études destinées à récompenser la reine du confessionnal, la défenseure des dix commandements, la Pasionnaria du Pape. Là, on touche au cœur du système consistant à arroser celles et ceux qui pourraient un jour vous gêner. Dans tous les Ministères, dans toutes les grandes collectivités, vous trouveriez des anciens élus bénéficiant de salaires non plafonnés, déconnectés de toutes les réalités de la fonction publique. Et ce n’est qu’un début, puisqu’il existe une réforme en cours sur la fin du statut de fonctionnaire territorial, pour aller vers des contrats de droit privé ! Secrétariat, voiture, chauffeur, notes de frais, 9500 euros par mois cumulés avec des retraites plus que confortables : rien d’anormal car le travail est harassant et peut provoquer un stress similaire à celui des employés d’Orange soumis à la pression du rendement. Ah ! La morale catholique n’a pas changé depuis l’époque de Tartuffe, elle permet de tout acheter, de vendre son âme pour un plat de lentilles en or. La dame patronnesse de la majorité présidentielle va résoudre la « mondialisation » avec une foi digne de son salaire.
Pendant les révélations, la république se fissure. Le peuple au sens noble du terme, abandonne ses prérogatives. On va même lui retirer le droit de juger (suppression des jurys d’assises) sans qu’il se rende compte qu’on est en passe de l’exclure définitivement de la « politique » c’est-à-dire de la gestion de son quotidien et de son avenir. On lui expliquera bientôt que pour simplifier sa vie, pour qu’il n’ait pas d’efforts de choix à faire, il sera inutile qu’il aille voter : un sondage suffira ! Demain sera un autre jour. Grâce aux 250 000 euros de la Fédération Française de Football, les femmes de NOS Bleus sont arrivés en Afrique du sud. Encore un effet néfaste de la « mondialisation » du football. Christine Boutin devrait y aller. Elle est payée pour ça, non ?
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Bonjour Jean Marie,
Outre que nous avons les mêmes lectures (le Canard ..), je me doutais bien que tu n’allais pas laissé passer cette occasion .. La morale, la vraie, la Républicaine qui voudrait une parfaite intégrité de nos élus .. autant venant de cette droite décomplexée, plus rien ne m’étonne et tout devient normal, autant quand des élus dit « de gauche » se font prendre les doigts dans la confiture, j’ai beaucoup de mal a accepter la tolérance dont font preuves les dirigeants « de gauche » à leur égard (la gauche veut-elle encore dire grand chose ?..)
Le projet de loi visant à réformer le champ des poursuites de la prise illégale d’intérêts des élus locaux en est un exemple frappant !
A+ cordialement
Jean NOUVEL
Voilà une saine colère. J’aimerais dire que tu viens de clamer tout ce que beaucoup pensent tout bas, malheureusement cette formule a déjà été utilisée par les petits camarades d’un homme politique qui a un problème avec un œil et que je me refuse à nommer ici.
« Vendre son âme pour un plat de lentilles en or », cela condense le parcours de la génération Kerviel. Muette depuis trente ans comme une armée d’apprentis affranchis.
« Copies jusqu’à être meilleur » c’est le mot d’ordre, dressés à être pires que la tête qui les dirige car ils en sont les mains sales.
Tout ce qu’il est à souhaiter c’est que la réforme des collectivités territoriales donnent des élans d’indépendance. Et fassent de ce rejet de responsabilité un moteur de regroupement et de solidarité coupé d’un système devenu toxique pour la survie de sa population.