Ce soir, je n’ai pas le courage de me lancer dans une chronique. Je ne sais pas pourquoi, mais une forme d’auto-censure m’envahit. J’ai, je l’avoue, une peur qui m’envahit : celle d’être en décalage complet avec une société dans laquelle j’ai du mal à me reconnaître. Je ne sais plus s’il est utile de se battre dans ce monde d’une indifférence crasse. Dans le fond, ne vaut-il pas mieux le laisser aller vers le précipice ? Quelle vanité que celle qui consiste à croire que l’on a la capacité à convaincre. J’ai en mémoire cette fameuse photo d’un étudiant chinois seul, perdu sur la place Tian’Anmen, qui arrête une colonne de chars. La situation est identique dans ce pays sous influence. Ce soir, par exemple, avec le Pays Coeur Entre deux Mers, le SEMOCTOM, la Mairie avaient invité tous les enfants ou jeunes Créonnais à un spectacle gratuit concluant la semaine communale du développement durable. Plus de 2000 invitations ont été distribuées, et à l’arrivée, une vingtaine de gamins, accompagnés des parents ayant le moins besoin d’être convaincu sur la problématique des déchets. Il est vrai que dans toutes les chaumières, ce soir, les étranges lucarnes déversaient des tonnes de c……… sur le couple présidentiel. L’avenir de la planète ne les concerne pas. L’éducation de leurs enfants se résume à la dimension des frites au restaurant scolaire. La politique dans son sens le plus noble les em…..! La télé esclavagiste les enchaîne.
La France se passionne pour une querelle de ménage potentielle. Et comble de l’absurdité, le conseiller en communication de l’Elysée parlant de « complot à finalité financière », franchissait le mur du çon ! La rumeur ? Elle court, elle court la rumeur, savamment utilisée, manipulée, tripatouillée afin de masquer les tristes réalités politiques. Démoralisant. Seul Laurent Fabius, une fois encore, a démontré sa stature d’Homme d’Etat en clouant sur place l’ineffable Apathie devant un Denisot gêné. En voulant l’entraîner sur le terrain « glissant » et désastreux d’appréciations sur celui qui se retrouve pris au piège d’avoir usé et abusé de la médiatisation de sa vie privée, l’Apathie donneur de leçons a mérité une leçon de modestie et d’éthique. En fait, plus de 496 papiers différents sont répertoriés sur « google actualités » autour d’un couple qui s’aime en public, se prélasse en public, se complimente en public, s’exhibe en public, mais qui utilise des fonctionnaires « trop payés et inutiles » pour enquêter sur les origines d’une rumeur. Mais où est la raison ? Ou est la dignité ? Jusqu’où ira-t-on dans la bêtise collective ? La police judiciaire sur les traces d’un imprudent (une imprudente ?) qui a cru que les rumeurs de la cour avaient un zeste d’intérêt.
Démoralisant de constater que toutes les rédactions de France font du voyeurisme inversé. On y dénonce avec angoisse les travers des autres, mais on insiste beaucoup sur le contenu de la rumeur, en accusant les autres de la propager et surtout de s’y intéresser. Les chars d’assaut élyséens ont écrasé un éventuel sursaut médiatqiue printanier. Paris a son scandale. Paris se donne bonne conscience. Paris pourra baver tranquille sur la grève des cheminots, oublier en toute quiétude la promotion, dans l’ordre de la Légion d’Honneur au titre des services rendus à la République reconnaissante, du Procureur Marin qui a fait appel de la non condamnation de Galouzeau de Villepin ! Il faudrait mener une enquête sur la propagation d’une rumeur, qui circule dans les prétoires, sur les motifs de cette promotion. Je propose que le Procureur de Paris… lance une procédure.
Je suis lassé de voir que les médias reprennent à l’infini les dégueulis de notre société, les secrets d’Etat sont devenus des secrets d’alcôve Ils n’ont plus aucun scrupule, aucune retenue, aucune angoisse sur leur avenir. C’est dans la nuit du 9 mars qu’un billet sous pseudonyme, publié sur un blog hébergé par le site Internet du Journal du dimanche, a relayé des rumeurs sur le président et son épouse. Les journaux étrangers, notamment britanniques, en ont aussitôt fait leurs gros titres. Les médias français, qui distinguent traditionnellement la vie publique et la vie privée des hommes politiques, ont traité le sujet a minima. Puis, le voyage conjoint de Nicolas et Carla Sarkozy aux États-Unis, dans les derniers jours de mars, a fait taire une fois pour toutes la rumeur d’une «crise conjugale».
Mais l’affaire a rebondi pendant le week-end pascal, quand le JDD a annoncé que sa société éditrice, le Groupe Lagardère, déposait une plainte contre X pour «introduction frauduleuse de données dans un système informatique », entraînant l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Paris.
