L'Europe verte et rouge
Dehors il tombe des cordes. Une pluie forte, froide, pénétrante. Dehors, le défilé des syndicats européens dans les rues allant de la gare du midi à la Gare centrale prend fin. Tous les manifestants qui entrent et s’entassent dans le « Saint d’Hic » (cherchez bien c’est de l’humour belge), le bar restaurant où je me suis délibérément installé, à quelques mètres de la permanence du PS bruxellois, s’ébrouent comme des chiens de chasse ayant parcouru des kilomètres dans les champs, un jour d’ouverture mouillée. Les uns arborent un poncho rouge alors que les autres ont opté pour le vert. Chaque couleur révèle une appartenance syndicale différente et probablement une rivalité latente. A une table isolée, un « canari » de la CFDT venu de France, tranche sur la dualité massive des deux autres teintes. « Nonobstant » (comme dit mon voisin) les divergences, la fraternité des armes se concrétise, malgré d’inévitables quolibets, autour d’une bière. Tous ont la mine rosée ou rouge vif des grands jours, celle qu’ont les enfants quand ils prennent l’air après des heures passées enfermés. Ils vident leur sac social, et remplissent leur panse quotidienne. (suite…)