Problematique démarrage en seconde

Hier soir manifestation devant le lycée fermé !
Lorsque l’on parle autour de soi des effets induits des réformes gouvernementales, il arrive que l’on ait l’impression que ce sont des élucubrations partisanes. Dans un hémicycle, s’exprimer sur ce sujet, c’est se faire insulter rapidement, et se faire accuser d’apeurer les populations sur un désastre qui n’arrivera jamais. N’empêche que sur le terrain, on commence à réaliser ce que veut dire, par exemple, la suppression d’un poste de fonctionnaire sur deux. C’est le credo gouvernemental. Et récemment, dans une réunion, le Préfet, lors de la commission départementale des finances locales, expliquait que les collectivités seraient, de toutes manières, à terme, contraintes d’en arriver au même processus. Personne ne plaint réellement la fonction publique, qui lentement mais sûrement va à sa perte.
Dans l’opinion, les « fonctionnaires » sont trop nombreux et inutiles. Sauf quand on a réellement besoin d’eux ! Hier tous les employés de la ville de Créon (100 %) étaient grévistes… ce qui est un signe indéniable des craintes qui sont les leurs, car ils sont régulièrement informés des conséquences de la réforme des collectivités territoriales sur leur avenir. Hier également, j’étais convié à une réunion des parents des élèves et des enseignants du Lycée François Mauriac, dispensant l’enseignement général sur le secteur du collège de Créon. Un moment vérité qui illustre parfaitement les dégâts sur les générations futures.
Dans cet établissement, on accueille actuellement plus de 1250 adolescents issus de la Rive Droite de la Garonne. Un certain nombre d’entre eux viennent des collèges des zones urbaines autrefois prioritaires avec un taux d’encadrement qui réduit les effectifs à 25 par classe. Ils sont considérés comme issus de classes socio-professionnelles défavorisées à 35 % des effectifs. Quand on sait que la moyenne départementale est de 20 % , celui de l’académie de 23 % et que cette catégorie atteint 9 % au lycée bordelais Magendie, 7 % au lycée des Graves sur Gradignan et 13 % au lycée Gustave Eiffel…Jusqu’à présent, ce double critère était pris en compte pour l’affectation des horaires d’enseignement. Désormais, les ratios ont pris le pas sur toutes les considérations éducatives… et on accentue les affectations en lycée d’enseignement général dans les collèges, pour améliorer les statistiques dans le projet d’établissement.
Face à cette situation, le Ministère vient d’inventer la Dotation Globale Horaire (DGH), qui consiste à cumuler les « Heures postes » (professeurs en poste et titulaires), les Heures supplémentaires annuelles (travailler plus pour gagner plus), les heures supplémentaires effectives (accompagnement éducatif)… Une sorte de patchwork, qui ne tient plus compte des spécificités des établissements. Résultat immédiat : pour le rentrée prochaine, l’inspection Académique de la Gironde a attribué à ce Lycée 1600,5 heures (appréciez la précision)… il appartient au Conseil d’administration d’approuver la répartition interne, faite par le chef d’établissement.Les professeurs et les parents de la FCPE ont vite compris que la RGPP (Réforme Générale des Politiques Publiques) se basait sur… le passage, à effectifs constants, de… 14 classes de « seconde » à 12 ! But de la manœuvre, réduire les heures (DGH) pour faire croire que la réforme des « seconde » se mettrait en place avec des moyens nouveaux. Conséquence de cette décision purement comptable : toutes les secondes passent de 30 lycéens à… 35, dès la rentrée. Il est certain qu’une telle mesure favorisera la réussite scolaire dans le système public, et améliorera la réputation du Lycée François Mauriac, déjà surchargé ! 35 élèves en seconde, cela n’a jamais été le cas antérieurement… puisque les élèves arrivaient en majeure partie de classes très encadrées. Les réformes ne sont que des alibis pour assassiner le système public d’enseignement ! Sur les vitres du hall d’entrée, fermé pour empêcher que la réunion à laquelle je participais en tant qu’élu du secteur de recrutement, Madame le Proviseur avait affiché une note succincte qui débutait ainsi : « contrairement au trac (sic) distribué par les parents d’élèves… ».
Le « trac », c’est elle qui devait l’avoir, car en tant que fonctionnaire disciplinée, elle doit vendre la pénurie d’enseignants, la baisse de la qualité, l’augmentation des effectifs au niveau le plus décisif, alors que c’est totalement contraire à l’intérêt des élèves accueillis. L’habileté, c’est que les parents n’auront pas le choix, et qu’ils ne découvriront les conditions d’accueil de leur progéniture qu’à la rentrée. Il est donc difficile de les mobiliser actuellement.
L’administration fait la sourde oreille, et refuse, dans les faits, de débattre du contexte : un ratio est un ratio et une DGH est une DGH ! Trois audiences avec le même représentant de l’I.A. n’a rien changé. «  Il existe actuellement un gros mot dans l’éducation nationale, expliqua la représentante de professeurs en grève : moyens ! ». Tout le reste n’est que du baratin : il n’existe plus aucun « moyen », et on va même faire appel aux retraités et à des étudiants pour pallier les carences qui vont surgir. Qui se soucie véritablement des élèves dans des dispositifs purement financiers et destinés à masquer la ruine de cet État donneur de leçons, mais qui renonce lui-même à faire face à ses obligations républicaines. Les décisions d’aujourd’hui en matière d’éducation auront de lourdes conséquences dans un proche avenir. A tous les niveaux, les enfants ou les adolescents sont « sacrifiés », puisque nul ne sait combien réussiront dans une classe de seconde à 35 ! Au Rectorat : black-out ! A l’inspection académique : silence radio ! A la tête de l’établissement : courage, fuyons ! Aucun dialogue. Aucune réponse. Aucune perspective. Les réformes vont se poursuivre, quoiqu’en dise le Chef de l’État français. Elles ne visent qu’à marchandiser au maximum l’éducation, en creusant le fossé, via les conditions d’accueil offertes, entre le public et le privé. On n’en est qu’au début !Combien, parmi les parents de ces futures « sardines » des secondes sont restés devant leur télé dimanche dernier ? Je vous laisse le soin de le deviner. Mais ils seront contents, puisqu’ ils paieront plus de taxes, moins d’impôts et que le pôle emploi accueillera leur rejeton. Ce sera le lycée public qui en sera responsable. Élémentaire, mon cher Chatel !

