Désormais, la stratégie gouvernementale est arrêtée en ce qui concerne la retraite : tout est de la faute à celles et ceux qui appartiennent au passé. C’est une habitude. Au pouvoir depuis maintenant 8 ans, la Droite n’a pas eu l’opportunité de régler ce qui maintenant pose problème, et elle va remonter dans le temps pour faire parler les morts. Il est certain que tous les acquis sociaux, quels qu’ils soient sont datés et s’inscrivent dans un contexte très différent de celui de notre époque. Il est d’une malhonnêteté remarquable que d’attribuer la responsabilité aux autres de ce que l’on a été soi-même incapable de faire. Mais dans le fond, c’est une constante politique que celle d’attribuer à son prédécesseur la responsabilité de ses propres échecs ! Sauf que dans le cas présent le prédécesseur du Chef de l’Etat français n’était autre que Jacques Chirac, ce qui donne à l’Élysée la bagatelle de 12 années de présidence de Droite… 12 années pendant lesquelles le Président n’a donc fait que de la figuration, et où l’on n’ a pas entendu Nicolas Sarkozy demander que soient réformées les décisions mitterrandiennes, qu’il juge maintenant ineptes ! En fait, on peut résumer historiquement les positions de la Droite libérale ou réactionnaire d’une formule simple : « tout avantage donné à la classe ouvrière a été une erreur ! ». Un livre de 300 pages ne suffirait pas à publier tous les propos tenus par des hommes politiques critiquant la fin de l’esclavage, la fin du travail des enfants, le droit syndical, les congés payés, les 40 heures, la retraite par répartition, le SMIG, le droit de partir à 60 ans, les 35 heures… Pas une seule conquête sociale, parfois obtenue après des sacrifices inimaginables maintenant, n’est considérée par la droite comme ne relevant pas de l’erreur économique ! Pas une seule fois on n’ a entendu un homme de Droite accepter de considérer que le profit doit passer après la qualité de vie des hommes qui le procurent. Prenons l’exemple de l’abolition de l’esclavage, le 27 avril 1848, pour vérifier que le discours est toujours identique à travers les époques. Un politicien gersois de Droite, dans la période où l’on se bat pour imposer l’abolition de ce qui est une ignominie, résume déjà la pensée libérale. M. Granier de Cassagnac a osé écrire ce qui suit : « La traite se réduit à un simple déplacement d’ouvriers avec un incontestable avantage pour ceux-ci. Les esclaves vendus par les rois africains sont des esclaves à eux, travaillant chez eux, nés chez eux… Les tribus africaines ne sont pas agricoles; elles ne peuvent pas se développer indéfiniment parce que les subsistantes sont bornées, et pourvu que les chefs de tribus aient le nombre de bras nécessaires pour exécuter le travail indispensable de production, ils vendent le reste. Ce sont donc des ouvriers qu’ils cèdent aux Européens, voilà toute la traite. » En fait, un véritable plaidoyer pour les… grands propriétaires des colonies, qui avaient de la main d’œuvre à bon marché, déjà exonérée des charges sociales, et qui ne pouvait pas se rebeller. Si on cherche bien, nous pourrions trouver des déclarations ultérieures justifiant la ruine du pays, par cette abolition voulue par Schoelcher. Dommage que nous ne puissions pas revenir sur ce passé pour justifier l’allongement de la durée du travail…. car il y a dans l’argumentation de Granier de Cassagnac, répondant au doux prénom d’Adolphe, des points intéressants… pour le JT de 20 heures, car ce brave homme avait de l’avance sur son temps !
La révolution industrielle a conduit les nombreuses manufactures, les mines ou les chantiers à embaucher des ouvriers en masse, ceux-ci, le plus souvent avec de nombreux enfants et un faible revenu, encouragent leurs enfants à entrer avec eux à l’usine, où ils effectuent les tâches subalternes dans les mêmes mauvaises conditions que les adultes. Le travail des enfants, avec celui des femmes, a alors trois avantages pour les industriels. Il permet de faire pression à la baisse sur les salaires des ouvriers adultes masculins ; il permet de livrer la famille entière au travail ouvrier, ce qui accélère la rupture avec le monde rural traditionnel ; enfin, il fournit une main-d’œuvre plus abondante, permettant d’utiliser les machines à plein rendement. Ce sont des arguments qui pourraient encore être utilisés à la tribune de l’assemblée nationale… pour peu qu’ils permettent aux enfants ayant rendu ce service à la Nation de partir enfin à 60 ans à la retraite ! Nicolas Sarkozy devrait chercher dans l’oeuvre des patrons des filatures ou des mines, de violentes critiques sur l’abandon du travail avant 12 ans ! Il est certain que ce serait utile, car au lieu de partir plus tôt, il suffirait de commencer plus tôt à cotiser !
Si le premier des Ministres et sous ministres revient à la période du Front Populaire, il va trouver des centaines de lignes lui permettant de raccrocher ses difficultés présentes aux décisions sur les congés payés ou les 40 heures. Il peut prendre les débats parlementaires du 20 juillet 1936 et il aura un discours tout écrit. La droite de l’époque ne se prive pas de se moquer des aspirations de ces « prolétaires » un peu « crasseux » : « Front populaire ? La semaine des deux dimanches ! Ou Papier gras sur les plages ! » Dans le fond, c’est Léon Blum et Salengro qui n’ont pas pris les bonnes mesures pour que Nicolas Sarkozy puisse redresser la France. Pire, après lui, on est arrivé aux 5 semaines de congés payés, qu’il faudrait ramener à 15 jours comme en 36 afin de fabriquer massivement des produits que personne n’aurait les moyens d’acheter !
