Le déconfiné décoincé que je suis maintenant a effectué ce matin sa première sortie depuis le 13 mars dans le cadre de son mandat électif en cours. Une petite escapade de quelques kilomètres pour me rendre au centre routier départemental où s’effectuait la distribution des masques barrière destinés aux habitant.e.s du Créonnais.
Après près de quinze jours de faux espoirs et une bagarre menée jour et nuit par les services du conseil départemental les fameuses protections contre le Coronavirus étaient arrivées de… Tunisie ! Enfin par quantités successives dans la nuit, au petit matin et en fin de matinée.
En quelques minutes, grâce à une stratégie ayant eu le temps de se construire, l’alerte était lancée auprès des maires des trente communes concernées. Ils attendaient ce signal pour tenter de rassurer leur population grâce à un masque venant parfois s’ajouter à ceux qu’ils avaient acquis.
Aucun d’eux quelle que soit sa situation « élective » n’a manqué le rendez-vous et à 15 heures plus de 60 000 pièces de formes et de couleurs diverses avaient trouvé preneurs. Une preuve de la motivation de ce réseau d’élus locaux en première ligne depuis des semaines pour tenter de répondre à une foultitude de sollicitations descendues du ciel parisien !
Je les ai senti épuisés pour certains, anxieux pour beaucoup, indifférents pour quelques-uns mais responsables pour la très grande majorité. Douze d’entre eux pour des raisons différentes (défaite électorale, renoncement volontaire, effacement devant une autre tête de liste) attendent désormais de prendre du recul avec la pression de la période présente.
Comment le leur reprocher ? Je ne suis vraiment pas sûr qu’ils veuillent que « l’intérim » forcé qui leur a été imposé appartienne aux meilleurs moments de leur vie de premier magistrat communal. D’ailleurs aucun d’entre eux ne s’est présenté personnellement pour récupérer les colis.
Chaque jour sur ma fenêtre télévisuelle j’ouïs dire que la France chancelle parce que ses activités économiques ont traversé et risquent de traverser un désert éprouvant. Inutile de préciser que pour le tissu de base, celui des auto-entrepreneurs, des très petites entreprises, des petites et moyennes ce constat s’impose.
Par contre je reste persuadé que les maires, les élus municipaux constituent dans une situation aussi grave que celles que nous vivons des éléments essentiels dans ce qui a été qualifié de « guerre » par le Chef d’un État ballotté par des scientifiques, par une pandémie inédite, par une situation mondiale désastreuse, par une Europe à la dérive et par une inexpérience catastrophique de la majorité de son personnel politique.
Le lien historique entre le département garant de la solidarité humaine et les communes apparaît comme essentiel et fonctionnant sur la même base : celle de la proximité ! Cette journée me l’a démontré. Loin des circulaires, des décrets, des recommandations, des livrets de considérations sanitaires maximalistes le rapport de confiance personnelle entre élu.e.s de terrain constitue un paramètre essentiel pour monter une telle opération.
Depuis maintenant plus de 40 ans je sais que le réseau maire-élu départemental reste le plus efficace…car je l’ai vue fonctionner concrètement par-delà les périodes difficiles ou heureuses. Pour ma part je considère que cette crise aux multiples facettes ne fera que renforcer ce lien institutionnel.
Le conseil départemental de la Gironde finira par dépenser une dizaine de millions d’euros pour répondre, depuis deux mois, à sa mission de solidarité humaine directe. Le fait que lorsque la presse évoque les dépenses liées au Coronavirus elle oublie totalement la collectivité la plus impliquée via les services d’aide à domicile pour personnes âgées ou handicapées, le revenu se solidarité active (RSA), les aides sociales aux familles, les aides à l’enfance en difficulté révèle la faiblesse du conseil départemental dont le rôle reste méconnu car peu flamboyant. Alors qu’il perd des millons d’euros
Une Europe désarticulée et impuissante ; un Etat déshumanisé et obnubilé par des considérations strictement financières ;des régions surdimensionnées et lointaines ; des métropoles prises au piège de leur voracité démographique ; des intercommunalités aux contours artificiels : la crise a servi de révélateur des déviances d’un système ayant besoin de repartir de la base pour se régénérer.
Plus que jamais le déconfiné des idées que j’essaie d’être encore un peu, imagine que le local doit devenir le creuset d’un nouveau monde. La décentralisation n’a jamais eu autant d’importance… pour reconstruire une société conforme à la nécessité d’une planète totalement folle. Même depuis ma fenêtre je le vois !
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Et tout ce beau monde qui s’estime être rafarinesquement la France d’en haut aura tôt fait d’oublier toute cette mobilisation, ces dévouements, ces compétences, comme il est en train d’organiser la manière de rouler dans la farine, en proclamant de creuses promesses, les personnels médicaux , qui sont encore des héros (mais pour combien de temps, avant qu’ils ne se fassent matraquer ou gazer s’ils la « ramènent » trop ?) .
D’ailleurs on sait bien ce que certains hommes politiques pensent des promesse et des beaux discours qu’ils récitent. Mais ce ne sont pas ceux là qui vont au « charbon ».
Ne pas oublier que la destruction de l’hôpital public est toujours une priorité pour nos très chers(au sens pécuniaire du terme) dirigeants européens.
Je suis bien d’accord sur l’efficacité du réseau maire – département. et même si les masques tant annoncés sont enfin arrivés.
Les fantassins de cette guerre sanitaire ont bien été les élus de terrains que sont les maires et leurs conseillers municipaux : sur le champ social auprès des plus démunis et des personnes âgées, aux ordres de l’éducation nationale mais sans ravitaillement, dans les tranchées de la débrouillardise, etc…Où était l’état , sur les plateaux télé ? Où était l’intercommunalité , sous les parapluies ?
je suis désespérée de ce qui se passe actuellement en France et en Europe.
comment voulez vous être heureux ?
Je n’ai plus confiance en ceux qui nous dirigent, et je ne pense pas être la seule.
triste, triste, triste.