Le brouhaha qui doit inquiéter

Le débat sur la réforme des collectivités territoriales semble parfois bien théorique aux citoyennes et citoyens qui ne perçoivent que l’écume du projet. Il faut bien dire que le gouvernement fait le maximum pour que ne soient perçues que des idées simplistes, sous-tendant une intention politicienne relevant réellement du « coup d’état ». « Des élus trop nombreux et trop payés »; P1080143« un mille feuille institutionnel complexe »; « des économies obligatoires sur la gestion du pays »… La démagogie de ces affirmations ne saute aux yeux que de celles et ceux qui peuvent appréhender les réalités de la vie locale.

La difficulté, c’est qu’il devient quasiment impossible de faire entrer la majorité des gens dans un processus objectif d’information. Par exemple, les 200 personnes qui ont participé à l’inauguration des 500 m² neufs du dojo communal de Créon ne pourront plus se laisser tromper par des affirmations fallacieuses, masquant une volonté politique de briser le seul contre-pouvoir actuel à une main mise absolue sur tous les rouages de l’État. En effet, la présence conjointe de Philippe Madrelle, Président du Conseil Général de la Gironde, de Martine Faure, Députée de la Gironde, de Françoise Cartron, Sénatrice de la Gironde aux cotés d’une nombreuse équipe municipale créonnaise, illustrait ce que le pouvoir actuel veut détruire : le réseau solide des élus d’opposition, qui constitue le seul dernier rempart contre un contrôle définitif du pays par l’appareil sarkozyste.

Cette « force de frappe »solidaire, cohérente, présente, défend bec et ongles la décentralisation, la démocratie de proximité, l’équité territoriale, la liberté constitutionnelle de gestion des collectivités... Elle gêne la prise de contrôle camouflée de tous les pouvoirs par une nouvelle dynastie politique, émergeant autour d’un Président qui garrote la République. La conjonction des discours, lors de cette inauguration, permettait de comprendre le danger induit par cette réforme, puisque chacun, à tour de rôle, positionna l’inauguration à son niveau de compétence. Dommage que, justement, il y ait eu un insupportable brouhaha au moment des déclarations officielles, car il donnait raison à un gouvernement qui sait que l’indifférence est sa meilleure alliée! C’est en effet la véritable ennemie quotidienne des élus de terrain. Elle occulte tous les raisonnements possibles, toutes les explications rationnelles, tous les débats possibles. Seules des évidences médiatiques péremptoires, faciles, approximatives passent dans l’opinion. C’est devenu dramatique !

S’ils avaient été attentifs, les citoyens présents auraient pourtant appris que, si l’espace sportif dédié aux 350 licenciés du club P1080161créonnais avait vu le jour, c’était essentiellement parce que les équipes municipales locales s’étaient démenées durant 5 ans pour vaincre tous les obstacles matériels, administratifs, financiers, techniques… Une simple évaluation du nombre d’heures passées sur cet équipement par ces « trop payés d’élus » permet de relativiser leur indemnisation : 750 (réunions de chantier, réunions de suivi du dossier, participation aux conseils municipaux)… Ils auraient entendu que, parmi les dirigeants strictement bénévoles du Club, il y avait aussi depuis plus de 20 ans un conseiller municipal, strictement bénévole, qui investit son temps au service des autres. Évidemment, vue de Paris et de l’Élysée par quelqu’un qui a été Maire de… Neuilly et Président du Conseil général, dont les revenus (1 180 €) sont deux fois supérieurs à ceux de la Gironde, la vie des communes de la taille de Créon doit paraître bien misérable. Le bénévolat n’a pas dû faire partie de sa vie!

Ils auraient aussi compris que l’Etat, qui se pose en « justicier », n’a pas versé un euro, via le Ministère de la jeunesse et des Sports, à Créon, pour la réalisation de cet équipement ouvert plus de 80 heures par semaine aux écoles, au collège, aux licenciés… et dont le fonctionnement pour des jeunes et des moins jeunes, venant de 50 communes différentes, sera assuré par les seuls contribuables créonnais. Il y aura eu, et il y aura, un seul partenaire : le Conseil Général qui a subventionné l’investissement et qui apporte une aide au club.

P1080169Ils auraient peut-être admis les raisons qui poussent des élus et des citoyens a défendre cette clause de « compétence générale » sans laquelle plus rien ne sera possible en milieu rural ou périurbain. Sur Créon ce sont 105 000 euros cumulés qui ont été alloués par le Conseil Général depuis le début 2009 à la vie associative locale. Personne ne sait véritablement comment survivront ces clubs, ces associations, ces événements, à moins que la privatisation, la marchandisation, la concurrence omniprésentes dans l’idéologie actuelle, tendance américaine, soient les véritables objectifs de la destruction du système actuel des subventions publiques. Augmentation du prix des licences, augmentation du prix des entrées, augmentation du prix des services et à terme des effets d’annonces triomphants d’un gouvernement ayant creusé un déficit de 140 milliards en une seule année, qui prétendra avoir allégé les impôts versés par les Françaises et les Français.Derrière les mots, il y a les réalités, occultées par le brouhaha de la Grippe A, des gestions bling-bling, des déclarations télévisées sans contradiction.

Ah! Si le public présent avait écouté lors de cette soirée conviviale, il aurait peut-être compris qu’en les transformant en consommateurs et en détruisant les vrais outils de la citoyenneté, le libéralisme du profit les condamne à redevenir des sujets !

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Cet article a 3 commentaires

  1. Annie PIETRI

    C’est vrai, Jean-Marie, le brouhaha qui régnait dans la salle, pendant les discours, était insupportable et devait considérablement gêner ceux qui s’exprimaient, mais crois-moi, la sono était très efficace, et tous ceux qui l’ont voulu ont pu écouter, entendre et comprendre ce que leurs élus avaient à dire, et le message qu’ils voulaient leur transmettre.
    Je crois qu’il ne faut voir dans le bruit provoqué par les jeunes présents, que la manifestation de leur enthousiasme d’avoir enfin, pour pratiquer le sport qu’ils ont choisi, une salle conforme à leurs ambitions et à celle de leurs dirigeants.
    Tu vois, ce qui m’a personnellement le plus ému, c’est la joie et l’émotion de ce jeune pratiquant, lorsqu’il a reçu, en hommage à sa fidélité et à son acharnement à pratiquer son sport, une médaille que tu lui as remise. Il est ensuite venu, spontanément, vers moi qu’il ne connaissait pas, m’a embrassée, les larmes aux yeux, et m’a fait admirer son trophée. La seule chose qui était importante, à ce moment là, c’était le spectacle de son bonheur.
    Et crois-moi, tu ne dois pas trop t’inquiéter du brouhaha !

  2. Alain

    D’accord à 97,5% (!) pour le contenu en ce qui concerne l’architecture solidaire entre collecivités, combattue par SARKO avec le concours d’élus nationaux et locaux de ses amis loboctimisés.
    Si brouhaha, il y a ,n’est il pas aussi la résultante du maelstrom du discours politique qui ne va plus à l’essentiel, qui a remplacé le contenu et la lisibilité par l’emphase qui résonne plus qu’elle ne raisonne?
    Questionnons nous sur la manipulation démagogique qui, pratiquée de tous bords depuis plusieurs années, aujourd’hui sert d’humus à l’antiparlementarisme et au dénigrement de la donction élective.
    Il n’empêche que le combat démocratique se doit d’être poursuivi et développé!

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