Les deux premières rencontres citoyennes de compte-rendu de mandat de conseiller général n’auront pas rencontré un grand écho populaire. Une trentaine de personnes, dont une très grande majorité d’élus, a été présente à Madirac et à le Tourne malgré des centaines d’invitations envoyés via internet et plusieurs annonces dans le journal « Sud Ouest ». Ce constat pourrait être démoralisant car il démontre que la démocratie participative a encore beaucoup de progrès à faire.
D’un coté le système médiatique ne cesse de persuader les électrices et les électeurs que leurs élus ne leur rendent pas suffisamment de comptes et de l’autre des gens qui, quand on leur offre l’occasion de participer à la résolution de ce différentiel, la refusent. Ce divorce patent entre la volonté de créer une gouvernance différente et la manière dont elle est perçue constitue une forte inquiétude sur l’avenir de la démocratie. Impossible de combattre une opinion dominante dans une société qui se contente de principes simplistes portés par des médias approximatifs.
Ainsi, un débat est apparu dans le quotidien Sud Ouest (voir les éditions des 26, 27 et 28 mars) sur le « désengagement » de l’Etat vis-à-vis des collectivités locales. A une affirmation du Président du Conseil Général sur une dette constatée de 150 millions d’euros évaluée pour les transferts non compensés des charges (personnel non enseignants des collèges, personnel de l’ex-DDE, routes et infrastructures nationales, RSA…) le Préfet de la Gironde répond le lendemain en utilisant mot à mot les arguments développés en séance publique du Conseil Général par le leader de l’Ump seulement soutenu par la moitié de son groupe… Bizarre ou au moins curieux mais révélateur d’une bataille abstraite pour des contribuables ne s’offusquant que des augmentations décidées par des collectivités locales acculées à un seul choix : maintenir au minimum les services à leur population et effectuer le maximum d’investissements pour éviter un effondrement du milieu économique. C’est-à-dire maintenir des emplois que l’État supprime chaque jour et éviter que le BTP, l’économie sociale, les fournisseurs licencient dans le privé ! Au-delà d’une bataille des chiffres il y a un enjeu social terrible qui est éclipsé par des contestations strictement politiciennes malheureusement assumées par les représentants réputés impartiaux de l’Etat !
Cet échange met donc en évidence la difficulté que peuvent rencontrer les élus locaux pour faire prendre conscience à leurs mandants des réalités de la gestion. Impossible de dialoguer en direct avec eux, de les rencontrer, de débattre sur des faits précis incontestables et pas seulement sur des « masses » toujours discutables.
Pourtant il serait très intéressant pour les citoyens qui ne se contentent pas d’être des consommateurs, de savoir par exemple que la « compétence générale » qui va être battue en brèche par la réforme Balladur a permis de distribuer en un an (mars 2008 à mars 2009) plus de 13 millions d’euros directement ou via des subventions sur le canton de Créon. Ce ne sont pas des estimations mais des constats comptables. Une somme de 310 euros par habitant sur un an a donc été restituée au canton par le Département. Une somme qu’ils auraient intérêt à comparer avec la somme qu’il payent, non pas par habitant, mais par foyer fiscal pour le Conseil Général !
Comment leur faire entendre que quand on parle de baisse des aides de l’État il ne s’agit pas d’une vision partisane des élus qui le prétendent mais tout simplement d’un constat vérifiable. Un exemple ? La commune de Créon qui a une population en 2009 de plus de 4100 habitants (population comptabilisée pour la collecte des déchets ménagers) a été arbitrairement pénalisée par l’Insee qui lui a unilatéralement accordé 3946 habitants ! Résultat toutes les dotations qui devaient augmenter se retrouvent inférieures à ce qu’elles étaient l’an passé (par exemple : Dotation Globale de Fonctionnement qui passe de 703 000 euros à 700 000 euros alors qu’elle aurait du être de 736 000 euros !).
Mais comment expliquer aux contribuables cette réalité puisqu’ils ne veulent pas faire l’effort de s’informer au lieu de gober des affirmations distillées comme des vérités absolues ? Comment ouvrir un dialogue sans intermédiaire, sans support réducteur, sans langue de bois, sans trucage ? Comment prouver sa bonne foi et sa volonté de gérer autrement ? Comment lutter contre une indifférence angoissante pour la chose publique ?
Ce lundi 30 mars à 19 h 30 je serai, à Latresne (salle des Fêtes dans le haut de la ville) et le lendemain mardi 31 mars à 19 h 30 (salle du 3° âge sous la salle des fêtes) à Salleboeuf persuadé que tout effort vers une citoyenneté loyale, intelligente, interactive, directe, tolérante reste primordial. Même si la réponse n’est pas toujours à la hauteur des espoirs !
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