A l’heure où la réforme des collectivités territoriales entre dans une nouvelle phase et où les médias évoquent à nouveau cette question, l’Association des maires ruraux de France, présidée par Vanik Berberian, maire de Gargilesse-Dampierre (Indre), invite médias et opinion publique à ne pas se laisser berner par une approche simpliste imposée à grand renfort de formules trompeuses et dangereuses. Je ne peux que reprendre à mon compte cette analyse, tant le débat prend des allures poujadistes.
Le prétendu « mille-feuilles territorial » est ainsi devenu un slogan bien commode pour accréditer aux yeux de tous la thèse selon laquelle il est devenu indispensable de réduire le nombre de collectivités. Rappelons pourtant qu’il n’existe que trois échelons de collectivités territoriales : la commune, le département et la région. En revanche, personne n’évoque la simplification des rapports avec l’Etat, qui s’arroge en permanence le droit de tutelle (financière, législative, juridique…) sur des collectivités, alors que jamais ces dernières ne peuvent intervenir dans les choix de l’Etat (normes, transferts de compétences, attributions financières)
Les autres structures ne sont que des outils mis en place localement pour faire à plusieurs ce qu’on ne peut faire seul, dans un souci d’efficacité et de bonne gestion. Après une levée de boucliers des représentants de ces trois niveaux, chacun argumentant le bien fondé de son existence, on s’oriente maintenant vers une fusion, et une diminution du nombre des élus départementaux et régionaux. Plutôt que de réduire le nombre des élus de la République, il serait plus opportun de mettre enfin un terme au cumul des mandats de parlementaires et de présidences d’exécutifs importants, comme c’est le cas actuellement pour une majorité de parlementaires
La stigmatisation permanente (mauvaise gestion, indemnités, contestation des équipements d’intérêt général…) des élus locaux, présentés avant tout comme une charge financière pour le Pays qu’il faut à tout prix réduire, est une démarche démagogique et dangereuse, qui ne doit pas occulter le travail accompli sur le terrain par les quelque 500 000 élus qui sont pour la plupart bénévoles et qui restent l’expression première de notre système démocratique et décentralisé.
Je prétends que la réforme des collectivités locales est effectivement nécessaire, mais elle passe avant tout :
1- par une réelle clarification des compétences des différents niveaux de collectivités,
2 -par une réforme juste des finances locales,
3 – par un renouvellement modernisé du statut de l’élu.
Elle mérite mieux qu’une réflexion orientée, dès le départ, par une vision caricaturale. J’invite, une fois encore, chacun à regarder derrière les mots la réalité, afin d’engager une vraie réforme, pour une organisation territoriale plus efficace et dénuée de toute stratégie politicienne. C’est la raison pour laquelle je proposerai au conseil municipal de Créon, en session extraordinaire, de décider ce jeudi 6 août la convocation d’un référendum d’initiative locale, comme la loi le permet. Créon deviendra ainsi la première commune de France à demander à ses habitants de se prononcer directement sur les conséquences de cette réforme (inclusion ou non inclusion dans la future métropole). Le scrutin devrait avoir leu le 18 octobre 2009 !
Je proposerai à tous les maires du canton qui le souhaitent de mettre en place la même stratégie, car il est inadmissible que de telles décisions, qui pèseront sur la proximité, la démocratie locale, sur l’avenir des petites communes, soient prises sans consultation des électeurs ou électrices contribuables.
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Jean Marie .. bien sûr que vos écrits nous intéressent , nous documentent en apportant confirmation de ce qui peut se produire dans peu de temps …
Que peux donc faire? le citoyen engagé le simple militant… SUBIR ENCORE ET ENCORE …
Si chaque personne responsable en qui nous avons mis notre confiance utilisait votre force de frappe ,le même discours et parlait le même Français ..nous ne serions pas dans cette impasse comme pour les hôpitaux..les bureaux de Poste dans notre canton et les cantons voisins ! je passe du reste comme nos bords de Garonne patrimoine Français mis en vente !
Que faut il donc faire pour convaincre , réveiller les endormis , une prise de conscience tardive mais nécessaire pour poser des barrières de protection en attendant des élections futures ….
Il me semble en effet que non seulement la caricature des institutions actuelles (locales,départementales, régionales) semble de mise dans les médias et les discussions de comptoir mais surtout, pour l’instant il me semble que peu de monde prend conscience de l’importance de ce qui se prépare. Merci donc d’informer par ton blog ce qui ne se dit que trop peu ou trop mal dans les médias nationales.
Je voudrais simplement insister sur une partie de ton analyse qui me parait tellement capitale mais qui est désormais l' »Arlésienne en politique: »il serait plus opportun de mettre enfin un terme au cumul des mandats de parlementaires et de présidences d’exécutifs importants, comme c’est le cas actuellement pour une majorité de parlementaires ».
Je n’ai plus d’illusion pour cette grande idée qui régénérerait la représentation nationale et locale , obligerait à une réflexion sur le rôle de nos institutions, offrirait à un plus grand nombre de citoyens et de citoyennes la possibilité de s’engager en politique…J’en tiens pour responsables les politiques (à gauche comme à droite)qui se défilent toujours sur ce sujet. Je te reconnais l’honnêteté de souvent l’évoquer. Bon courage pour convaincre les élus qui t’entourent!
De Carmaux à Créon:
« Aller vers l’idéal et comprendre le réel », la pensée de Jaurès est en marche!
A peine rentrée de Carmaux où on a célébré Jaurès vendredi 31 juillet, je lis ton article du samedi 1er août sur ton blog. Et je ne peux m’empêcher d’y voir un lien très fort avec la Verrerie Ouvrière d’Albi, où Jaurès a ouvert les voies du sens et de la compréhension du socialisme.
C’est aussi un 1er août que Jaurès s’est rendu à Carmaux en répondant à l’appel des ouvriers verriers en grève contre le licenciement du délégué syndical pour son activité militante. Un conflit local qui est devenu un combat pour la reconnaissance des droits mais aussi le symbole de la restitution de l’outil de travail aux ouvriers avec la création de cette coopérative ouvrière.
En 1895, il y avait aussi des « endormis ». Sous l’impulsion de Jaurès, ils ont compris que tous les leviers sont nécessaires pour aller vers l’idéal, vers le progrès social et l’humanisation de nos sociétés. Le pouvoir institutionnel (gagner des élections futures)ne suffit pas à lui seul. Il faut y adjoindre le combat collectif en participant en permanence à « l’évolution révolutionnaire », cet idéal de justice, de démocratie et de paix qui conduit au refus d’un ordre qui repose sur la domination et l’exploitation.
Un siècle plus tard, la pensée de Jaurès reste plus vivante et plus moderne que jamais. Mitterrand disait « qu’il faut toujours revenir à Jaurès, à ses actes, à sa parole …. parce qu’il a tracé la voie entre les dogmatismes qui conduisent à la terreur et les renoncements qui fomentent les servitudes ».
Merci Christine je partage pleinement ton commentaire et cela met beaucoup de baume au coeur; et combien les écrits de jean Marie nous apportent des éclairages necessaires pour défendre nos idéaux et surtout réveiller pas mal de consciences. Comme quoi les mails nous permettent de véhiculer des paroles où des faits qui parlent justes et contraire au informations véhiculées par les médias qui sont sous le joug du pouvoir en place qui ne roulent que pour les classes qui possèdent l’argent qui manque tant aux citoyens qui sont tous les jours de plus en plus laissés pour compte.