En été le sport favori reste bel et bien l’arrosage ! Il faut à la fois de l’endurance, de la technique et une efficacité pour espérer atteindre le but : améliorer les performances d’une année sur l’autre. Le premier choix dans cette discipline reste le moment où on la pratique. Il existe deux écoles : celle du soir tard et celle du matin de bonne heure ! Et durant la période estivale il est aussi mal aisée de se fixer sur un créneau horaire plutôt que l’autre. Les objectifs sont cependant bien différents dans un cas ou dans l’autre : il y a arrosage et arrosage ! Le premier consiste alors que le soleil n’a pas encore fait ses ravages sur le jardin à donner à boire aux plantes ou aux fleurs de votre propriété ou, cas plus grave, à celles que l’ont vous a confiées. Le second a un but humanitaire affirmée puisqu’il se propose de rincer la dalle à quelques amis en une circonstance particulière que l’on nomme parfois « garden-party ». Si le procédé est le même (user du liquide) on n’arrive pas nécessairement au même résultat !
L’arrosage matinal permet à terme aux bénéficiaires de la prestation de se requinquer, de se développer, de s’épanouir. L’arroseur a souvent des consignes précises car il peut s’il traîne un peu faire plus de mal que de bien. L’eau de vie renforcée par un ajout dopant se conjugue mal avec la chaleur excessive ! Elle condamne quelques fois les « arrosés » qui supportent mal le soleil et qui tournent facilement de la feuille. Les prévoyants fortunés ont installé l’arrosage automatique programmé. Ce système sophistiqué évite en temps ordinaire de se lever dès potron-minet et en cas d’absence qui garantit les ressources nécessaires pour une pelouse susceptible de bronzer plus vite que ses propriétaires. La rosée ne lui suffit pas même si elle, comme bien d’autres adorent ces perles vivifiantes et fraîches.
Pour d’autres « arroseurs » c’est souvent une phrase magique au moment du départ qui règle tout « : « Tiens voici la clé, tu arroseras mes fleurs, tu te ramasseras les haricots verts et tu donneras à manger au chat ! ». Ce sont les consignes les plus répandues en juillet et août. Elles ne sont respectées que si celle ou celui qui les reçoit a conscience de l’enjeu affectif. D’ailleurs souvent le donneur d’ordres téléphone en demandant vite des nouvelles des souffrances du jardin et de la déprime du félin abandonné ! Il existe aussi des « abandons » de patrimoine végétal ou d’animaux dont la compagnie n’est plus amusante car les vacances sont prioritaires sur toute considération affective ! Tous les spécialistes vous le diront seul l’arrosage matinal est recommandé !
Or l’autre type ne se pratique quasiment jamais à l’aube ! En fait en cette période de la journée les adeptes de l’arrosage de soirée ne sont pas parfois plus en état d’officier. Ils ont attaqué à la nuit tombée en compagnie des plus jolies « plantes » qu’ils ont pu rencontrer et ils vont vraiment poursuivre leur « boulot » toute la nuit. Cet arrosage appelé parfois pince-fesses ou apéro dînatoire se pratique sur une terrasse ou justement dans un parc parfaitement entretenu et arrosé ! Plus de robinets à la barrique mais de nouveaux dispositifs du genre « B box » ou « cubi » autorisent une dangereuse forme individuelle de dosage. Inutile de penser à des produits dénués de dangerosité. On s’arrange d’ailleurs pour masquer les liquides que souvent quelqu’un de proche vous interdit. Quand on « arrose » un événement heureux on ne regarde pas trop à la quantité et surtout on se montre généreux. Il existe d’ailleurs des petits malins capables de vous donner
Impossible pour l’arrosé encore présent sur le pré au lever du jour de déguster encore quelques godets de rosé. Il fuit le plus vite possible car il sait que là encore que le soleil va singulièrement le ratatiner s’il ne se cache pas sous la couette. Les belles « plantes » du soir sont elles-aussi vite fanées surtout si elles ont bénéficié d’un arrosage inconsidéré. On constate souvent que c’est quand l’heure est venue de repartir cultiver son jardin que l’on a l’entraînement nécessaire pour supporter l’intense boulot de leveur de coudes institutionnel ou spontané.
Dans le Sud-Ouest de la France à Bayonne, Dax, Mont-de-Marsan et dans de nombreuses autres villes on organise même de gigantesques apprentissages d’arrosages intensifs. Et ce ne sont pas des salons du jardinage mais ce que l’on appelle les fêtes ! Il y a une seule certitude : on n’y distribue pas que de l’eau pour le plus grand plaisir de celles et ceux qui viennent uniquement pour picoler. Il arrive donc parfois en été que des gens négligent leurs plates-bandes ou leurs jardinières pour se préoccuper seulement de leur propre besoin en liquide nutritif. En général le lendemain matin ils sont « cramés » ou passablement flétris !
Jean-Marie Darmian
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