Il est parfois très difficile de réaliser qu’un lendemain puisqu’il ne chante pas sera forcément silencieux puisque la page de l’agenda est blanche de tout moment de rencontre forcée. Les vacances il paraît que c’est une période durant laquelle on oublie les contraintes que le reste de l’année on se cherche, que l’on s’applique et que l’on peste de retrouver. Alors brutalement on éprouve une sensation bizarre de vide. Impossible de se débarrasser des repères habituels. Il n’y a qu’une solution: choisir la paresse !
La musique du radio-réveil restera à la même heure comme s’il fallait une désintoxication lente et il n’est pas encore certain que la chaleur aidant le rendez-vous avec le soleil ne soit pas exactement celui des semaines antérieures. Malheureusement à partir de ce moment tant espéré les jours où on dort il faut se lever on a envie de dormir et ceux où l’on voudrait engraisser la matinée il faudra y renoncer !
Il y a en effet une certaine jubilation à retrouver un horaire habituel contraint et de le meubler par la simple envie de ne rien faire. On se moque alors des minutes contraintes, pesantes où on se demande sempiternellement si l’on sera à l’heure, si on trouvera le moyen de se faufiler dans d’interminables files d’automobiles dont les conducteurs.trices font grise mine. Le temps gaspillé est véritablement un privilège de riche. Un trésor à ne pas dilapider puisque dès le premier jour de vacances on sait déjà qu’elles auront une fin ! Et l’échéance supposée lointaine va aller en se rapprochant dangereusement.
Rapidement une sorte de culpabilité envahit donc celui ou celle qui a la foutue prétention d’être indispensable à la vie collective. « Ne serais-je point un paresseux, un fainéant ? » : ces questions remontent inévitablement avant d’être chassée comme totalement absurdes. Ne pas rendre totalement les heures utiles pour soi ou pour les autres, procure une impression inconfortable. Oui on peut traîner. On peut refuser le diktat de l’horaire. On a le droit de ne plus vouloir tout faire !
Le temps ne passe plus vraiment sur le même rythme et le simple fait de ne pas l’avoir à dévorer mais à déguster devient un plaisir qui va disparaître au fil des jours. En fait seul le matin qui succède à l’entrée en vacances offre ce privilège car rapidement des « occupations » ne manqueront pas d’apparaître. Alors autant lui demander de durer… de s’étirer… de patienter !
Posséder du temps à dilapider pour des futilités ou simplement pour prendre conscience que l’on respire, que l’on bouge, que l’on choisit, que l’on vit un tant soit peu plus libre qu’à l’habitude, va à l’encontre de bien des principes estivaux actuels. Il faut des vacances actives. Il faut des vacances dynamiques. Il faut des vacances racontables. Il faut du sport, de la culture, de l’animation. La chaise longue en toile appartient vraiment aux objets du passé. Un fauteuil moelleux entre dans le musée des objets ringards. Vouloir simplement rien faire parait suspect aux yeux d’une société en agitation permanente pour se donner bonne conscience et se rassurer. D’où l’angoisse de l’inaction.
Un film transpire le bonheur de l’inaction oubliée : Alexandre le bienheureux ! Les vacances réussies devraient s’en inspirer tellement la philosophie qu’il porte donne du sens à la paresse assumée. On a le droit de refuser de voir dans ce comportement une défaillance de la volonté. Bien au contraire l’actif impénitent devra déployer une sacrée force mentale pour assumer son désintérêt pour l’action.
Le bonheur est parfois justement dans le lâcher prise… qui est plus difficile que l’on croit à mettre en œuvre. « Bouge pas comme ça, tu me fatigues », lance Alexandre à son chien. « Toi aussi, faut que tu remues, que tu cavales, mais qu’est-ce qu’ils ont tous ? On a le temps. Faut prendre son temps. Faut prendre le temps de prendre son temps. » ajoute-t-il ! Jamais ce monologue d’avant 1968 n’a eu autant de valeurs, de bonheurs éphémères pour un été réussi !
La paresse estivale dérange quand elle n’est pas considérée comme une tare. Elle serait mère de tous les vices quand elle n’est pas lucidement assumée. Travailler c’est bien, fainéanter c’est mal. Aucune pitié pour la morale. Ne rechignez pas ! Mettez vous de suite au travail pour abandonner vos scrupules et plongez dans la paresse avec la délectation qui sied à cet acte démontrant que vous n’avez vraiment pas peur de devenir inutile. Vous verrez que ça fait le plus grand bien.
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Benjamin Franklin disait que le temps c’est de l’argent.
« Ah qu’il est doux de ne rien faire quand tout s’agite autour de vous. »
Citation d’un librettiste Jules Barbier, quelque peu tombé dans l’oubli.
« Le vin et la paresse, se partagent mon cœur »
Ça c’est l’immortel Figaro, qui prétend d’ailleurs, qu’en réalité, au lieu de se partager son cœur, vin et paresse y règnent en maîtres…
La paresse ne manque pas d’auteurs pour la célébrer, un des plus connus étant « le Droit à la Paresse », de Paul Lafargue (1880).
Et enfin l’hymne fameux d’Henri Salvador : « Le travail c’est la santé….