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Cet article a 8 commentaires

  1. Christian Coulais

    Disparition de l’allemand en seconde langue vivante à cause e la DGH !Monsieur le Principal du Collège Camille Claudel de Latresne demande aux parents le 9 mars de remettre le 11 mars la fiche de liaison Cinquième sur laquelle les parents doivent émettre leurs intentions.
    Quelle n’est pas notre surprise à mon épouse et à moi-même de constater que seul le choix de l’espagnol en seconde langue vivante est possible, puisque la langue vivante 1 est l’anglais.
    Les élèves qui pratiquent en première langue l’espagnol doivent obligatoirement faire anglais en langue vivante 2.
    Lors de l’entrée en sixième, nous avions constatés la potentialité de l’allemand, de l’anglais, de l’espagnol en seconde langue vivante. Cf. document joint lu sur le site internet de l’Académie de Bordeaux. Fiche établissement 03311419N page 2.
    À aucun moment durant la sixième ou la cinquième (effectif 2009-2010 = 247 6ème + 231 5ème) un sondage ne fut effectué auprès des parents afin de savoir combien d’élèves prendraient l’allemand en seconde langue.
    Nous sommes mis devant un fait accomplit sans que l’Éducation Nationale propose d’autres alternatives !
    Comment la construction de l’Europe peut-elle se réaliser si dès le plus jeune âge, nos fils et nos filles ne peuvent participer à ce brassage des cultures. Certes il existe des sections européennes, mais limitées en nombre d’élèves. De plus chaque enfant n’a pas forcement la capacité d’absorber des heures de langues supplémentaires dès le primaire ou la sixième Monsieur le Ministre !

  2. Guy BENIZEAU

    La rive droite et La Bastide en particulier traînent leurs vieilles casseroles de déshéritées. On y réhabilite l’immobilier au profit des investisseurs et on investit dans l’immobilisme pour l’avenir de notre jeunesse. je dirai même plus, on en revient au Moyen-Age et, petit clin d’oeil, peut-être que Ségolène ira un jour prochain voir Chatel (en) haillons, ce dernier mis à mal par la vindicte populaire. « Vox populi, vox Dei ».

  3. E.M.

    Oui, il s’agit uniquement d’une logique comptable. L’Administration n’a rien à faire des gamins qui restent sur le carreau… En Enseignement pro, nous avons le même problème. L’Administration reconnaît qu’il manque des CAP pour permettre au plus grand nombre de trouver sa place dans le cursus de l’enseignement professionnel, mais elle affirme n’avoir aucun moyen pour résoudre le problème… Et comme le rapport de force est en faveur de l’Administration, je ne vois pas ce qui l’obligerait à modifier sa gestion. Les collègues semblent résigner… Peu ou pas de gréviste… Les élèves et profs vont avoir de plus en plus de mal à vivre leur quotidien, mais ils ne font rien pour tenter d’améliorer la situation… Résignation !

  4. sylvie

    c’est partout pareil. Un collège de Libourne. Ma fille y est rentrée en 6ème. Malgré mes recommandations, elle en est sortie plusieurs fois, sans aucun problème, jusqu’au jour où on a déménagé et qu’elle s’est perdue. j’étais à BX au travail, obligée d’appeler Police Secours. Et le collège ? rien quelques excuses au téléphone, et a recommandé suite à un de mes mails que je « communique » mieux avec ma fille. je n’ai pas eu le rdv demandé avec le principal. L’administration refuse de dénoncer le problèmé énorme d’encadrement dans cet établissement. Les enfants sortent n’importe quand pour aller s’acheter je ne sais trop quoi… à l’intermarché un peu plus loin. Tout le monde fait l’aveugle et le sourd, et moi quand j’essaie d’en parler même aux parents d’élèves on me prend pour une « emmerdeuse ». Alors je fais l’autruche, j’attends l’inévitable accident ou je fais un scandale ? je me cogne partout à des murs, la seule chose que je comprends c’est qu’il n’y a pas de budget et que personne n’est prêt à se bouger pour que ça change. Alors ?

  5. Dany Dutheil

    Effet pervers de ces décisions : les redoublements seront désormais impossibles ! Sacré moyen d’inciter des jeunes à se dépasser.. Perso, j’avoue que si je n’avais pas eu la trouille de redoubler chaque année, sans doute aurais-je moins fait d’efforts ? Sont-il si différents ?
    Enfin, autre conséquence apprise accidentellement : le nombre de jeunes de seconde et même de troisième qui vont intégrer les établissements privés est en augmentation extraordinaire. C’est bon pour eux ça ! Sarko roule pour le privé, on le savait déja et le privé que l’on finance. la messe est dite !

  6. sylvie

    et le pire c’est que même le privé ne se porte pas si bien que ça, la crise c’est pour tout le monde. Je connais des gens qui remettent leur enfant en public, car il y a des suppressions de poste dans le lycée privé qu’ils payaient jusqu’à présent ! On marche pas sur la tête ???

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