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L’étude sur les étudiants qui n’arrivent plus à étudier

La jeunesse est à l’honneur depuis quelques jours. Nous sommes submergés de considérations sur l’âge du nouvel apprenti Premier Ministre. Le prodige permet à tous les ambitieux de la Terre de rêver à un destin exceptionnel. Il a mis la barre très haut. Il sera difficile de faire mieux dans les prochains quinquennats sauf à recruter dès la sortie de l’Institut d’Études Politiques celui qui conduira la politique présidentielle. Dans le contexte actuel, il semble que l’accession au pouvoir ne soit plus la préoccupation essentielle des étudiants et encore moins des étudiantes. Là encore, comme partout dans cette société du libéralisme exacerbé, les différences sociales provoquent des fractures profondes.

Impossible d’effectuer un parcours serein à l’Université si l’on n’a pas une famille pouvant assumer les frais inhérents à la vie quotidienne. Encore une fois l’inégalité territoriale ou sociale s’aggrave sans bien évidemment être prise en compte. Si le système informatisé de choix des filières très discutable sur la forme, permet aux meilleurs d’accéder à leur premier choix il existe des exceptions de plus en plus nombreuses car intervient dans les choix le lieu où il sera nécessaire de s’installer. Un étudiant dont les parents sont domiciliés sur la métropole bordelaise n’aura par exemple vraiment pas la même approche de son avenir que celui qui se trouve à des dizaines voire des centaines de kilomètres.

Deux paramètres interviennent en effet très fortement dans les études : le logement et la nourriture. Assez paradoxal au XXI° siècle de constater qu’en France, le mérite ne constitue plus le facteur essentiel de la réussite. Une étude du principal syndicat étudiant, le FAGE, dresse un constat alarmant. 28 % des boursiers ne mangent pas à leur faim quand les les non boursiers sont à 16%, soit un sur six dans la même situation. Un non boursier sur cinq (19,1%) renonce à manger au CROUS en raison du coût du repas. Ils se dispensent de plus de trois repas par semaine (3,5). Et selon l’étude, la moitié des étudiants (49%) n’ont pas les moyens d’acheter des fruits et légumes frais chaque semaine. Cette situation n’a pas été réglé par le repas à un euro puisque souvent le soir les jeunes ne sont pas à proximité des restaurants universitaires.

Les Restos du Coeur constatent que près d’une personne sur deux qui vient dans leurs locaux a moins de 26 ans. 10% ont entre 18 et 26 ans. Près de 40% des étudiantes et étudiants qui poussent la porte des Restos sont isolés. Ils ont majoritairement entre 22 et 25 ans. 53% vivent dans des familles qui rencontrent elles-mêmes des situations difficiles. 85% des centres des Restos accueillent des étudiantes et des étudiants. Qui parle de cette réalité ?

Une crise nationale du logement existe. La carence en solutions pour des milliers de demandeurs s’amplifie. Les jeunes n’échappent pas à ce phénomène. Les logements qui leur sont destinés se raréfient et deviennent surtout de plus en plus chers. Ils constituent et de loin, le premier poste de dépense pour celles et ceux qui parviennent à un dénicher un. Selon l’enquête, un tiers des personnes (37%) qui n’ont pas de logement « Crous » aimeraient en avoir un. . La raison principale invoquée est le prix des autres loyers pour 65% des réponses, et la situation géographique pour 30% des réponses.

Ces hébergements institutionnels ne sont pas nécessairement désirés compte tenu de leur vétusté et de leur inconfort. On comprend mieux pourquoi un tiers des étudiants qui n’en n’ont pas obtenu n’aimerait pas y habiter en raison de l’état du bâti. La très mauvaise isolation, l’insalubrité, la présence de nuisibles, comme des punaises ou des cafards, n’incitent pas à effectuer une demande. Le vrai problème c’est qu’il n’y a pas selon les villes d’autres solutions si l’on n’a pas les soutiens financiers (caution, prix du loyer, charges) indispensables pour louer à prix d’or des studios.

Pour pallier ces difficultés il reste le « boulot étudiant » qui ronge les heures de loisirs ou de travail universitaire. Près de la moitié des étudiants interrogés (41%) affirment avoir besoin de bosser à côté de leurs études. En résumé la précarité, selon le syndicat étudiant, constitue le premier facteur d’échec académique. Ce sont 54,2% des non boursiers et 41,4% des boursiers qui travaillent et 35%  se salarient travaillent plus de 12 heures par semaine. Même si ce moyen de financer ses études a toujours existé, il n’avait jamais atteint un tel pourcentage.

