Madrelle en hussard de la République

Photo S. Giral
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Samedi matin, dans ses pages départementales, Sud-Ouest titrait sur la fait que Philippe Madrelle, Président du Conseil Général, entrait «  en résistance » vis à vis de la réforme destructrice des collectivités locales. Le papier rendait compte, de manière extrêmement objective et concrète, des raisons ayant poussé celui qui, avec la majorité qu’il possède au sein de l’assemblée départementale (50 voix sur… 63), a légitimité pour parler, plus que toute autre personnalité, au nom de la Gironde. En effet, si l’on cumule les populations représentées par les conseillers généraux de Gauche dans ce département on atteint largement plus d’un million d’électrices et d’électeurs ! Mais, bien évidemment, ce paramètre oublié au profit de la grande « vedette »  bordelaise, qui a échoué hors de ses murs à toutes les élections qu’il a parrainées,  suscite autant d’animosité que d’admiration.

Pour Philippe Madrelle, entrer en résistance, c’est surtout accentuer sa présence sur le terrain et inciter les siens à prendre leur bâton de « pèlerin de la République » pour aller informer la population des conséquences concrètes de la suppression de la taxe professionnelle, et surtout de la disparition de la démocratie de proximité. Il a donné un signal fort de cette volonté d’aller, encore plus qu’il ne l’a  fait jusqu’alors, au contact des Girondines et des Girondins de toutes appartenances politiques. Il sait fort bien que les Conseillers généraux peuvent représenter la force la plus percutante pour mettre à mal cette réforme strictement politicienne, et qui n’est défendue que modérément par les élus Ump de terrain, conscient qu’elle est le fruit d’une technocratie parisienne qui rêve idéologiquement  d’un coup d’état similaire à celui du 2 décembre 1851… puisqu’il conduirait à museler définitivement les contre-pouvoirs gênants.

C’est ainsi que samedi matin, il est venu à la « Rencontre citoyenne » organisée par le Comité consultatif local mis en place par l’équipe municipale créonnaise sur le thème « Quelle place pour Créon dans la réforme des collectivités territoriales». Près d’une centaine de Créonnaises et de Créonnais avaient fait l’effort de quitter leur domicile pour répondre à l’invitation qui leur avait été faite. Une belle surprise, car le sujet n’est guère motivant. Mais une vraie satisfaction, car c’était la preuve qu’Alfred Sauvy avait raison quand il rappelait que « bien informés, les hommes sont des citoyens, mal informés, ils deviennent des sujets ».

Le Préfet de la Gironde, prompt à museler toute expression des électrices et des électeurs sur des sujets

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les concernant pourtant directement (il est devenu le Lucky Luke de la lutte contre les élus socialistes, en ayant horreur du mot « référendum », ce que ses collègues même sarkozistes avérés ne voient pas toujours d’un aussi mauvais oeil) aurait constaté, samedi matin, que des gens de toutes obédiences  ne veulent pas qu’on les prive de leur droit de contrôle sur l’évolution de leur quotidien. Philippe Madrelle a pu, avec motivation et pugnacité, pointer du doigt les conséquences réelles de l’instauration, par exemple, du « conseiller territorial », de la fin plus ou moins camouflée de la clause de « compétence générale », de la suppression de la taxe professionnelle, et des transferts mal compensés de l’Etat. Il a répondu à toutes les questions, et a ajouté, à une présentation de type cours d’instruction civique que j’avais antérieurement effectuée, une dimension globale tirée de son expérience parlementaire. Pas de langue de bois, pas de positions outrancières, pas d’envols lyriques, mais des exemples concrets.

Qui paiera, par exemple, les investissements en matière d’eau et d’assainissement (après un Grenelle de bateleurs), s’il n’y a plus les subventions du Conseil Général, si ce ne sont les abonnés via les surtaxes ? Comment vont être compensés les 381 000 euros de taxe professionnelle encaissés par la commune de Créon ? Quel est l’avenir pour les ménages, dans ce contexte, de la taxe d’habitation et de la taxe foncière ? Qui répondra aux sollicitations des administré(e)s quand un conseiller territorial représentera un territoire de 40 0000 habitants dans deux instances différentes ? Quelle est l’économie réalisée sur des indemnités, sur lesquelles l’État récupère déjà des cotisations sociales, et des impôts par retenue à la source ? Qui va sauver un monde associatif en proie à des difficultés financières graves, liées à la baisse du pouvoir d’achat ? Qui pourra encore prétendre que cette réforme n’est pas l’assassinat de la décentralisation?

