Sat, 29 Jul 2006 07:17:00 +0000
La valeur éducative du sport de compétition s'éteint peu à peu pour devenir le fidèle reflet d'une société en décomposition. Marchandisation outrancière, négation de la notion de plaisir pour la remplacer par celle de record, tricherie plus ou moins organisée pour dépasser les limites du corps humain, comportement raciste autour des pelouses, violence exacerbée sans aucun rapport avec les enjeux sportifs : les dérives deviennent tellement préoccupantes que le Roquet de Neuilly, à l'affût de tout ce qui peut le rendre populaire, s'en est emparé. Lui qui pédale, lors de ses vacances à La Teste de Buch, est un expert en matière de hooligans et, il l'a affirmé, il va karchériser, dans le monde du ballon rond, le Kop de Boulogne au Parc des Princes et ailleurs. Il est vrai que, s'il attend que les clubs et la Ligue Nationale de Football fassent le ménage, il lui faudra au moins un ou deux morts.
On ne chassera pas, en effet, les « clients abonnés » car ce serait se priver d'un revenu substantiel et, plus encore, générer la menace de voir CANAL +, extrêmement discret sur le sujet, diffuser des matchs de « haut niveau » devant des travées vides. Il a bien fallu attendre que quelques cyclistes ou athlètes meurent sur le bord d'une route pour que la lutte anti-dopage bouge un peu. La chute du nombre des licenciés chez les 14-18 ans constatée dans toutes les disciplines va détruire la pyramide sportive mais on continuera à pratiquer des spécialisations précoces destructrices de la motivation durable. Et tout est ainsi. la planète du sports ne tourne plus rond !
La récente mise à sac d'un relais d'autoroute a légèrement ému les responsables du PSG. Lors d’une conférence de presse, son président Pierre Blayau a une nouvelle fois dénoncé l’attitude absurde d’une partie des supporters parisiens, qui se sont violemment affrontés lors du déplacement du PSG à Nantes, samedi, en championnat, occasionnant? le seul score positif de la soirée : 5 blessés et 22 interpellations. « Je voudrais présenter mon indignation et ma consternation devant ces actes d’une extrême gravité, qui ne sont pas le fait de vrais supporters du club (sic) mais qui relèvent de délinquants de droit commun », a déclaré le président de la formation parisienne. Ajoutant que le PSG « est pris en otage de cela », Blayau a tenu à présenter ses excuses aux victimes de ces pseudo supporters. Tout en réaffirmant que le club et les pouvoirs publics « continuent de lutter » contre ces débordements, Sarko a donc été contacté !
Blayau, en attendant le sauveur Sarko et sa loi de karchérisation, a tenu à hausser le ton, à moins d’une semaine de la réception de l’OM au Parc des Princes, dont on sait qu'il constitue le moment le plus dangereux de la saison. Le parc des Prince sera transformé en forteresse avec des centaines de CRS et de gardes mobiles, des centaines de « stadiers », des véhicules anti-émeutes, des murailles pour séparer les belligérants : une véritable vision de la fraternité du sport.
Les forces de l'ordre deviendront peut être, un soir, supérieures au nombre de spectateurs. Ainsi, pour le choc PSG-OM de vendredi soir, pas moins de 1.100 fonctionnaires de police seront réquisitionnés, en tenue ou en civil. Soit le double de l'an passé, pour la même confrontation…
Les renseignements généraux, désormais plus préoccupés par les matchs de foot que les meetings politiques, craignent deux phénomènes explosifs. Ils auraient travaillé depuis plusieurs jours pour tenter de prévoir? ce qui paraît inévitable ! Leur première crainte a trait à la mobilisation secrète des « habitués » des affrontements violents. Au sein des groupes de supporters parisiens, on préparerait un accueil sans concession aux Phocéens. Une bande « commando », triée sur le volet parmi les plus excités, se prépare à chasser le Marseillais dès aujourd'hui en gare de Lyon. Dans les associations très proches des milieux d'extrême droite, on va tenter de pratiquer la technique de l'essaimage en sortant du Kop de Boulogne pour semer la panique dans d'autres lieux et casser du supporter phocéen.
Leur seconde inquiétude est liée au refus des responsables du PSG d'attribuer des billets aux? supporters Ultras marseillais. Ces derniers auraient contourné cette interdiction de vente et possèderaient plusieurs centaines de billets achetés sur le marché parallèle. Au lieu d'être visibles, repérables, « surveillables », « encadrables » ils profiteront de cette exclusion de fait pour se répartir dans tout le Parc. La pire des situations.
Hier, toute la journée, dans le secret, les services officiels auraient planché sur un schéma tactique. Pas celui des deux équipes en présence mais sur celui qui éviterait un affrontement sanglant et dévastateur dont on craint qu'il soit inévitable ! Ils ont prévu toutes les évolutions possibles, avant, pendant et après le match. Bientôt, on enverra les CRS à l'entraînement, tous les jours, pour permettre à 22 mecs de gagner sur un seul match ce que la compagnie entière ne gagne pas en un mois ! Mieux, on leur fait faire du sport pour qu'ils soient aptes à courir après un? hooligan !
Le pire, c'est que le racisme le plus abject s'est invité désormais autour des rectangles verts, en Italie, en Angleterre, en France et même en Espagne. L'autre soir je regardais la rencontre Réal Saragosse- Barcelone. Insulté, le brillant joueur camerounais Samuel Eto’o< /span> a souhaité quitter la pelouse, devant les propos et les gestes haineux des supporters adverses. Il a longtemps hésité, avant de contribuer aux buts victorieux de son club, ce qui n'a pas arrangé la folie ambiante, car il ne s’agissait pas que de quelques spectateurs, mais pratiquement de l’ensemble du stade. « J‘ai décidé d’arrêter de jouer, car ils s’en sont pris à ma couleur de peau, a-t-il expliqué, mais je suis resté, parce que le boss m’a dit que la meilleure façon de les faire taire était de rester et de les battre. C’était la seule chose qui pouvait me faire changer d’avis. »
La sanction? impitoyable est tombée sur le Réal Saragosse : une amende de 9.000 ?, même pas la consommation en eau minérale d’un mois par le club, par la Fédération espagnole de football pour ces incidents, mais Eto’o estime que les pénalités financières ne sont pas suffisantes. Il faut frapper plus fort. Cause toujours, tu m’intéresses. Qui songerait honnêtement à lui donner tort ?
Le seul endroit peu recommandable où il ne faut pas envoyer son enfant, actuellement, c'est un stade de Ligue 1 de football. Tout ce qu'il ne faut pas voir ou entendre du sport lui sera montré en exemple.
Un soir, au moment où partait l'autobus des gamins créonnais, auxquels on offrait un déplacement pour une rencontre de ces Girondins qu'ils vénèrent, je suis allé dilaoguer avec eux.
« Tu aimes aller voir les Girondins ? ai-je demandé à un gamin connu pour son caractère turbulent
– Oui ,
– Et pourquoi ?
– Je peux crier « enculé l'arbitre! » sans me faire engueuler ! ». J'en suis resté scotché.
Alors, pensez, le sport et son image dans tout cela !
Mais je déblogue?
Chronique publiée le 2 mars 2006
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