L’avenir d’Eric Zemmour préoccupe le microcosme médiatique parisien… Il est vrai que ce brave garçon mérite une mobilisation supérieure à celle que les gens qui comptent auraient pour des centaines de personnes risquant de perdre leur emploi. S’attaquer à un roquet agressif réfugié derrière une carte de presse barrée de tricolore, qui lui garantit la possibilité de mordre à tout va, semble devenir depuis quelques jours une posture dangereuse. Il aboie de loin, se permet de tailler en pièces les personnes qui viennent faire le trottoir chez Ruquier, s’offre des morsures gratuites, mais bien évidemment, se réfugie derrière sa liberté d’action, dès qu’on critique seulement son attitude. Il hurle à la mort, se débat, se victimise, et surtout pousse la meute des aboyeurs patentés à hurler, et aboyer avec lui…C’est la force de ces petits clébards, que celle de compter sur leurs maîtres pour les protéger quand ça va mal. Il mord à belles dents dans le gras des idées les plus pourries de notre société, au prétexte facile qu’elles ne font que refléter la vérité… Car bien évidemment, tous ses aboiements sont ceux d’un « chien de garde » protecteur, sachant reconnaître les « méchants potentiels » dans un monde des apparences trompeuses. Il aurait, selon ses contempteurs, l’immense mérite de « dire tout haut ce que beaucoup de gens pensent tout bas! » et donc ses charges rageuses sont ainsi légitimisées. Les femmes permettent à Eric Zemmour de se tailler une petite célébrité, après son échec à l’entrée à l’ENA, et un passage aux côtés de Philippe Tesson, ce parangon du journalisme objectif. «L’homme est dans la création, les femmes ne créent rien. Il n’y a pas de Mozart féminin, il n’y a pas d’Einstein féminin… Parce qu’elles ne sont pas dans la création et la transgression. Elles sont différentes.» Ces affirmations lui vaudront rapidement la célébrité que l’on doit à ceux qui se servent de l’outrance pour exister. Il a insisté à de nombreuses reprises sur ce thème dans un ouvrage « Le premier sexe » en allant jusqu’à stigmatiser leur désir de procréation : « Les femmes ont la haute main sur leur désir et la reproduction ; les hommes n’ont plus le pouvoir sur rien dans la famille. « Quand elles veulent un enfant, l’homme se défile. (…) Par la fourberie : elles font aux hommes un enfant dans le dos. (…) Avec l’avortement, autre conquête historique (…) elles voulaient dire : nos enfants nous appartiennent (…) Face à cette rare dépression démographique, les progressistes conséquents et les technocrates compétents ont une solution : l’immigration. » Le bonhomme a de la suite dans les idées car, pour lui, il est aisé de faire un lien entre la duplicité féminine et l’immigration. Tout est passé inaperçu, et donc le « roquet » est devenu grand.
« La discrimination, c’est la vie, c’est le choix, et c’est la sélection. » a-t-il aussi « aboyé » dans un débat, se prenant pour le Zorro du peuple bien mal pensant. En fait, il utilise à fond une technique consistant à laisser accroire qu’il fait du « politiquement incorrect », alors qu’il s’appuie en permanence sur les idées les plus éculées de la vie sociale : mépris des femmes, racisme non formulé mais suggéré, attaques contre les juges, dénigrement du politique, attaques contre les valeurs positives… il surfe sur le contraire de tout, et s’offre des proies faciles, car incapables de tenir le débat. D’ailleurs, il dérape vite quand on lui tient tête, non pas par des anathèmes jetés à la hâte, mais par le démontage systématique des ses analyses faciles.
Le problème, c’est qu’à la télé, plus personne n’a le temps de débattre sur le fond, puisque l’instantanéité devient la référence de l’efficacité. Il l’a intelligemment pigé, et il en utilise toutes les ficelles. Le « télé-choc » d’une attaque brutale, d’une balle tirée à bout portant, d’une flèche au curare, enthousiasme les adeptes de ce que l’on appelle à tort le « parler vrai ». Quand la blessure est ouverte et que le sang-froid de l’autre s’écoule, il suffit d’un peu de « sel », distribué à propos, pour le ridiculiser ou le faire chuter.
