Le lancement du débat au Sénat sur la refondation de l’école avait quelque chose de surréaliste et il eût été intéressant que bon nombre des exterminateurs de la gauche assistent au spectacle pitoyable donné par une Droite absente et en plus incapable d’avancer la moindre contre proposition. Un grand vide meublé par des interventions d’une autre époque et bien loin des enjeux réels de la place de l’éducation dans notre société. Mais comme il se doit, les gens concernés ne retiendront que les insuffisances des propositions du gouvernement pour accélérer son discrédit. Aux côtés de Vincent Peillon, forte de dizaines et dizaines d’heures d’audition, de rapports, de commissions, la rapporteure du texte, la sénatrice girondine Françoise Cartron. De très longues années passées comme enseignante ou comme directrice d’école maternelle sur la ZUP de Génicart à Lormont lui ont forgé en matière d’éducation quelques certitudes nées de constats de terrain. Bombardée de plus de 500 amendements, aussi personnels qu’inutiles (chacun veut laisser une trace particulière sur ce texte), elle a réussi à faire voter un projet de loi cohérent en commission, à l’unanimité des sénatrices et sénateurs de gauche, ce qui par les temps qui courent est remarquable dans la docte assemblée. Il est vrai que les femmes, nombreuses quand on parle de l’intérêt des enfants, ont beaucoup encouragé et soutenu leur collègue. Le ministre lui-même, en cachette de son cabinet (c’est un comble !), n’a pas lésiné sur ses encouragements. Il a fallu un grand coup de balai pour se débarrasser des scories d’une vision étriquée de cette école publique démantelée depuis 10 ans et même, selon l’ineffable Serge Dassault depuis…. « Giscard d’Estaing et son foutu collège unique ».
Solide sur les valeurs, incontournable sur les principes, Françoise Cartron a résisté à « l’obligation pour les professeurs des collèges d’emmener leurs élèves à lé cérémonie du 11 novembre », à « l’autorisation obligatoire des parents pour l’apprentissage des langues régionales …optionnelles » en passant, comme le souhaitait le planeur avionneur par « le rétablissement du certificat d’études primaires »… Les enjeux sont tout autres dans un pays où on a mis en dix ans des « pansements sur le système meurtri et blessé » (dixit Assouline). La hauteur de vue n’a pas dépassé celle de l’herbe dans les cours d’école. Les interventions des représentants de la Droite pissaient l’eau tiède avec comme illustration de son ambition novatrice, celle de Serge Dassault, préparée par un article du Figaro reprenant le matin les extraits à charge d’un rapport de la Cour des Comptes. Encore une fois, il y des hasards qui ne résistent pas à l’analyse.
Dans un discours de nonagénaire dégénérescent, « l’héritier » a sorti dans le brouhaha et les quolibets, en 7 minutes, les propositions UMP pour une école nouvelle. D’abord suppression de l’entrée en maternelle, car les femmes peuvent garder les enfants chez elles et ça concurrence les crèches… Ensuite, le rétablissement de ce viatique pour la réussite que constitue pour cet homme moderne proche de Fillon et Coppé, le certificat d’études primaires. Ensuite, une orientation supprimée puisque le collège unique est supprimé et réservé à celles et ceux qui ne seront ni « bouchers, ni fleuristes, ni cuisiniers » (à remarquer que les tourneurs, les ajusteurs, les électriciens, les chaudronniers…ne sont pas dans cette liste car eux sont utiles chez Dassault). Enfin, la formation des maîtres : inutile, chère et mal faite. Et toute cette rafale (excusez moi !) ponctuée par un leitmotiv : « nous n’avons plus les moyens d’une politique scolaire comme celle qui est affichée ! Bien évidemment, on expédie tout le monde en apprentissage de gré ou de force et tout ira mieux !
Pas une seule allusion dans les propos UMP (et même centristes) sur l’enfant, mais des diatribes sur les conséquences budgétaires (3 %) qui vont réveiller la colère européenne et qui, de toutes les manières, sont hors de portée de la France actuelle. Les 80 000 postes supprimés n’étaient en fait qu’une entrée en matière pour le sarkozisme bon teint.
Cette heure et demie passée dans les rangs du public atteste des difficultés actuelles du gouvernement : aucune proposition en face, et des propos sommaires transformés en arguments chocs, repris par des médias complaisants. Une certitude : les mandats électifs devraient avoir une limite d’âge, avec un certificat d’aptitude politique à faire passer aux vieillards cacochymes désignés pour porter les idées d’un parti ! Et dire que Françoise Cartron a encore devant elle des dizaines d’heures de « débats » tournant autour de deux axiomes : Sarkozy avait toujours raison, et l’école publique n’a pas à se plaindre car elle en a déjà beaucoup trop ! A lire demain dans Le Figaro !
