Tue, 06 Dec 2005 00:35:00 +0000
FIN DE PURGATOIRE
« Il est bientôt de retour, le divin enfant. Jouez hautbois, résonnez musettes. Il est de retour, le divin enfant. Chantons tous son reclassement « ? Dans quelques temps, Bordelais et Bordelaises chanteront à tue-tête ce cantique. Ils entonneront le plus beau chant, celui de l'avénement. Certes, ils devront patienter quelques jours encore avant de croire dans la renaissance définitive de l'enfant « prodigue » de la politique française. Oh ! Rien de bien grave, seulement un » âne » et un » b?uf » qui croient encore, les pauvres, que la justice peut se différencier du pouvoir et se montrer indépendante. Ce duo espère qu'il obtiendra que, comme le reconnut en son temps, Droopy le Père, » le meilleur d'entre nous » soit expédié dans le désert de l’oubli, d'où ne reviennent jamais les Prophètes. Mais l'interprétation des tables de la Loi ne fait plus de doute : on ne reviendra pas sur la durée du » jeûne » politique infligé à celui qui a su prendre sur ses épaules toute la misère de son Parti. Les Ponce Pilate ont survécu à l'usure des siècles.
IL FERA DURER LE PLAISIR.-
Sacrifié sur l'autel de l'intérêt général, le Messie des Bordelais réapparaîtra donc, nimbé dans une virginité absolue, et vêtu de cette sérénité que seuls acquièrent les exilés. Il fera durer le plaisir, en sachant qu'il faut se faire désirer pour emporter, au bon moment, une adhésion massive. Pour les fêtes de fin d'année, il passera probablement quelques heures auprès de celles et ceux qui percevront cette apparition comme un signe annonciateur de retrouvailles plus longues. Un signe donné aux fidèles. Un encouragement au développement de leur foi dans son avenir. Une preuve qu'il n'a pas oublié leur » petit soulier « .
La montée au calvaire a sûrement été douloureuse. Elle a été marquée par plusieurs chutes, par ce sentiment détestable d'être obligé de subir les affronts du Peuple. Vous savez, ce Peuple aussi prompt à vous insulter, à vous balancer des pierres qu'à vous couvrir de pétales de roses ou d'encens. Ce Peuple qu'il n'a jamais véritablement aimé, mais dont il ne peut pas rationnellement se passer. Il en nourrit une certaine méfiance. Il ne retournera donc vers lui que s'il a la certitude qu'il lui dressera un arc de triomphe électoral. Question de fierté ! Question de prestige ! Question d'efficacité ! Question d'impact ! Les sondages ont été lancés pour connaître la meilleure tactique. Les ordinateurs d'Ipsos tournent déjà. On ne saurait ressusciter sans que cette résurrection ait un caractère exemplaire. Rassurez vous, les augures en calculeront la date avec minutie, selon la situation potentielle des autres » prophètes » potentiels.
Celui de Neuilly aura un ?il attentif sur ce retour sur terre électoral. Celui de Matignon cherchera des garanties. Celui de l'Elysée voudra se faire pardonner. Juin, ce mois paraît avoir la préférence générale, car ainsi, le » revenant du Québec » aurait quelques mois pour revenir dans le jeu et tenter de rameuter les infidèles passés à l'ennemi. A moins qu'une course de vitesse ne s'engage pour le contrôle du temple où se sont installés les marchands du rêve sarkoziste. Elle débute aujourd’hui…par un conseil national de l’UMP où l’on recherchera une syntèqse de dupes.
D'ailleurs, ce n'est pas pour rien que le Roquet a vite annoncé un grand pèlerinage vers Paris avant la fin février, histoire de démontrer sa puissance de prédicateur des causes populistes. Il saura faire ovationner celui qu'il hait depuis toujours. Il lui apportera un soutien d'autant plus appuyé qu'il n'en pensera pas un mot. Il étouffera dans ses petits bras musclés le » réhabilité de Bordeaux « .
UNE VICTIME EXPIATOIRE.-
Le plus extraordinaire, c'est que Droopy n'est pas très sûr de son coup. Il sait que le revenant de Québec peut, à n'importe quel moment, avoir un coup de blues ou prendre la direction?de Venise qui l'a tenté. Il hésite sur l'authenticité de la volonté de son » fils spirituel » à revenir dans l'arène. Livré en pâture au lions médiatiques comme victime expiatoire d'un péché collectif, celui qui avait hésité jusqu'au dernier moment entre un soutien à Balladur ou à Chirac, doit garder une certaine méfiance à l'égard des engagements pris par ce dernier.
Alors, l'Elysée a monté la fausse fuite faite sur France 3 Aquitaine par » Sainte Marie-Hélène Des Esgaulx « , la députée dont Sarko veut la peau pour offrir la circonscription à son ami Foulon. La Présidence lui a fait croire qu'elle pouvait lancer la bonne nouvelle, flattant ainsi son ? ego. L'info partie, il était en effet devenu impossible pour le relégué de Québec de démentir totalement. L’ancien chef du gouvernement avait d'ailleurs aussitôt répliqué, sur son blog où il commente (pas très régulièrement) l’actualité, qu’il annoncerait lui-même ses intentions, « le moment venu ». « Et dans mon esprit, ce moment n’est pas venu« , écrivait-il. Pour son successeur, Hugues Martin, député-maire intérimaire de Bordeaux, ce retour est pourtant « un secret de Polichinelle ». Mais au fait qui est Polichinelle ? Car effectivement, à aucun moment, son prédécesseur dont il garde les clés du temple bordelais, n'a annoncé formellement qu'il ne reviendrait pas au bercail?
Le Purgatoire s'efface. Ce n'est pas l'Enfer qui s'annonce. Ce n'est pas encore le Paradis. Mais ça y ressemble. Il suffira d'être hésitant, de se faire prier un peu, d'avoir des états d'âme (c'est bon pour l'électrice, le gars intelligent qui a des états d'âme), de céder à la pression amicale de ses amis, de répondre à un sens inné du bien public?pour revenir apporter sa science infuse de la gouvernance.
Il paraît qu'au Québec, où le revenant cherche à se pétrir de la culture locale, circule cette blague que je trouve révélatrice de la situation :
Un jour un Professeur de l'Ecol
e Nationale d'Administration sort de chez lui et voit un enfant avec trois chiots. Curieux des m?urs locales, il lui demande :
– Quelle race de chiens est-ce ?
Le garçon répond :
– Des Français!
Trois mois plus tard, le Prof revient avec un de ses amis ministre, en visite privée. Il revoit le garçon et lui repose la même question. L’enfant répond :
– Des Québécois!
– Comment est-ce possible, ce changement ? intervient le Prof émérite étonné.
L’enfant répond :
– La dernière fois que vous m’avez posé la question, ils venaient de naître, ils étaient encore aveugles.
Mais je déblogue?
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