Alors, à l’instar des États-Unis les banques sont à l’affût. Elles proposent des prêts remboursables ultérieurement ce qui conduit à un endettement pré-professionnel aux conséquences imprévisibles. L’État a d’ailleurs ostensiblement conforté cette solution en accordant… des cautions pour ceux qui s’endettent sur la base des taux de emprunts à la consommation ! Avec les niveaux actuels c’est suicidaire ! Mais par les temps qui courent c’est simplement dans la logique du monde du profit.

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Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

    Une situation évidemment scandaleuse quand on considère que cette jeunesse étudiante est l’avenir de notre nation.

    Et l’on constate que dans les rangs de ceux qui actuellement « réussissent » se trouve une écrasante majorité de fils ou filles à « papaetmaman », parfois affublés d’une ridicule et prétentieuse particule supposée nobiliaire, issus bien souvent de l’enseignement confessionnel. Observez le curriculum vitæ de certaines de nos élites (dont certains membres s’illustrent parfois dans la rédaction d’ouvrages à la douteuse moralité, malgré un environnement familial qui les ferait supposer au dessus de tout soupçon) et qui se joignent volontiers, en parfaits Tartuffe, aux manifestations sensées préserver le vernis de ce qu’ils appellent la morale(à géométrie variable).

  2. Alain.e

    Il est vrai que pour beaucoup de gens , il est plus facile de faire des gosses que d’ assumer leur éducation et besoin financiers .
    Ma femme et moi avons payé pendant cinq ans des loyers , véhicules et argent de poche à notre fils pour ses études supérieures , et il n’ a pas eut besoin d’ aller bosser chez mac do .
    Alors , effectivement , pas le dernier i phone ,la maison avec piscine, ni le dernier suv à la mode pour nous , ou les vacances au bout du monde , mais pas de crous non plus , ni de bourses , aucunes aides car classe moyenne ….
    La vie , c’ est des choix et beaucoup de parents devraient avoir honte et arrêter de se victimiser pour tout et n’importe quoi , ce n’ est que mon modeste avis et bien sur , il est discutable forcément .

  3. KERTREVELL

    Vu dans la presse :

    « Le 5 janvier dernier, le CROUS [centre régional des œuvres universitaires et scolaires, NDLR] de Bordeaux-Aquitaine a annoncé avec fierté, sur X, une récente initiative en faveur de l’accueil international. Il s’agit de la mise en place d’une priorité sur son parc de logements pour les étudiants sénégalais bénéficiaires ou futurs bénéficiaires d’une allocation d’études gouvernementale.
    Or, la ville de Bordeaux est confrontée à une pénurie de logements étudiants. Selon Iban Delavoie, étudiant à l’université Bordeaux-Montaigne et président de l’UNEF Bordeaux (syndicat étudiant très à gauche), il y a environ 13.3000 étudiants pour 10.400 places en logement CROUS, ce qui représente 8 % des besoins. Outre le cruel manque de places réservées aux étudiants, les loyers ont augmenté, selon l’UNEF, de 6,9 %. Les étudiants n’ont pas de proposition de logement. Lorsqu’ils en obtiennent, les loyers sont trop élevés par rapport au montant de leur bourse. Selon ce même syndicat, le coût de la vie étudiante aurait augmenté de 6,47 % à la rentrée 2023-2024.

    Dans cette situation, la décision du CROUS de Bordeaux de prioriser les étudiants sénégalais dans certains logements ne passe pas. Les commentaires sous le tweet annonçant cette mesure sont sans appel : « Que puis-je répondre à mon fils qui n’a pas eu de logement CROUS ? Alors que je paye mes impôts pour ça ! » peut-on lire, entre autres, au milieu de commentaires tout aussi outrés.

    L’association de droite UNI Bordeaux, contacté par nos soins, dénonce sur X cette préférence des élèves étrangers alors que les étudiants sont confrontés à une misère grandissante, se trouvant parfois obligés de faire jusqu’à trois heures de transport par jour pour aller étudier ou de « squatter » chez des amis, position pour le moins inconfortable et instable. Certains se voient même contraints à renoncer à leur projet d’étude. « C’est une provocation contre les étudiants qui ont du mal à se loger », tempête le responsable de l’UNI Bordeaux. Il s’indigne : « Des associations au conseil régional, départemental, aux associations étudiantes, tout le monde constate qu’il y a un énorme problème de logement étudiant et le CROUS annonce qu’une priorisation est faite pour des étudiants étrangers au détriment des étudiants locaux. » Selon cet étudiant à Bordeaux depuis huit ans, c’est la première fois qu’une préférence étrangère assumée est mise en place. Pour lui, la raison est simple : « À Bordeaux, depuis la loi Immigration, on voit la gauche et l’extrême gauche essayer de montrer qu’ils sont bien dans la bonne mouvance d’accueil d’immigrés. » Clément Rossignol-Puech (EELV), le maire de Bègles, commune de la banlieue sud de Bordeaux, avait par ailleurs déclaré « refuser la préférence nationale ».

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