Après être resté silencieux, le premier cercle de Nicolas Sarkozy est monté au créneau, pour en finir avec les «Monsieur de Source sûre qui sévissent dans les dîners en ville». «Pour les gens, plus une rumeur est fausse, plus elle est vraie», ajoute un proche du président, qui y voit une opération de déstabilisation du chef de l’État, digne de l’affaire Markovic, qui avait failli détruire la carrière politique de Georges Pompidou en 1968. Mais cette fois-ci, Nicolas Sarkozy n’a pas mandaté son avocat, Thierry Herzog, pour porter plainte – comme il l’a fait à chaque fois que son image personnelle ou celle de la première dame était en cause. En revanche, l’Élysée se réjouit du «courage» du JDD, et espère qu’il «sortira quelque chose de cette enquête». J’ai tout simplement honte pour notre démocratie de constater que nous sommes tombés aussi bas pour transformer de fausses affaires conjugales… en affaires d’Etat !
Les chars d’assaut médiatiques continuent leur marche irrémédiable pour écraser les moindres pôles de résistance. Enfermé dans le bunker de ses certitudes purement idéologiques, le Président de la République manie leur avancée à sa guise. D’ailleurs pour une fois, bien mieux que des mots, je vous propose des images d’un reportage censuré en France et réalisé par la Télévision… Suisse Romande :
Qu’est devenu le courageux étudiant de la place Tian’Anmen ? Il est entré dans l’histoire comme le soldat anonyme d’une résistance désespérée. Il a disparu des mémoires s’il n’a pas disparu de ce monde. On n’arrête jamais les chars, pas plus que les rumeurs. On les détourne un instant de leur route. C’est tout !
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Mais elle est faite ta chronique et c’est tant mieux. C’est avec les petits ruisseaux que l’on fait … un jour … les grandes rivières ! Carpe diem !
Et oui, peut-être un jour jouerons-nous des coudes pour assister au « petit lever »… méthode éprouvée n’est-ce pas ?
Tes constats, hélas, sont loin d’être faux. Mais nous ne pouvons baisser les bras, « au nom de l’idéal qui nous faisait combattre et qui nous fait combattre encore aujourd’hui », comme le chantait Ferrat. Militant depuis plus de trente ans, je sais très bien que ce qui fait courir les vieux routards du militantisme, qu’il soit politique, syndical ou associatif, ce n’est ni l’argent, ni la recherche de la gloire… Mais bien quelque chose de plus profond, de plus spirituel… L’espoir d’arriver à changer l’ordre injuste des choses si l’on retourne ses manches ; la foi en l’homme, capable du meilleur comme du pire… plutôt du meilleur si on lui offre éducation, formation, capacité à se forger un jugement autonome. « Rien n’est jamais acquis à l’homme » écrit Aragon… C’est la raison pour laquelle notre marche ne peut s’arrêter et qu’elle doit continuer
Encore une fois, on agite le chiffon rouge, on lance un écran de fumée pour attirer les regards sur le « vulgaire et le subalterne » comme aurait dit le général…..et les détourner de l’essentiel, chômage, bouclier, etc…et de façon subsidiaire sur les turpitudes vaticanes.
Mais il faut tenir bon, contre vents et marées, ne pas se décourager, c’est ce qu' » »ils » » attendent les fourbes et les profiteurs de la naïveté du peueple.
Carpe diem !
il est un vieux proverbe qui dit
« quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt », navrée de constater que ce proverbe n’est pas si vieux que cela.
Merci pour vos mots qui apaisent nos maux
Article magistral que je fais suivre à tous mes amis posteurs.
Je ne sais pas vraiment vers quoi nous nous dirigeons mais j’ai bien peur que cette présidence ne nous entraîne vers des lendemains qui ne rechanteront plus jamais si nous ne nous levons pas tous ensemble.
Votre talent d’écrivain n’a d’égal que la grande et juste acuité de vos analyses politiques.
Nous ne pouvons pas baisser les bras, nous devons continuer à lutter contre la non-pensée qui arrange tellement le pouvoir en place même si l’entreprise n’est pas aisée! Merci pour cet article qui résume bien l’ère sarkoziste: du vent, du rien et une catastrophe pour le pays…
votre foi en l’homme ne fera pas de vous ce que vous n’êtes pas, même dans cette non chronique il y avait tout le constat de ce qui n’est pas bien, donc par déduction de tout ce qui l’est. J’ai la même foi, les mêmes valeurs, les mêmes convictions que vous, me manquent les mots, les talents d’orateur, je lis donc toujours vos textes avec un grand plaisir et jubilation. Au plaisir de vous lire encore longtemps.
Réponse perso JMD : lisez donc La sauterelle bleue Editions Aubéron et vous comprtendrez mieux les raisons de mes choix… de vie. Merci pour votre commentaire.