Zemmour a parfaitement compris, au contraire, qu’il fallait aller le plus loin possible dans la provocation pour se tailler une place dans cette jungle médiatique des « je-sais-tout », et il s’érige en sociologue, politologue, psychologue. En étant parvenu (le mot est juste dans tous ses sens) à se démarquer de ses confrères, qui sont tôt ou tard soupçonnés de complicité, de cirage de pompes, de mollesse, il s’est auto-attribué le label « vox populi » émanant des comptoirs de bistrots, des repas familiaux, des repas de chasseurs, des soupers en ville. Il ne cesse d’invoquer la victoire de la raison, et lui qui se targue d’une hyper-rationnalité, est en fait, de tous les commentateurs, celui dont les prises de position sont les plus subjectives. Tous ses beaux raisonnements ne sont que des justifications a posteriori d’un trait psychologique, qui lui fait choisir d’abord la laideur, contrairement à un homme « normal ». Tout ça pour exister. Simplement pour percevoir un salaire au figaro, et beaucoup de « ménages » à la télé. A l’arrivée, cette posture, ce rôle, tiennent davantage du théâtre télévisuel que du journalisme. Dans le même temps, décrire l’immigration comme un « tsunami démographique » ayant des liens avec l’avortement, légitimer les contrôles policiers au faciès par la « sur-représentation des noirs et des arabes parmi les trafiquants de drogue », expliquer qu’il faut être un idiot parfait pour céder au « totalitarisme anti-raciste », pour affirmer que l’espèce humaine se divise selon la couleur de la peau (« Je suis blanc, vous êtes noir, voyons.. ») . Tout cela n’est que le reflet des éructations du Front National, assénées par un bonimenteur, beaucoup plus adroit que Jean Marie Le Pen. C’est de l’impressionnisme, quand les autres pratiquent la peinture au pistolet !
Payé avec mes deniers de contributeur au service public de télévision, Eric Zemmour a parfaitement réussi à franchir un nouveau palier en matière de « notoriété ». Rien ne vaut une belle polémique pour devenir le héros de ce Peuple, qui préfère s’exprimer par procuration télévisée, plutôt que d’aller le faire dans les urnes. Il va entrer dans le top 50 des personnalités préférées du Journal du Dimanche, et s’installer encore plus durablement dans le paysage audio-visuel français, car personne n’osera le licencier ou le réduire au silence. « Le chien (fût-il réputé de garde) aime passionnément les odeurs fétides. Si le chien est fidèle à l’homme, c’est parce que souvent l’homme pue ». François Cavanna a parfaitement résumé la situation.
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Je n’ai aucune sympathie pour Zemmour. Je dirais même que des rares fois où je regarde la télé et les encore plus rares fois où je suis tombé sur Zemmour, l’individu m’a franchement paru antipathique au possible.
Je suppose cependant que ce monsieur a un niveau d’instruction supérieur à mon petit BEPC (mai 68 était passé par là). Il devrait donc être capable de réfléchir plus que moi du fait de sa culture. Je pense d’ailleurs qu’il en est capable mais qu’il ne le fait pas volontairement pour tenir son look de polémiste politiquement incorrect. Et je crois fermement que là où il bat tout les records, c’est la mauvaise foi. Et comme tout populiste, il s’agit de mauvaise foi par omission.
Car ce qu’il dit n’est pas dénué de fondement, seulement il ne dit pas tout (avant de tirer, attendez la suite).
