Cohabitation poids lourds – cyclistes et piétons : des solutions existent pour diminuer le sur-risque important des accidents avec ces véhicules
J’ai participé ce matin, au MEDDEM, à la première réunion de concertation nationale sur la cohabitation entre véhicules de grand gabarit et usagers vulnérables, demandée par le Club des villes et territoires cyclables depuis juillet 2008. Elle s’est tenue à la Délégation à la sécurité et à la circulation routière le 11 février 2010. La plupart des acteurs concernés et des usagers de la rue étaient présents. Les propositions du Club des Villes et territoires cyclables ont été accueillies favorablement par la DSCR, afin de lutter contre ces accidents impliquant un poids lourd, qui constituent aujourd’hui le principal risque à vélo.
« Les solutions ne sont pas seulement d’ordre technique », a souligné Jean-Marie DARMIAN, président du Club des villes et territoires cyclables, lors de cette table-ronde. « Le scénario de l’accident vélo impliquant un poids lourds, et notamment celui de « l’angle mort » qui, selon l’étude présentée*, représenterait 39% de ces accidents est de loin le plus grave. Il ne peut être résolu avec de seuls dispositifs techniques, certes nécessaires, comme les nouveaux rétroviseurs des camions, ni les seules campagnes de sensibilisation, certes très utiles, auprès des différents publics concernés. Ce scénario, qualifié par la DSCR d’ « enjeu de sécurité majeur », doit mobiliser toutes les compétences, toutes les solutions d’aménagement, d’équipement des véhicules, de formation des chauffeurs, de sensibilisation des usagers vulnérables. Il faut adopter un point de vue global et cesser d’opposer les usages et les usagers d’un même bien commun : la rue ! La pratique du vélo en ville n’est pas dangereuse, comme le prouve le faible nombre d’accidents, rapporté à l’augmentation de la pratique à Paris et dans de nombreuses villes, et le boom du vélo en libre service. Elle pose en revanche la question de la cohabitation entre cyclistes ou piétons et véhicules de grand gabarit en milieu urbain, et impose de trouver aux vrais maux les bons remèdes ».
Pour améliorer la sécurité : les propositions du Club des villes et territoires cyclables sont
-> La mise en œuvre du Code de la rue : vite !
La démarche nationale de mise en œuvre du Code de la rue, avec les premières mesures réglementaires adoptées par décret en juillet 2008, offre un cadre privilégié pour faire aboutir ces évolutions nécessaires pour une meilleure prise en compte des usagers vulnérables que sont les piétons et les cyclistes. Mais force est de constater que depuis près de deux ans, elle marque le pas. Or c’est bien le cadre dans lequel il faut encourager non seulement des évolutions réglementaires, mais également le débat expert et citoyen sur le statut des usagers de la rue et leurs relations sur l’espace public.
-> la ligne avancée, en amont des passages piétons : une mesure concrète
Le Club propose également que soit étudié dans les meilleurs délais la généralisation d’un dispositif comme la ligne d’arrêt avancée, en amont des passages piétons (à environ 5 mètres, permettant aussi de réaliser un sas pour les cyclistes) qui serait de nature à améliorer la visibilité et donc la sécurité des piétons, notamment en présence de véhicules de grand gabarit. Cette ligne avancée est déjà adoptée par la majorité des autres pays européens.
-> la mutualisation des initiatives et des bonnes pratiques
Les initiatives des associations et des collectivités territoriales en faveur de la sensibilisation des usagers de la rue sont nombreuses depuis plusieurs années. S’ajoutent les démarches des opérateurs de transport public et des entreprises de transport routier. Les exemples étrangers de campagnes de sensibilisation constituent aussi des ressources utiles. La mutualisation de ces outils dispersés pourrait renforcer l’expertise professionnelle et participative dans l’intérêt général, et alimenter la concertation nationale.
Le Club des villes et territoires cyclables se félicite de la confirmation de la DSCR, en clôture de cette réunion, que l’obligation du port du casque à vélo n’est pas à l’ordre du jour des travaux du prochain Comité interministériel pour la sécurité routière et qu’elle ne soit pas à l’agenda de la Délégation.
En revanche, le Président de la République vient pour la seconde fois en un an de refuser de recevoir les représentants des 1050 collectivités territoriales membres du Club des Villes et Territoires Cyclables. Il a renvoyé le problème du développement des pratiques du vélo en France vers son Ministre de l’environnement et du développement durable, qui a, lui aussi, déjà refusé de rencontrer les élus ayant en charge les circulations douces dans un pays très en retard dans ce domaine. Cette réunion de ce matin constitue, dans un tel contexte, après 18 mois de palabres, une avancée pour le Club… surtout après que le Grenelle n’ait rien envisagé sur les pratiques du vélo. Pour ma part, je continue ce qui ressemble à un combat !
* Etude réalisée par le CETE Normandie-Centre sous la direction du Certu sur les scénarios d’accidents entre cyclistes et poids lourds en milieu urbain entre 2004 et 2007 (828 accidents France entière)
Communication presse : Claude Lisbonis Communication / CLC
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Il est réconfortant de constater que toutes ces dépenses d’énergie, tous ces voyages à Paris, toutes ces discussions, ne l’ont pas été en pure perte….puisque la Direction de la Sécurité routière a écouté les arguments du Club des Villes et Territoires Cyclables et s’est ralliée à ses propositions. Reste maintenant à espérer que des mesures concrètes seront rapidement mises en oeuvre et permettront effectivement d’assurer la sécurité des piétons et des cyclistes.
Certes, le Président de la République et ses Ministres ne sont pas disposés à s’intéresser à ces problèmes qui, pourtant, touchent au plus près au quotidien de leurs concitoyens…..Mais il faut bien admettre que pour eux qui ne se déplacent qu’avec chauffeurs ou gardes du corps, le risque n’est pas bien grand ! Alors, que les manants se débrouillent…..
Bonjour,
Merci pour ces informations et pour votre action d’actuel président du club.
je suis preneur de la suite.
André SCHOELL
Membre fondateur et d’honneur du Club des Villes Cyclables