Il n'est pas de bon bec que de Paris…

Ah ! Si Paris n’existait pas, il faudrait l’inventer pour le plus grand bonheur de notre société. Vus de là-haut, les Girondins doivent être un étrange « peuple » depuis des décennies, une sorte d’illustration parfaite des paradoxes actuels, voulant que la Droite affirme, (relayée massivement par un système médiatique omniprésent et soucieux de détourner l’attention des gens de réalités bien différentes), avoir fait un triomphe électoral avec 12 % des inscrits aux élections européennes soit à peine plus d’un électeur sur… 100, alors que, semaine après semaine, elle essuie des revers sur le terrain.

A cet égard, malgré la publication à longueur de pages des états d’âmes du secrétaire départemental de l’UMP ci-devant Maire de Bordeaux, de celui du Président du groupuscule hétéroclite de l’UMP au Conseil Général, les échecs se multiplient pour le Sarkozisme en Gironde. La liste s’allonge, mais pas un commentateur ne s’en aperçoit… Défaite aux législatives pour Alain Juppé, le meilleur d’entre eux, perte de 5 cantons au renouvellement du Conseil Général, raclée évitée de peu aux sénatoriales, échec cuisant de l’opération des chaises musicales sur le Bassin d’Arcachon… et depuis hier, élection pour la première fois dans l’histoire, d’un conseiller général socialiste dans le canton de Belin Beliet, alors que  tout avait été fait pour faire obstacle à ce résultat (choix du mois de juillet pour ce vote n’ayant aucun caractère d’urgence !). La Gironde compte désormais 50 cantons sur 63 détenus par un élu de cette gauche que Paris considère comme moribonde et sans crédibilité. La Gauche, en plein Sarkozisme triomphant, représente 80 % de la population girondine.

Alain Juppé était allé soutenir, comme l’avait fait François Fillon avec le Maire d’Arcachon lors des législatives, la candidate « apolitique adhérente de l’UMP »,… et son influence n’a pas, encore une fois, été à la hauteur des ses déclarations. Il est vrai que se déplacer pour appeler à voter en faveur d’une candidate à un poste de conseillère générale quand l’UMP va soutenir la… suppression de fait du Département ne relevait pas de la sinécure ! Il est vrai aussi que la crédibilité de ses arguments dénotait véritablement un flagrant manque de solidarité politique. Il est vrai enfin que trouver des motifs de critiquer la gestion départementale de la majorité conduite par Philippe Madrelle confinait au casse-tête dans le contexte actuel.

De plus, l’image du PS girondin, malgré les efforts désespérés de la presse, n’est pas aussi altérée que celle donnée par la rue de Solférino. Dans des dizaines de départements, il en est ainsi. Dans des milliers de villes et de villages, c’est la même évidence : les citoyennes et les citoyens ont confiance dans une Gauche de proximité, active, dynamique et efficace. Ils constatent. Ils jaugent. Ils soutiennent quand les actes sont en accord avec les paroles. Ils ne sont pas dupes des visites d’opportunité  (intronisations hier à Sauveterre de Guyenne qui confinent au comique) tentant de coller à des sondages truqués et des informations, approximatives ou fausses, relatives au rôle des collectivités locales. S’ils se laissent abuser par les effets d’annonce permanents, la « pipolisation » outrancière, la propagande institutionnalisée au plan national,  ils savent que leur quotidien repose encore sur les valeurs (solidarité, égalité, fraternité et protection concrète de l’environnement) que portent réellement les élus de Gauche.

En Gironde, comme ailleurs, la plupart du temps, c’est quand la Gauche essaie d’imiter bêtement la Droite qu’elle perd sa crédibilité locale. Les victoires obtenues sont celles du militantisme de terrain, de l’action tournée vers les autres, et non égocentriques ou narcissiques. Ce n’est qu’en oubliant Paris, en se détachant totalement des baudruches médiatiques, en respectant des électrices et des électeurs que l’on assoit sa crédibilité. Vincent Nuchy, comme avant lui Michèle Delaunay, François Deluga, Alain Anziani, Françoise Cartron, Martine Jardiné, Hervé Gillet, Robert Provain… en attestent.

Je suis allé à Belin Beliet participer à une réunion aux côtés de Vincent Nuchy, sur le thème de l’environnement. J’ai été frappé par la mauvaise foi outrancière des élus UMP du canton, ou (je l’espère) de seulement une poignées de celles et ceux qui les soutiennent. Ils ont scandaleusement agité le spectre d’un centre « d’enfouissement de déchets » qui leur serait apporté par le… Conseil général. Ils savent bien que c’est totalement faux. C’est d’une désolante bassesse, qui justifierait à elle seule la défaite de leur candidate, car c’est la preuve qu’elle n’avait aucun sens de l’intérêt général qu’elle prétendait défendre, et que toute l’idéologie UMP repose sur un « poujadisme » médiocre, et plus encore sur une méconnaissance absolue (je ne veux pas croire qu’elle ait été volontaire !) des dossiers.

Nationalement, on est dans le même registre : toutes les réformes (bouclier fiscal, exonération des heures supplémentaires, suppression des 35 heures, pseudo Grenelle national de l’environnement, loi Hadopi, suppression du juge d’instruction, RSA, programme pour les jeunes…) échouent ou sont sans aucun impact. Mais comme la publicité préalable et le service après vente sont déployés en permanence, que les médias se contentent d’indiscrétions, de petites phrases, de faits anecdotiques, d’images d’Epinal fascinantes, et d’analyses parisiennes déconnectées de toute réalité, le système ne s’écroule pas !

En fait, Alain Juppé aurait eu une « révélation », rapportée par son quotidien favori : « il ne faut plus penser global pour agir local, mais penser local et agir local ! ». Il sortira conforté dans cette analyse par ce nouvel échec de « l’UMP apolitique » de Gironde. Un de plus, mais dans le fond, l’essentiel c’est qu’en Juillet, on n’en parle pas trop dans la presse… Cela ferait mauvais effet à Paris !

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