Que la police ait la fâcheuse habitude de davantage contrôler ceux qui n’ont pas le teint typiquement scandinave, surtout en RP, c’est une réalité. Mais c’est aussi l’ensemble des jeunes de quelques origines qu’ils soient qui ne sont pas laissés en reste non plus. D’ailleurs, si le délit de faciès n’existait pas, personne n’en parlerait, ce qui n’est pas le cas. Et on n’aurait pas besoin de la HALDE mise actuellement en péril par notre petit tsar. Qu’on trouve également une importante proportion de ces populations dans la délinquance, c’est également un fait. Il suffit de parcourir la rubrique des faits divers pour s’en convaincre.
Cependant, il y a une raison à tout cela que Zemmour s’est bien gardé d’évoquer : ce n’est pas tant une question de couleur de peau mais un problème de catégorie sociale. La délinquance s’est toujours développée dans les milieux les plus défavorisés, chez les laissés pour compte de la société, ceux pour qui le seul avenir est d’être balayeur (ce qu’on appelle angéliquement des techniciens de surface)ou de pointer au chômage. Ils voient aussi leurs parents qui se crèvent au travail pour un salaire de misère sans aucune considération en retour. Ils voient une situation qui s’aggrave pour leurs proches, leur entourage, alors que dans d’autres milieux on dépense sans compter et on affiche sans vergogne un luxe indécent.
Ce qu’ils voient surtout, c’est que l’argent est la clé du problème. Il y a d’un côté ceux qui en ont et ne se privent de rien et en face ceux qui n’en ont pas et se restreignent de tout. Alors, quand on fait partie de cette dernière catégorie et qu’on a l’opportunité d’en sortir par l’argent facile, même s’il est acquis par des moyens répréhensibles, le choix ne se pose pas longtemps. La richesse n’est pas infinie, elle a une grandeur bien délimitée et non extensible. A partir de là, c’est le principe des vases communiquants : celui qui s’enrichit de manière inconsidérée le fait obligatoirement sur l’appauvrissement du plus grand nombre. Lorsque votre banque vous prélève des agios usuraires ou qu’elle vous fait payer des frais exhorbitants pour un malheureux chèque impayé, ne regardez pas le guichetier de travers ; ça n’est pas rentré dans sa poche et s’il l’a fait, c’est qu’il a reçu des instructions fermes de sa direction. Regardez plutôt le salaire de son PDG.
Voilà l’hypocrisie ou plutôt le mensonge éhonté de Zemmour. Il n’indique les faits que de façon très partielle. Une espèce de fils spirituel de Le Pen comme il est dit plus haut. Parce que, tant qu’à parler de délinquance, il aurait aussi pu évoquer la délinquance en col blanc dont les enjeux sont autrement plus importants, la rapacité et la cruauté des méthodes sans commune mesure avec le petit dealer local. Mais là, les délinquants sont de la même couleur que leur col. Et ça, c’est vraiment politiquement incorrect d’en parler.
Enfin, ce que j’en dis…
Zemmour, a toujours attiré ma curiosité, et c’est justement ce qu’il cherche. Il ne me dérange pas, car il ne m’impressionne pas. Il étale sa culture, avec un détachement presque inhumain (c’est ce qui me donne ce recul pour l’écouter), et il n’est pas cohérent tellement il va loin dans le dénie de ce qu’il a pu dire précedemment. Là où je l’adore c’est quand il a en face de lui des gens cultivés et Intelligents avec une vraie logique humaine, qui le démonte avec une facilité… c’est rare, car c’est vrai qu’il aboie beaucoup, mais mord aussi. Mais ce n’est qu’un Roquet et quand un bon Labrador comme yann Moix lui fait face ce n’est que pur bonheur, non seulement Zemmour ne l’atteind pas mais Moix lui bave dessus. c’est ce que j’aime chez les provocateurs, ils sont nuls en improvisation !!
Il est des personnes méprisables dont le fond de commerce s’approvisionne dans le bas du bas. Ce qui n’oblige personne à penser….Une honteuse manipulation pour avoir de l’audience et donc des revenus confortables sans fournir beaucoup d’efforts!
Il est des personnes remarquables, nos chercheurs, qui travaillent pour le bien de tous pour des salaires de misère…