Avec 250 personnes qui se sont exprimées librement, samedi matin, sur le statut de La Poste et une centaine d’autres, dans la salle citoyenne de la Mairie, qui s’informaient avant la future consultation citoyenne (chut, c’est un référendum, mais il ne faut pas l’écrire), la matinée aura démontré que la clé de la reconquête pour les partis politiques de Gauche consiste à aller vers les autres, sans se soucier de leurs opinions, de résister par la conviction, de refuser un nombrilisme interne catastrophique. Il faut inlassablement informer, expliquer, convaincre, motiver, rassembler et surtout avoir l’humilité d’écouter pour redonner un sens à l’action politique! Philippe Madrelle a donné un signal fort.

Photo S. Giral
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Le choix de Créon pour lancer la Résistance concrète n’est pas innocent, car c’est de cette ville bastide, qui a été rebelle  depuis 35 ans à l’égard des choix imposés, qu’est partie, en Gironde, la contestation de l’avant-projet de réforme territoriale. Le Président du Conseil général a voulu absolument démontrer que ses propos, tenus devant la presse, prendraient corps dans les prochains mois. D’ailleurs, le samedi 17 octobre à 15 heures, toujours à Créon, les assises des élus de tous niveaux des 28 communes du canton de Créon (le plus grand de France en nombre de communes) permettront de franchir un cran supplémentaire. Et d’autres initiatives, non transmissibles au… tribunal administratif, permettront de revenir sur le sujet, car la réponse de l’État ne musèlera jamais une guérilla permanente. Philippe Madrelle en sera ! Il a, en effet, été rasséréné sur la légitimité de sa volonté d’aller jusqu’à consulter les Girondines et les Girondins sur l’avenir du Conseil Général. Le succès de la votation sur La Poste devrait inciter quelques apparatchiks timorés à suivre son exemple.

Voir Sud Ouest : http://www.google.com/url?sa=X&q=http://www.sudouest.com/gironde/actualite/rive-droite/article/735842/mil/5225156.html&ct=ga&cd=VeVrWdcCQII&usg=AFQjCNH71bDuBgJ8s90_qi2llYhsnTeE1A

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Cet article a 3 commentaires

  1. Darmian-Gautron

    Je travaille pour lui depuis 1993, il a des défauts comme tout le monde mais il a cette capacité humaine qui lui permet d’être un « pacificateur combattant ».Qu’il soit aujourd’hui dans le combat pour défendre notre quotidien et les valeurs qui le façonne, un « Pélerin de la République » ne m’étonne nullement. Continuez ces actions citoyennes qui permettent aux gens de retrouver un peu de leur esprit critique. On a la France que l’on mérite … je l’écris souvent, c’est à nous de dire, de faire et d’agir . Agissons et « aux pensées citoyen !  »
    http://mcdarmian.over-blog.fr/

  2. daniel PALACIN

    Bonjour,

    Votre fille a raison il ne faut surtout pas désarmer, il faut « enfoncer le clou jusqu’au bout » il ne faut pas relâcher la pression au risque de redevenir des sujets.
    Mais si actuellement il y a « Action » à laquelle j’adhère complètement et dont j’essaye de sensibiliser, sur la gravité de la situation, le plus grand nombre de concitoyens a travers mon propre réseau et mes moyens de communication, suivant l’évolution, il faudra bien passer à l’étape de la « Réaction ».
    En clair après avoir arrêté le Bulldozer, il va falloir être relativement rapidement créatif.
    L’action sur les pensées, l’esprit critique, c’est long comme combat en général et si de plus nous ne construisons pas une alternative palpable pour les citoyens que nous sommes, le résultat risque d’être décevant.
    « Pacificateur combattant » oui, mais la France que l’on mérite va demander plus que tout cela.

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