Actuellement, si j’en crois les déclarations que j’ai entendues de la bouche des porte-parole locaux de l’UMP la période est aux « économies ». Il faut é-co-no-mi-ser pour être en adéquation avec la crise. C’est d’ailleurs le fondement de la réforme des mille-feuilles « administratifs »: économiser en « évitant les doublons », en supprimant des postes de fonctionnaires territoriaux inutiles, en réduisant les dépenses dans tous les domaines. Le Premier ministre a annoncé, il y a presque un an dans le Figaro que le gouvernement français allait poursuivre « la réduction des dépenses de l’État dans son budget 2010 » en lançant une deuxième vague d’économies dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques (RGPP). Vous apprécierez – je l’espère – les termes de « poursuivre la réduction des dépenses » alors qu’un déficit colossal vient juste d’être annoncé.
Certes la perte des recettes y est pour beaucoup mais rien n’a été fait pour les optimiser, car les exonérations, les niches, les boucliers les ont décimées. « En 2010, nous allons geler la progression des dépenses de l’État en volume. Pour y parvenir, nous maintiendrons la règle du non-remplacement d’un départ en retraite sur deux dans la fonction publique, soit 34.000 postes en moins, et nous accélérerons l’effort de la révision générale des politiques publiques (RGPP) » avait précisé le Premier ministre. Et il a tenu parole. Oui, oui, il a tenu parole et il a tenté de réaliser des économies en supprimant le maximum de postes afin de rendre les services publics d’État, ou ce qu’il en reste, incapables de répondre à une demande normale d’un usager. Pour le reste, je ne résiste pas à la tentation de vous citer quelques références du genre « serrez-vous la ceinture afin que nous puissions continuer à élargir la nôtre »La gelée promise a vite fondu au soleil des dépenses des sommets de l’État.
Ainsi, il faut rappeler au cochon de payant qui sommeille en chaque contribuable, que dans les ministères on réalise des « é-co-no-mies! ». Le seul problème c’est qu’elles sont virtuelles puisque les personnels des cabinets ministériels ont vu leur rémunération augmenter de 56,8% et leurs effectifs de 11% entre 2008 et 2009, comme l’avait relevé, jeudi 26 novembre, le député socialiste René Dosière. Les effectifs globaux (membres du cabinet, plus personnels chargés des fonctions de support) sont passés de 2 949 à 3 277. Ce qui fait une augmentation de 11,1%. Les rémunérations ont, dans le même temps, connu « une progression vertigineuse de 56,8% ». Elles sont passées de 24,6 millions d’euros à 38,6 millions. S’y ajoute la progression des indemnités de sujétions particulières (ISP), en hausse de 20,6%. Comme le nombre de bénéficiaires a augmenté, le montant moyen des primes par personne a gagné 11,7%. Pourtant, François Fillon avait fixé, quand il est arrivé à Matignon, un plafond de vingt conseillers par ministre et de quatre conseillers par secrétaire d’Etat. Deux ans et demi plus tard, seul le ministère de la Justice de Michèle Alliot-Marie satisfait aux critères, avec 16 membres dans son cabinet. Le cabinet du Premier ministre a bien essayé de faire un effort, en passant de 64 personnes en juillet 2008 à 60 en 2009. Mais, à l’inverse, le ministère de l’Ecologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer est passé de 27 à 39 membres. Résultat de l’addition, les effectifs des cabinets sont passés de 537 à 626 membres. Dans le détail, Jean-Louis Borloo utilise 48 chauffeurs, Bernard Kouchner 40 personnes dans l’intendance. Ce sont des… économies, ou je n’y connais rien !
On sait aussi s’envoyer en l’air avec des moyens réduits. En 2010, les deux Airbus présidentiels doivent être remplacés par un A-330 « entièrement refait et avec une plus grande autonomie de vol ».. Il y a quelques mois, le ministère de la Défense aurait d’ores-et-déjà acquis cet avion, « un Airbus gros-porteur A 330 d’occasion exploité par la société Air Caraïbes », précise Le Figaro. Cet avion devait être un Air Force One à la française « pour des raisons d’utilité et de prestige », ajoute le quotidien, qui souligne que « l’appareil devrait être aménagé » et « pas livré avant 2011 ». L’addition entre tout à fait dans le plan d’économies gouvernementales : le Chef de l’État français a bien l’intention de s’offrir un joyau dont l’intérieur serait réaménagé pour… 28,5 millions d’euros auxquels on ajoutera quelques avenants et babioles technologiques. Il faut rapprocher ce « cadeau » républicain, conforme au standing actuel des finances de la France du coût d’un simple déplacement électoral de 24 heures à La réunion. Il a coûté environ 1,6 million d’euros, avec pas moins de quatre avions qui ont été mobilisés pour l’occasion : l’A319 présidentiel, un deuxième A319 pour assurer le déplacement de tous les journalistes et de sa délégation, un Falcon 50 à vide, en secours, et un A310 transportant une autre partie des journalistes et de la délégation. À ces 815 000 euros, s’ajoutent les frais engendrés -coût inconnu- par le déplacement des 4 hélicoptères qui ont transporté le président et ses proches entre Saint-Pierre et Saint-Denis. On trouve 50 000 euros pour une climatisation, 23 000 euros pour les frais de réception, 17 000 euros pour les invitations, 17 000 euros pour la location de la salle et seulement 13 000 euros pour 55 chambres luxueuses dans le nec plus ultra des hôtels de l’île ! Et tout ça après… soyez-en certains, un appel d’offres ouvert ! Il est vrai que depuis le déplacement vers Haïti, via la Martinique, de Joyandet, qui se révèle une excellent Ministre de la coopération avec les compagnies privées, rien ne surprend. Coût du billet : 116 500 euros ! Là encore il a dû y avoir une procédure d’appel d’offres, conforme aux textes en vigueur, afin d’obtenir le « mieux disant »!