En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Dassault à l’image de son parti l’UMP est poussièreux,conservateur, pas adapté au XXI°siècle et primaire…sans compter le conflit d’intérêt qu’il représente : dirigent industriel et député ! vivement que ce vieux dinosaure clientéliste disparaisse . (voir les élections municiaples de Corbeil-Essonne). Qu’apporte-t-il au pays ? Rien, il cherche seulement à gaver les ventres de leur propre classe sociale.
Pourquoi voulez-vous que nos gosses apprennent quoi que ce soit quand tout le monde sait maintenant que le travail ne paie pas ?!
Au bout d’un moment, la description que vous faites monsieur, description malheureusement réaliste je n’en doute pas une seconde, du mode de fonctionnement des instances de la République est totalement démoralisante.
L’impression d’assister aux ébats houleux et idiots d’une bande de sales gosses un jour de pluie sous le préau de l’école primaire…
Quand la bêtise, la médisance, la mauvaise foi et la violence qui en découle règnent en maitres.
La seule bonne nouvelle est celle-ci:
nos élus, celles et ceux que je croyais à l’abri des incohérences que doivent subir les pauvres que nous sommes face à une administration froide et autoritaire, ont apparemment aussi les pires difficultés à construire quelque chose d’un peu humain.
Bonne nouvelle relative (!) mais qui ouvre une voie vers le coeur, je sais enfin que la merde où sont tant et tant de nos concitoyens est partagée jusqu’aux plus haute sphères.
Alors, quand plus rien ne fonctionne ni en bas, ni en haut, du simple matelot au capitaine, en passant par le bosco et le mécanicien de bord, et que le bateau tourne en rond au large, au risque de dépenser tout le gasoil et toute l’eau douce, le mieux à faire est de se poser une question vitale: pourquoi ?
Et bien voici la seule et unique réponse
-si la masse monétaire est en forte augmentation, il y a risque de hausse des prix car les agents peuvent acheter plus.
-si la masse monétaire augmente peu, il y a ralentissement des échanges car les agents achètent moins donc risque de baisse de production et aggravation du chômage.
Conclusion, en supprimant les agents, c’est à dire la possibilité « d’acheter » de l’argent, et en ne conservant que les échanges de biens de productions, la masse monétaire n’aurait d’autre incidence que de justifier une valeur d’échange.
Ce qui ne résoudrai pas de suite la situation des travailleurs esclaves, mais aurait au moins pour avantage de justifier avec plus de cohérence et d’évidence les fortunes mal acquises.
Pour mémoire, les matelots sur les bateaux de pêche traditionnelle, sont payés « à la part » et ont de ce fait un accès libre à la comptabilité du bateau.
Ce qui, pris en exemple, serait le règne d’une nouvelle aventure ou Liberté, Egalité, Fraternité aurait comme traduction en espoir réaliste et humain Liberté Equité Fraternité.
Sur un bateau, au large, monsieur, « l’agent » perturbateur aurait déjà nourri les crabes…
Ou au moins nous foutrait la paix, relégué à fond de cale, dans la glace avec le poisson mort.
Quand-est-ce qu’une fois pour toutes nos élus de la République auront enfin les couilles d’interdire tout simplement d’acheter et de vendre de l’argent ?
Puisqu’il faut faire des économies, que ne supprime -t-on les subventions et avantages divers et exorbitants, octroyés avec largesse et sans souci d’économie et surtout de justice, à l’enseignement confessionnel et au détriment de l’enseignement public ?
Faire donner un enseignement religieux (si tant est que l’on puisse donner le nom d’enseignement à une entreprise de bourrage de crâne, souvent hostile aux Lumières et propice à la prolifération de toutes sortes de dérives plus ou moins sectaires) à ses enfants, la République ne l’interdit pas, mais il n’est dit nulle part qu’elle soit tenue de le financer aux frais des contribuables,
Bonjour !
@ J.J,
L’enseignement public a, comme mission première, de transmettre la langue française avec cette beauté parlée et orthographiée que d’autres langues nous envient: seriez-vous ancien élève d’un … autre enseignement qui vous accorde ce » faire donner un enseignement religieux » dissonant ? ?
Cordialement.
Bonjour
@ François
Les deux mon général….
J’ai donc pu juger sur pièces.
Cordialement