Mon, 05 Sep 2005 00:00:00 +0000
Notre société ressemble de plus en plus à une troupe d’autruches poursuivie par un destin mortel. Ces autruches qui, apeurées par le danger, croient qu’en se mettant la tête dans le sable, elles éviteront une issue tragique pourtant inéluctable. Les événements récents attestent que le comportement se généralise et qu’il devient le phénomène mondial le plus partagé.
Tenez, prenez le plus grand troupeau du monde, celui qui occupe les grands espaces américains. Il donne l’image la plus saisissante de ce qui attend la planète. En refusant d’entendre et de voir les conséquences de son attitude, indifférente, égoïste, collective, sur le réchauffement de l’atmosphère il subit de plein fouet le choc d’un cyclone dévastateur.
Ce peuple, qui se plonge en permanence la tête dans le sable de son outrancière culture méprisante à l’égard des pays pauvres, se retrouve à son tour dans la situation critique des victimes d’une catastrophe naturelle.
Il le règle à coups de feu, par des exodes massifs, des réponses impossibles à un désastre dont nul ne veut connaître les causes réelles, en envoyant des parachutistes obligés de tirer sur des pillards. Tout le troupeau ignorait que la pauvreté se cachait dans les banlieues de ses villes meurtries. Tout le monde ignorait qu’elles étaient inondables, qu’elles étaient à la merci de phénomènes climatiques hors normes probables. Aveuglées par des médias prompts à dénoncer les pailles dans les yeux des autres, les « autruches » n'avaient pas voulu voir ces volets ravageurs de leur société ! Aucune illusion, elles trouveront vite des coupables extérieurs, sans s’en prendre à leur « chef » de troupeau hautain, perdu dans le « bush ». Qui sait si même, dans le secret de quelques officines de prévision économique, on n’a pas tablé sur des profits boursiers liés aux bénéfices que vont générer les travaux de remise en état des zones dévastées, la pénurie de pétrole ou d’eau douce potable… Seules les autruches mettant leur tête dans le sable oublient qu’une bonne catastrophe ou une bonne guerre ne sont jamais néfastes à l’activité économique.
Regardez la France, qui s'inquiète parce que son Président a été victime d’une attaque. Un peu comme si nous refusions d’admettre que celles et ceux qui nous gouvernent sont aussi des mortels. Autruches, mettez vos têtes dans le sable, il n’y a rien à voir ou à entendre : vous pouvez croire les communiqués officiels de médecins muselés par l’intérêt suprême de l’Etat. D’ailleurs, les autruches ayant la mémoire courte, oublient le chemin parcouru et que, durant une bonne décennie, tous les communiqués relatifs à la santé de Mitterrand furent fiables… Au moins autant que ceux que distille régulièrement le Val de Grâce !
Syndrome identique de l’autruche avec le feu de boîtes à lettres. Nombreux sont les maires qui se sont levé, une nuit ou une autre, pour faire face à des feux de poubelles collectives, des incendies de boites aux lettres qui auraient pu être dramatiques. Tant que le fait ne mobilise pas la télé, il est oublié dans le sable du quotidien en attendant paisiblement la catastrophe. Le Karcher n'a pas suffi à nettoyer les comportements, et les horribles dégâts sur les couches les plus déshéritées de notre propre société se multiplient. La liste des victimes s'allonge, mais les noms ne disent rien aux consciences puisqu'ils sont venus d'ailleurs, de ces déserts où les autruches savent que le danger n'a jamais été vaincu par la fuite en avant.
Les autruches ne veulent pas savoir que, dès qu'un maire accepte la construction de logements décents sur le territoire de sa commune, il est menacé d'un procès pour » urbanisation galopante » ou pour » soutien à l'installation de hordes à problèmes sociaux « ? Les voisins récemment installés hurlent au scandale en voyant arriver des familles recherchant désespérément un toit qu'elles paient en plus très cher, oubliant que leur installation à eux avait généré le même rejet ! La France d'en haut clame qu'elle va résoudre le problème du logement dont la France d'en bas, non logée à Neuilly, a besoin, mais qu'elle souhaite voir construire ailleurs que chez elle?C'est à dire au pays des autruches !
Autruche : oiseau incapable de s'envoler vers les rêves. Il a de beaux jours devant lui !
Mais je déblogue?
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