Tue, 15 Nov 2005 00:00:00 +0000
L'agenda 21 arrive. Il lui faudra encore beaucoup de temps pour que, sur ses pages, soient portées d’autres choses que de bonnes intentions. Chaque jour qui passe devient un jour de perdu, tant le temps presse. On réfléchit, on concerte, on palabre mais on oublie le caractère impérieux de l'action. Elus et citoyens ne peuvent plus attendre. Une fois encore on mesure, pourtant, lors de chaque réunion, qu'il faudra des tonnes de conviction pour changer les mentalités.
La planète souffre, la planète s'épuise, la planète crève, mais les habitudes sociales résistent. Elles tiennent bon face à tous les typhons, à tous les ouragans, à toutes les prédictions de fonte de la calotte glaciaire, à toutes les annonces de la fin de l'ère du pétrole? Le confort des certitudes reste plus fort que tout le reste. Cachez ces problèmes que je ne saurais voir. La procédure Agenda 21 devenue, à juste titre, le nec plus ultra de la gouvernance, nécessite d'abord une modification en profondeur des comportements de masse. Elle implique ensuite un exemple permanent, solide, convaincu, ne cédant pas un pouce à la facilité. Enfin, il faudra lui donner des moyens financiers nouveaux, incitatifs et fiables. Autant d'obstacles qui se dressent sur la route des défenseurs de cette vision globale d'une gestion de notre avenir. Il faudra restaurer la citoyenneté en déshérence, avant de s'attaquer à tout autre discours de la méthode. La lutte sera longue et difficile, car partout, et tout le temps, on oublie, dans les débats, l'importance de la culture. Quand on a parlé des trottoirs, de l'air, de l'eau, des économies possibles, des matériaux? on n’a plus un instant à consacrer à d'autres sujets.
L'Agenda 21 ne repose pourtant que sur la capacité qu'ont les élus à expliquer qu'aucun geste, aucune décision, aussi simple soit-elle, aucune construction, aucun achat, ne contribue plus désormais à la sauvegarde de la planète. La difficulté réside dans la perte de confiance dans une proximité réputée méprisable et sans intérêt. Pourtant, une station d'épuration, une récupération d'eau de ruissellement, un choix de chauffage, un renoncement à un déplacement automobile, une préférence pour un produit recyclable ou sans emballage inutile, un tri rigoureux des déchets? participent aux fondations de toute politique de développement durable. Le succès viendra de ce rappel permanent du fait qu'il n'y pas d'acte civique inutile. Malheureusement, en matière de communication, aucun gouvernement n'a tenté le langage de la proximité, pour se consacrer à des grands discours, à de grands schémas, à de grandes résolutions. On a vu d'ailleurs ce que les USA faisaient des accords internationaux en la matière? Il devient urgent de rappeler fermement que tout le monde est plus ou moins écologiste dès qu'il fait passer l'intérêt collectif avant le sien. En n'intégrant pas ce principe à tous les chapitres de leur programme, les partis politiques dominants ont laissé le champ libre à toutes les crispations vis à vis de la préservation de l'environnement. On a transformé ce qui aurait dû être un choix général de vie, en pré carré pour minorités agissantes.
Sur tous les agendas 21 il faudra inscrire, sur la première page, le principe suivant : » la planète est notre bien commun, sa défense est l'affaire de tous ! « . Quel que soit notre âge, notre statut social, notre rôle public, nous avons une parcelle de responsabilité dans le processus dramatique de destruction de notre cadre de vie. Laisser croire que ce sont les » responsables » qui en portent, seuls, la charge, mènera au désastre programmé. Un effort colossal d'éducation, d'incitation, de motivation, doit débuter.
A Créon, nous nous efforçons, modestement mais opiniâtrement, de lutter contre l'indifférence. Edition d'un hebdomadaire municipal citoyen gratuit, organisation des rencontres citoyennes régulières sur des thèmes de développement durable, mise en place de comités consultatifs locaux, développement permanent de l'autogestion associative des services, diffusion d'une » news letter » régulière chez tous les volontaires, pratique du dialogue direct via le courriel?la main est tendue vers celles et ceux qui souhaitent s'associer à la construction de la vie locale. La plus importante, et en définitive la plus décisive. Lancement, depuis des années, d'un plan d'économie de l'utilisation de l'eau potable (arrosage des pelouses par récupération des eaux de ruissellement, renoncement à utiliser l'eau de la ville pour les usages non humains, changement des robinets des lieux publics, étude de la fiabilité du réseau?) ; renforcement des options alternatives aux déplacements en automobile (pistes cyclables, réfection des voies principales, opération Pédibus?) ; aménagement d'espaces verts collectifs ; renforcement constant des services de proximité, pour éviter des déplacements coûteux en énergie ; aménagement constant du réseau de collecte des eaux usées : l'Agenda 21 n'existe pas autrement que par les actions qu'il porte sur ses pages blanches en papier recyclé. Il faudrait, pourtant, que les citoyens en aient conscience. Ces mesures modestes réelles passent inaperçues quand on parle des grands enjeux planétaires à la télévision. Elles ne sont vécues que comme des dépenses et pas toujours comme des investissements pour l'avenir? La défense de la baleine à bosse, de l'ours polaire, de l'escargot à trois cornes, de la tourterelle turque ou du courlis cendré est nécessaire, louable, mais elle ne doit pas occulter le reste, dont on méconnaît trop l'importance.
L'Agenda 21 mériterait, après sa rédaction, sur un territoire, de devenir une? bible. Avec seulement l'espoir d'être plus lu et surtout plus respecté. Ouvrez le vôtre, pesronnel, et déjà vous accomplirez un acte positif.
Mais je déblogue?
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