Il reste tout le mal qu’a pu faire la Gauche depuis la Libération où, dans les faits, elle a été présente moins de 20 % du temps au pouvoir ! Que des dégâts terribles que ce pauvre Chef de l’Etat Français doit assumer, et qui le perturbent beaucoup. Un certain François Mitterrand n’a commis que des fautes graves… jugées d’ailleurs insuffisantes par les gens de l’extrême gauche puis de son propre camp. «Il faut quand même se rappeler que c’est François Mitterrand qui a abaissé l’âge de la retraite de 65 à 60 ans. Entre ça et les 35 heures, on aurait eu beaucoup moins de problèmes » a déclaré le promoteur du bouclier fiscal, devant un auditoire UMP ravi ! Il n’est pas encore remonté jusqu’à la Libération, mais ça ne saurait tarder. Dommage qu’il ne se soit pas arrêté sur les déclarations qu’il a pu approuver depuis les bancs du gouvernement quand il avait tous les pouvoirs pour les prendre. Pour justifier toutes les erreurs accumulées depuis maintenant 2 ans (mi-mandat), il lui faut, c’est certain, explorer les propositions faites par Jean Jaurés. Durant sa campagne, le 9 mars 2007, il a pourtant clamé son admiration (mais il est vrai qu’il n’était pas à une récupération près) dans ces termes : « Je me sens l’héritier de Jaurès quand il dit à la jeunesse : « le courage, c’est de choisir un métier et de le bien faire quel qu’il soit (…). Le courage, c’est de dominer ses propres fautes, d’en souffrir mais de ne pas en être accablé et de continuer son chemin (…). C’est de se donner aux grandes causes, sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond. Je me sens l’héritier de Jaurès quand il dit : « contre toute menace et toute humiliation il faudrait défendre la France : elle est deux fois sacrée pour nous, parce qu’elle est la France et parce qu’elle est humaine ». J’ai cité Léon Blum parce que Léon Blum a fait de la France une grande nation quand il a dit : « l’émulation scolaire c’est l’égalité vraie ». Parce que je me sens l’héritier de l’enfant qui en 1936 grâce aux congés payés jette sur la mer son premier regard émerveillé et entend prononcer pour la première fois le mot « vacances ».
Moi, je me sens donc l’héritier de Mitterrand, quand il avait rétorqué à Giscard d’Estaing qui l’accusait d’être l’homme du passé : « vous êtes, vous, l’homme du passif… » Cet homme là était un visionnaire !
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La stupidité de cette droite rétrograde oublie que sans les 35 heures et les RTT, certaines entreprises ont pu éviter le chômage technique en fin 2009 ( des malheureux députés qui sont à nouveaux redevenus des godillots, l’ont reconnu à l’époque ). Je compte les jours, jusqu’en mai 2012. Du moins si on ne retrouve pas un chévenemnt dans les rangs de la gauche…Ils parlent trop ! le moment n’est pas venu…quand j’entends DSK ! les bras m’en tombent…
A+++++
La retraite à 60 ans, c’est bien sûr la faute aux autres. En son temps, l’actuel occupant de l’Elysée s’y est oppposé assurément avec toute l’énergie qu’on lui connait.
Cette vidéo en est la preuve.
http://youtube.com/watch?v=_vRWXPJjr3k
Quand la mauvaise foi est érigée en principe de gouvernement…
Bravo et merci de nous rappeler que Mitterrand était un Grand homme.
j’ai eu 20 ans l’année de son élection et ce fut le plus cadeau d’anniversaire de ma vie.
(résolument addictif ce blog)
Le dossier des retraites c’est une partie de tennis sans fin, qui perd en vélocité à chaque échange.
Tout d’abord il faut bien en comprendre le principe de manière neutre; ce qui balaie très rapidement toute perte de logique au profit des émotions.
Le retraites en France sont calqués sur le système Madoff point par point, il s’agit donc bien d’une vente pyramidale et les pertes sont mathématiquement vouées à s’accroître pour les derniers facturés. L’effet équilibrant attendu comme le messie est une véritable insulte à nos laboratoires de mathématiques.
Il est plus qu’évident que personne ne veuille s’en occuper car c’est une patate chaude sur le point d’éclater à la figure du dernier qui l’aura en main. Il va s’attirer la haine sans concession de Français encore assez jeunes pour sentir leur droits violés et leur doutes démultipliés, car mis à part un procès sans précédent je ne vois aucune issue à ce dossier.
Le pinaillage sur la durée de travail ne me sert qu’à évaluer certains cycles de renouvellement d’une entreprise (sur le plan de l’audit), que je met en adéquation avec ses stratégies.
Sur le plan macro-économique, il me sert à évaluer combien il temps il reste au système. Plus la durée est reculée, plus le signe d’implosion approche.
Le sytème est initialement crée pour un dynamisme inverse, basé sur une croissance maitrisée et une éducation en osmose avec ses industries nationales (oui, je l’ai dit). Les temps changent.
En ce qui me concerne je suis le banc de thons nourricier, comme les autres.
En 99 il était régional, mes enfants sont nés dans deux régions diamétralement opposées. Avec les points de naissance de ma femme et moi, nous avons les quatre points cardinaux.
En 2009 il était résolument européen, et être trilingue un standart. Dans le milieu du redressement mais aussi de la finance et de l’informatique, je rencontre fréquemment des français très appréciés pour leur régularité et leur expertise.
Tous m’ont a moitié avoué être des réfugiés économiques victimes des vagues de RH psychopathes des années 90. Ceux qui se sont mépris dans leur orientation; le dépistage du suicide était fait pour eux.
Dans tout ce chaos systémique; je préfère compter sur l’immobilier producteur d’énergie pour ma retraite que sur mes enfants, découvrant à peine le père Noël.