Emmerdeur en chef pour certains, orfèvre de la dépense publique pour d’autres, René Dosière a encore fait parler les chiffres cachés du budget de l’Élysée. Il ne cesse de dénoncer des augmentations, des dissimulations du vrai fonctionnement, avec des « mises à disposition » de tous les Ministères. En décembre 2009, le « Canard enchaîné » évaluait, par ailleurs, le salaire annuel du conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino à 290 368,93 € : 132 856,93 € en tant que conseiller maître à la Cour des comptes, plus “une indemnité de sujétion particulière”, c’est-à-dire une prime de 157 512 €. Le montant mensuel brut de la rémunération du président de la République s’est élevé, en 2009, à 21 133,37 € , y compris une indemnité de fonction de 4 226,22 €, selon le rapport du député PS Jean Launay sur le budget de la Présidence de la République, en novembre 2009. Cela correspond à un chiffre quasiment stable depuis 2008, année de la fameuse augmentation de 140%. Montant mensuel net de 19 508,21 €.
Mais par exemple, hier soir, lors du pince-fesse UMP au Palais présidentiel, on a longuement évoqué la protection des 755 foyers possédant les patrimoines les plus importants (d’une valeur de plus de 15,5 millions d’euros) et les revenus les plus élevés (supérieurs à 42 500 euros par an). Ils ont touché en 2008 la bagatelle de 66% des sommes remboursées au titre du bouclier fiscal, soit une moyenne de 368 281 euros remboursés à chacun, pour un coût budgétaire de 288,6 millions d’euros. Ils représentent 5,4 % des bénéficiaires et environ les deux tiers du coût du bouclier fiscal. Eux, au moins, ils font des économies…
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C’est à vomir de dégoût quand on pense que des familles ne possèdent pas le premier euro pour se chauffer !On essaie d’additionner les chiffres , les sommes astronomiques dépensées en 24 ..48 heures en réalisant d’ou vient le gaspillage !!
Elles sont belles les leçons d’économie! Aucune HONTE DE DEMANDER AUX FRANÇAIS DE SE SERRER LA CEINTURE .
Si la colère gronde.. les hurlements dans l’hémicycle de l’assemblée nationale ne changent pas grand chose aux décisions gouvernementales ..
Maintenant que la photo du petit Nabot’léon sera affichée dans le fameux restaurant près du Président OBAMA … il va encore souffler un vent de nouvelles inepties pour ressembler à cette grande nation.
Tous ces chiffres sont une honte pour un Président de la République qui devrait incarner plus de décence a
oui, oui, oui…..Ils font des économies….Je n’en veux pour preuve que les économies réalisées sur les frais de déplacement des Ministres. Le voyage de Monsieur Joyandet, tant décrié, a coûté au contribuable français la modique somme de 116 500 euros. Je crois me souvenir que Monsieur ESTROSI, actuellement ministre de l’industrie, s’était, pour sa part, rendu en 2008 à Washington en avion privé, pour ne pas rater à Paris un « pince-fesse » élyséen….Il en avait coûté alors au pauvre contribuable dont on serre la ceinture à tout va, la somme de 138 000 euros. Vous le constaterez. Le voyage de 2010 a coûté 21 500 euros de moins que celui de 2008, pour une distance sensiblement équivalente…C’est sans doute cela qu’ils appellent faire des économies !
Il faut actualiser, Monsieur Darmian, sans vouloir vous offenser : le concept du « mieux disant », c’était le code des marchés publics version 1992. Depuis le code 2001 et surtout aujourd’hui avec le code 2006, on parle dorénavant de « solution économiquement la plus avantageuse ». De prime abord, ça peut sembler un simple exercice de rhétorique et on ne saisit pas toujours la subtilité entre ces deux expressions. Pourtant, appliqué au cas Joyandet, entre « mieux disant » et « solution économiquement la plus avantageuse », on saisit mieux la nuance. Et la gabegie des deniers publics n’en apparaît que plus importante encore.
Cette obligation légale de retenir la « solution la plus économiquement avantageuse » n’en donne en outre que plus de poids à vos propos.
Même si c’est du quotidien qu’il faut faire notre, que l’on sait déjà tout ça, c’est tout bonnement insupportable. Je travaille en CDD pour la fonction publique à temps complet pour un salaire de 8,20€/h soit 0,66 de moins que le smic, c’est légal, et je suis sûre d’être « la solution la plus économiquement avantageuse » 😉